Millonarios et le Deportes Tolima ont fait un grand pas vers une qualification en demi-finale. L’Atlético Nacional devra cravacher après sa défaite. Rien n’est fait entre Junior et Santa Fe.

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Le Pascual Guerrero en travaux, c’est en plein milieu d’après-midi que l’América a reçu Millonarios. Après la défaite inaugurale en Libertadores, et les critiques qui en ont découlé, on attendait la composition de Juan Cruz Real. Pablo Ortiz replacé dans l’axe, c’est Héctor Quiñones qui était aligné à gauche, son poste naturel. Devant, pas de faux-neuf mais Diber Cambindo. Critiques entendues, mais sans véritable effet, puisque c’est bien le club embajador qui a dominé le premier acte. Arrango nous a offert un bien joli extérieur pour lancer Uribe qui a ouvert le score au quart d’heure de jeu. Meilleur élément de l’América ce semestre, Graterol a réalisé une nouvelle parade salvatrice pour éviter à son équipe de rentrer avec deux buts de retard à la pause. Sans solution, sans idée, Juan Cruz Real a tout changé au retour des vestiaires. Out Diber Cambindo pour Aldair Rodríguez. Le Péruvien, retenu dans la pré-liste très élargie pour la Copa América, n’a pas beaucoup plus brillé. Fébrile au milieu, l’entrée du capitaine Luis Paz a apporté un peu plus stabilité, mais c’est surtout l’entrée de Yesus Cabrera qui a été déterminante. C’est lui qui est venu rapidement remettre les deux équipes à égalité ; c’est lui aussi qui aurait pu donner l’avantage à son équipe mais sa frappe s’est écrasée contre la barre. Plus haché, le match est parti en vrille à vingt minutes de la fin. Sur un ballon anodin, le même Yesus Cabrera a mis un coup de genou aussi violent que stupide dans le dos de Juan Pablo Vargas. Le défenseur central ne s’est pas relevé, le club parle de six semaines d’absence minimum. Rouge direct et sanction immédiate ou presque, puisque trois minutes plus tard, la tête d’Arrango a redonné l’avantage à Millonarios. Sous tension, la fin de match a été très tendue avec notamment une grosse bagarre générale et un coup de tête stupide d’Emerson Rodríguez qui lui a aussi valu un rouge. Cette défaite et celle face à l’Atlético Mineiro en milieu de semaine ont coûté sa place à Juan Cruz Real. L’América devrait se tourner vers Juan Carlos Osorio. S’il n’arrivait pas avant le match retour, en cas d’exploit, il pourrait terminer la saison. Au pire, il devrait vraisemblablement être l’attraction du deuxième semestre. Si la défaite n’a rien d’insurmontable, une nouvelle est venue donner un peu plus d’espoir aux supporters de l’América. Alors que la Colombie traverse son pire moment depuis le début de la pandémie, la mairie de Bogotá a refusé de prêter ses stades jusqu’au 9 mai. À la recherche d’une ville pouvant accueillir la rencontre, c’est la ville d’Ibagué qui a été sélectionnée, supprimant donc l’altitude toujours très difficile à vivre, surtout en début d’après-midi, heure à laquelle le match était prévu. Sans Emerson et sans Vargas, Gamero va donc devoir sortir des nouvelles cartes de son chapeau. Si Jader Valencia, voire Juan Camilo Salazar pourrait prendre la place du premier, difficile de savoir ce que va préparer l’ancien entraineur du Deportes Tolima. Si Millonarios est en bonne position, il faudra terminer le travail et ne pas se relâcher. Les dix dernières minutes de l’América sur la pelouse du Mineirão devraient l’inciter à la prudence.

Dans l’autre rencontre de cette partie de tableau avantage Junior. Le club de Barranquilla a été bien plus inspiré qu’il ne l’avait été en Libertadores. Critiqué, comme Sambueza, depuis son arrivée en 2019, Cariaco González a ouvert le score à la demi-heure. Déjà largement dominateurs, les joueurs de Junior ont accéléré au retour des vestiaires et un doublé de Miguel Borja a donné un peu plus d’ampleur au score, bien aidé par une défense anormalement apathique. Mais Junior reste Junior. Avec trois buts d’avance les joueurs d’Amaranto Perea se sont complètement éteints et en moins de Santa Fe a réduit l’écart et Marlon Piedrahita a vu rouge. Si les deux buts d’avance avant le retour sont un matelas confortable, surtout que le retour n’aura pas lieu à Bogotá, il faudra être sérieux et ne pas se faire surprendre par une équipe qui, si elle a perdu contre Fluminense s’est surtout une nouvelle fois manqué à la finition. Pour Santa Fe, le chiffre inquiétant est que sur les cinq derniers matches, à chaque fois les Cardenales ont encaissé au moins un but. Harold Rivera peine à trouver les solutions et Diego Valdés, une solution possible sur ce retour, s’est à nouveau blessé, ce qui interroge clairement sur le corps médical ou sur les habitudes du joueur hors terrain.

L’équipe qui a fait certainement le pas le plus important vers le dernier carré est le Deportes Tolima. Le club d’Ibagué avait mis un trois-zéro au Deportivo Cali en Sudamericana, même tarif en championnat avec une victoire arrachée dans les dix dernières minutes avec deux buts coup sur coup, dont un exceptionnel de Jaminton Campaz. L’équipe vinotinto avait pris l’avantage juste avant la pause et n’a finalement jamais été inquiété par son adversaire. En manque de confiance devant le but, Tolima semble avoir retrouvé la confiance et s’est montré intraitable. De son côté, le Deportivo Cali inquiète. Sans match continental, on attendait au moins une équipe au même niveau physique que son adversaire qui revenait d’un match au Brésil. Il n’en a rien été tant elle fut battue dans tous les secteurs du jeu, et réduite à dix à vingt minutes de la fin. Il faudra un miracle pour sauver le semestre. Alfredo Arias ne trouve pas les solutions. Perdue, cette équipe s’est écroulée petit à petit après un début de saison pourtant plus qu’intéressant. Si quelques individualités surnagent, John Vásquez sur son côté qui apporte de la vivacité ou Gastón Rodríguez, l’ancien de Peñarol, au cœur du jeu et qui est le principal danger de son équipe, c’est collectivement que les joueurs d’Arias ont perdu le fil. Comme son voisin, il est fort probable que le club azucarero commence un nouveau cycle pour le second semestre.

Enfin, dans le dernier match, La Equidad a réussi à faire totalement déjouer l’Atlético Nacional. Disputé dans une ambiance particulière, pour ne pas dire irresponsable, avec de nombreux supporters rassemblés aux abords du stade et, qui se sont fait entendre, ce match n’a pas été le plus spectaculaire du week-end. Mais qu’importe pour les hommes d’Alexis García. Habituelle machine à marquer, l’Atlético Nacional n’a pas cadré la moindre frappe sur ce match. Deux occasions en première période, dont une énorme d’Alex Castro, puis rien après la pause. Un modèle de domination stérile avec plus de 60% de possession. En difficulté en début de match, La Equidad a laissé passer l’orage. Dangereux en fin de première période, ils l’ont été beaucoup plus après la pause. Daniel Mantilla, son meilleur passeur s’est arraché et a trouvé Hansel Zapata. Le joueur passé par Millonarios a pu terminer de près face à un Aldair Quintana impuissant. Revigorés, ils auraient même pu doubler la mise dans les derniers instants. Loin d’être cité dans les favoris, La Equidad a donc montré que c’était beaucoup plus qu’un faire-valoir. En ballottage favorable, La Equidad aura aussi l’avantage de ne pas avoir traversé tout le continent en milieu de semaine comme son adversaire.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée