Après plusieurs semaines d’arrêt en raison de la situation sociale, le championnat a repris et on connaît l’affiche de la finale : Millonarios affrontera le Deportes Tolima.

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Sans Teó, proche de la sortie à Junior, ni Borja, retenu en sélection, c’est Carmelo Valencia qui était aligné en pointe de l’attaque tiburón. L’expérimenté buteur a profité du match aller pour s’offrir un doublé : d’abord à l’affut sur un centre de Gabriel Fuentes dans les dix premières minutes, il a ensuite donné l’avantage à son équipe à cinq minutes de la pause dans un copier-coller du premier but avec cette fois Willer Ditta dans le rôle du passeur. Dans la foulée, Fabián Sambueza a assommé encore un peu plus le club de la capitale sur une tête lobée imparable. Diminué par des cas de COVID-19 et par la suspension d’Emerson Rodríguez, Millos avait profité des largesses de la défense de Junior pour égaliser grâce à son buteur Fernando Uribe. Certainement bougés à la pause par leur coach, les joueurs de Gamero ont montré un tout autre visage au retour des vestiaires. Rapidement Arango a réduit l’écart. Plus haut et moins en danger, Millos aurait pu se faire surprendre sur corner, mais la frappe d’Homer Martínez est venue s’écraser sur le poteau. Mais la dernière occasion a été pour le club embajador et Ricardo Márquez. L’ancien attaquant de l’Unión Magdalena s’est retrouvé seul face à Viera mais n’a pas accroché le cadre. Ces deux hommes sont illustrés lors du retour d’une bien triste manière

En début d’après-midi, Copa América oblige, et trois jours après l’aller ces deux équipes se retrouvaient pour un retour qui s’annonçait indécis. Le suspense n’a duré que dix minutes à peine. Si Carmelo Valencia s’est offert un doublé à l’aller, Fernando Uribe lui a répondu au retour. Auteur d’une main grossière Willer Ditta a offert un pénalty d’entrée. Puis, pas attaqué, Omar Bertel a pu déposer une galette qui n’a pas été gâchée par l’ancien attaquant du Flamengo. Totalement dominateur Millonarios a vu son match s’arrêter précipitamment. À mi-chemin dans cette première période Jorge Tabares et ses assistants VAR ont décidé de tuer le match. Sur une faute presque insignifiante, les arbitres ont longuement analysé la position de Carmelo Valencia et ont décidé que l’attaquant de Junior partait seul au but, ce qui n’est pas évident avec les images, et ont ainsi expulsé Breinner Paz, le défenseur de Millos appelé en renfort pour remplacer Llinás positif à la COVID-19 peu avant le match. Logiquement la fin de match n’a débouché sur rien entre une équipe qui a cherché à défendre son avantage et une autre qui n’a pas eu les ressources pour faire mieux que rendre une pâle copie. Avant une fin de match absolument honteuse. Pourrie depuis l’exclusion en première période la fin de match s’est déroulé dans une ambiance délétère. Au coup de sifflet final Ricardo Márquez est allé provoquer le banc de Junior. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une bagarre générale qui s’est poursuivie dans le couloir, voire même dans les vestiaires. Márquez a pris trois matches. En train de s’échauffer, Felipe Banguero, qui avait participé à la montée en température pendant le match, a pris deux matches. Les deux joueurs ne joueront donc pas la finale. Côté Junior, Didier Moreno a pris six matches, Sebastián Viera en a pris trois. Voilà pour les principaux protagonistes.

Dans l’autre demi-finale, Tolima a créé la surprise. Passé par la petite porte en quarts, défaite 2-0 sur la pelouse du Deportivo Cali après sa victoire 3-0 à l’aller, le Deportes Tolima recevait La Equidad pour un match entre les deux représentants colombiens éliminés en phase de groupes de la Sudamericana. Rapidement devant grâce à un but d’Orozco à l’affut après un lob de Caceido renvoyé par la transversale. La seule occasion du club d’Ibagué. Sans son entraîneur, positif à la COVID-19 après avoir commenté le match de la sélection colombienne en toussant, La Equidad n’a pas sombré pour autant. Bien plus entreprenants que leur adversaire, ils ont égalisé avant la pause sur une tête imparable de Mahecha. Après la pause, ce sont eux aussi qui ont largement dominé les débats et ont été les plus dangereux. Auteur de deux parades salvatrices Álvaro Montero a évité la défaite à son équipe. Sans Jaminton Campaz appelé en sélection pour disputer la Copa América et comme Borja non laissé à disposition de son club pour jouer le match aller Tolima a eu toutes les peines du monde à créer du danger devant. Encore moins quand il a été réduit à dix à vingt-cinq minutes de la fin et l’expulsion du jeune latéral droit Leider Riascos qui est sorti en larmes du terrain.

La Equidad apparaissait comme le grand favori et avait toutes les cartes en main pour s’imposer au retour. Ce retour, le gardien du troisième club de Bogotá, Cristian Bonilla l’a offert. Très mal placé il s’est laissé surprendre sur un tir d’Andrey Estupiñán au quart d’heure de jeu. Dès le retour des vestiaires, il a fait une faute grossière dans la surface et a permis à Sergio Mosquera de donner un avantage définitif à son équipe. Même la réduction de l’écart de Diego Herazo n’a rien changé. Trois ans après son dernier titre, le club d’Ibagué aura donc l’occasion de mettre une troisième étoile sur son écusson. Non sans difficulté. Réunis à l’hôtel hier, les joueurs ont tout simplement quitté le rassemblement avant le déjeuner. L’image des joueurs demandant un taxi a bien circulé au pays. En cause un désaccord avec les dirigeants sur le montant des primes. Si tout semble rentrer dans l’ordre, pas l’idéal dans une finale qui s’annonce plus qu’indécise.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée