Week-end sous haute tension en Colombie avec d’importantes manifestations notamment contre une réforme gouvernementale alors que le pays traverse son pire moment depuis la pandémie, presque 450 décès par jour en moyenne sur la dernière semaine. Malgré ça, on a joué au foot …

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« Le football est une fête et l’Amérique du Sud n’a absolument rien à célébrer en ce moment ». Cette phrase de la journaliste colombienne Carolina Castellanos et a été prononcée ce dimanche pourrait tout à fait être adaptée à la fin de semaine où le match le plus important était bien loin des pelouses. La Colombie n’avait rien à célébrer et pourtant personne n’a pris la décision de reporter cette journée. Personne sauf le maire de Palmira, ville où se situe le stade du Deportivo Cali, qui avec les membres du comité local de football, ont pris la sage décision de reporter ce match d’une semaine. Impossible au moment où on écrit ses lignes de savoir si le match pourra vraiment avoir lieu au vu de la terrible situation sociale

Puisqu’il y avait du football, parlons-en. Millonarios « recevait » l’América à Ibagué avec un avantage d’un but et dans des conditions bien loin de celles de la capitale. On attendait donc une équipe escarlata entreprenante, on l’a eu à peine une période. Parti fort, avec notamment une parade salvatrice de Vargas, le club de Cali a progressivement baissé le pied. Il y a bien eu une autre grosse occasion avec une frappe de Santiago Moreno qui est passée juste à côté, mais c’était trop peu. Pire après la pause, l’América a eu toutes les peines du monde à apporter le danger. Il y a bien eu cette action litigieuse dans la surface qui a énormément fait parler, une intervention limite d’Elvis Perlaza à la dernière seconde du temps additionnel, mais Wilmar Roldán n’a pas sifflé et n’a pas été appelé par le VAR, mais c’était loin d’être suffisant. Sans trembler, Alberto Gamero et ses joueurs réussissent donc leur pari et se sont offerts le droit de jouer une demi-finale. Sacrée performance quand on sait que les tauliers Juan Pablo Vargas et David Macalister Silva n’étaient pas là. La saison du club embajador apparait déjà réussie.

Face à Millonarios on retrouvera une équipe de Junior qui elle non plus n’a pas beaucoup tremblé. Santa Fe devait marquer deux fois, a eu quelques occasions surtout dans le premier acte, mais comme l’América, cette équipe a plongé après la pause. On l’a écrit, on l’écrit et on va encore l’écrire, tant que cette équipe n’aura pas de véritable avant-centre avec une capacité de finition, elle ne pourra rien espérer de mieux que faire quelques coups en championnat. À l’économie, Junior n’a pas forcé pour passer dans le dernier carré et avec un Miguel Borja plus chirurgical il se serait même imposé. Collectivement, cette équipe monte en puissance et elle semble bien mieux armée que son adversaire pour se hisser en finale.

Enfin, match totalement fou entre l’Atlético Nacional et La Equidad. Un scénario palpitant, un orage monstre, sans aucun doute le match du week-end. Le troisième club de Bogotá a montré qu’il était bien plus que la victime que tout le monde annonçait et a surtout fait preuve d’une grande force mentale. Cristian Bonilla a fait l’arrêt qu’il fallait au début de la deuxième période en repoussant le pénalty d’Andrade. Dans la foulée et seul dans la surface Mahecha a ouvert le score. Dos au mur, l’Atlético Nacional a marqué deux fois en cinq minutes, grâce à Andrade, qui s’est rattrapé de son pénalty manqué, et Perlaza, À égalité sur l’ensemble des deux matches, La Equidad n’a pas sombré. Mieux, déjà très friable en milieu de semaine en Libertadores, la défense de l’Atlético Nacional a encore craqué. Et bêtement. Sur un ballon anodin Mosquera a bloqué la course de Mantilla dans la surface. Pénalty transformé par le meilleur buteur du club, Diego Herazo. Les joueurs d’Alexis García ont tenu les dix dernières minutes et se sont donc offerts le droit d’aller disputer la demi-finale. Et le moins que l’on puisse dire est que cette qualification est loin d’être usurpée. Difficile maintenant de ne pas en faire un sérieux candidat au titre …

Une fin de championnat qui semble de plus en plus incertaine alors que trois clubs colombiens ont vu leur match de compétition continentale déplacée au Paraguay. Cali a vécu une semaine dramatique avec des scènes insoutenables. Des manifestations sont prévues cette semaine et la situation semble se tendre. Déjà décalé d’une semaine, le championnat vivrait un nouveau coup d’arrêt si le match de samedi ne pouvait pas avoir lieu. À noter que les supporters de Santa Fe et de Junior ont publiquement demandé le report de leur rencontre de Libertadores.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée