Pour la deuxième Copa América sur le sol Américain, les USA et l’Uruguay se rencontraient à l’Arrowhead Stadium de Kansas City, le stade habituel des champions NFL 2024, les Kansas City Chiefs. LO vous amène dans les coulisses du troisième match de groupes des Stars and Stripes et de la Celeste.

Troisième match de notre périple, cette fois-ci en plein Midwest à Kansas City, Missouri, afin de vous faire vivre USAUruguay depuis le stade. Une affiche entre un représentant de la CONCACAF et de la CONMEBOL. L’ambiance était chaude comme le réclamait avec véhémence Weston McKennie dans la presse.

Avant-match

Kansas City est aussi l’une des plus importantes terres du soccer aux États-Unis qui n’est pas portée par la communauté américano-mexicaine, celle-ci ne représentant que 5% de la population de l’état du Kansas. Cela ne nous empêchait cependant pas de voir des maillots du Tri lors de notre balade en centre-ville. Comment s’explique alors cet amour pour le soccer dans cette région ? Son équipe de MLS, le Sporting KC en est la raison principale et fait désormais partie intégrante de la ville, comme peuvent en témoigner les nombreux matchs à guichets fermés, le stade accueillant une population jeune qui se déplace en masse. Il est impossible de passer à côté de cette passion pour le soccer en témoigne les panneaux publicitaires, le nouveau stade dédié à l’équipe féminine de la ville (le CPKC Stadium), le bar de supporters du Sporting Kansas City et la peinture murale qui clame elle aussi le titre de capitale du soccer aux États-Unis. Les badauds se donnent rendez-vous au Power & Light District, le centre névralgique de la ville en ce qui concerne les bars et restaurants et la vie nocturne, où se dresse un grand écran qui permet de voir gratuitement les matchs de l’EURO 2024 et de la Copa America 2024, ce qui devient de plus en plus rare en France par soucis économique.

Pour se rendre au stade, éloigné de plusieurs kilomètres du centre-ville, nous devrons nous résoudre à utiliser la voiture faute d’alternative. À notre arrivée, nous prenosns part à l’une des traditions américaines des avant-matchs : le tailgate. Une tradition qui veut que l’on amène son barbecue, ses boissons alcoolisées ou non. C’est une sorte de pique-nique, mais à taille américaine. C’est aussi l’occasion de discuter avec des fans de l’équipe américaine désabusés qui iront au stade avec une affiche « Berhalter Out » (Berhalter démission). Après la désillusion de la défaite contre Panamá quelque jours plus tôt. Les joueurs américains se devaient de gagner contre la Celeste pour espérer une qualification en quarts de finale. Le décor était planté, le match s’annonçait tendu.

Le match

Les gradins mettent beaucoup de temps à se remplir pour deux raisons qui sont différentes de Los Angeles. En effet, l’heure du coup d’envoi (20 heures, heure locale) est beaucoup plus favorable au remplissage des tribunes en douceur. Mais le manque de transport en commun reste un large handicap. La mise en place de navettes pour la Coupe du Monde 2026 dans les villes dont le stade est en périphérie du centre serait de grande utilité. La décision de leur mise en place n’a pas encore été tranchée. La deuxième est le prix prohibitif des places : plus de 200 USD pour une place en milieu de tribunes latérale en prévente. Les prix devraient être plus abordable lors de la Coupe du Monde à venir car le système de vente est différent de cette Copa América. Conséquence, le stade accueillait 55 460 personnes sur un maximum de 76 416. Les supportes des Stars and Stripes représentaient la majorité des spectateurs, mais les fans de la Celeste étaient aussi venus en nombre supporter leur équipe, malgré l’éloignement géographique de leur communauté et de leurs pays avec le Midwest. Kansas City est situé quasiment en plein milieu du pays. Il faut trois heures d’avion depuis Los Angeles ou New York et quatre heures depuis Miami (les villes où la communauté uruguayenne est la plus présente).

La première moitié de la première période était à l’avantage des Stars and Stripes, mais c’était une domination stérile basé sur l’intensité que l’on avait trop peu vu de leurs parts sur ce tournoi. Cependant, les USA ne se procurait aucune grosse occasion, car leur jeu était trop direct et trop stéréotypé. Cela se matérialisait par la mauvaise utilisation de Gio Reyna dans le système du sélectionneur en général et plus particulièrement sur ce match.  Le meneur de jeu américain était replacé sur l’aile droite, un poste qu’il a occupé par le passé mais qui n’est pas son poste de prédilection. Il perd donc énormément de son influence sur le jeu. L’autre facteur est la constante recherche de Pulisic dit « Captain America » pour développer le jeu américain, ce qui en revient a donné les clés du jeu à un ailier et espérer le fameux coup de patte qui peut débloquer un match. Le jeu américain est un jeu direct fait de passes courtes. Il était efficace lors de cette première période mais ne comportait que trop d’imprécision dans les trente derniers mètres. Au contraire de l’Uruguay, qui, lorsqu’il accélérait en deuxième partie de première période, se procurait deux grosses occasions assez facilement en utilisant les circuits de passes de son « tecnico » Bielsa. La sortie de Folarin Balogun sur blessure représentait un gros coup de massue sur l’équipe US, le Monégasque, qui effectuait une très belle Copa America jusque-là, devant laisser sa place à Ricardo Pepi. La mi-temps était le grand tourant dans ce match.

Car dès le retour des vestiaires, les Uruguayens imposaient leur jeu, ce qu’il ne faisait pas totalement en première période, certainement choqué par la blessure de Maxi Araújo. Il fallait attendre l’ouverture du score de la Celeste sur coup franc pour voir les Américains tenter le tout pour le tout. En découlaient quelques enchainements intéressants dont Gio Reyna était constamment à l’origine. Cependant, la précision du dernier geste était à déplorer, que ce soit pour Pulisic ou Wright, et la défaite était inéluctable. Cette défaite scellait le destin des Stars and Stripes dans cette Copa America organisée sur son sol. C’est la première fois de l’histoire de cette compétition que le pays organisateur ne sort pas de la phase de groupes. Ce n’est rien autre qu’une humiliation à domicile dans un groupe dans lequel les États-Unis étaient les favoris à la deuxième place.

Après-match

Les fans des Stars and Stripes étaient désabusés après le match et en profitaient pour lancer des chants « Berhalter Out » ce qu’ils auront fait aussi par moment pendant le match. Dans les quarante-huit heures suivant la défaite, les deux plus importants groupes de supporters américains, Barra 76 et les American Outlaws se sont fondu d’un communiqué demandant la démission de Berhalter citant le manque de progrès de l’équipe depuis 2022 alors qu’elle n’a jamais eu autant de joueurs dans les championnats européen. Cette équipe semble manquer de caractère, ce qui était une marque de fabrique des équipes américaine par le passé avec des joueurs comme Clint Dempsey, Landon Donovan, Jermaine Jones, Tim Howard. Gregg Berhalter n’influe pas sur l’équipe de manière efficace sur la tactique ni sur leur préparation mentale. À deux ans de sa Coupe du Monde sur son sol, le comité exécutif de la fédération semble prendre le chemin du changement de sélectionneur. Une décision devrait être prise en milieu de semaine prochaine.

Lors de ce périple, j’ai rencontré « Two Feet Elite », du nom de son compte twitter. Reconnu dans la communauté du soccer pour ses analyses précises du jeu, de la tactique et de la bonne utilisation des statistiques, ce compte réalise également des compilations sur les joueurs américains. Two Feet n’était pas surpris de la contre-performance de cette équipe emmenée par Berhalter. Un personnage controversé aux nombreuses histoires sur et en dehors du terrain. Sur le terrain, il y a bien les victoires sur son rival historique, le Mexique, mais face à un Tri qui est malade depuis quelques années maintenant. Two Feet n’est pas très confiante sur l’avenir de la sélection, surtout si le sélectionneur reste en place, le sélectionneur ne semblant pas capable de faire jouer ensemble un groupe avec des individualités de qualité : volonté de construire de l’arrière alors qu’il n’a pas les joueurs à disposition pour le faire, incapacité à mettre ses meilleurs joueurs dans les meilleures conditions. Autant de raisons qui semblent indiquer la fin de l’histoire de Gregg Berhalter à la tête de Team USA. En ce qui concerne les prochaines échéances, Il y a l’objectif des Jeux Olympiques qui est très important pour une fédération dont l’équipe féminine a obtenu de multiples titres mondiaux et olympique. L’équipe olympique masculine se retrouve dans le groupe de la France et n’a pas eu l’occasion de se qualifier depuis les Jeux de Pékin en 2008 ! Un bel objectif donc pour une belle génération qui pourrait voir certains de ses membres rapidement prétendre à une place á la Coupe du Monde 2026.

 

Par Chris Doublevé, à Kansas City pour Lucarne Opposée

 

Chris Doublevé