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Après une semaine spéciale uruguayenne, LO vous offre un bouquet final : le clásico uruguayo. Le Centenario, le plus vieux clásico du Monde, les deux meilleures hinchadas du pays, récit d'une soirée complètement folle…

Non content d’être le duel opposant les deux meilleures hinchadas du pays, sur le terrain le Nacional et Peñarol sont les deux monstres du football uruguayen, écrasant, parfois un peu trop (mais nous en parlerons très prochainement avec Julio Osaba dans un entretien exclusif, l’ensemble du football local (voir Nacional - Peñarol : le clásico total). Depuis notre arrivée dans la capitale uruguayenne on ressent, et c'est peu dire, l'importance de cette rencontre et tout ce qu'elle représente. Les médias, la radio et les habitants de Montevideo n'ont plus qu'un seul à la bouche : clásico.

Je préfère voir perdre la sélection de l'Uruguay que voir mon club, le Peñarol, perdre face au Nacional

Sur notre chemin qui nous mène au mythique stade Centenario, celui qui a vu naître l’impressionnante vitrine de trophées que possède aujourd'hui le pays (voir Uruguay 1930 : un premier titre pour l'éternité), les bus sont déjà bondés d'hinchas. Les chants résonnent dans les rues d'une capitale qui nous donne l'impression d'être paralysée par l'événement. En route nous croisons Santiago, un hincha du Peñarol qui nous livre son sentiment sur ce match si particulier « Tu sais, personnellement je préfère voir perdre la sélection de l'Uruguay que voir mon club, le Peñarol, perdre face au Nacional. On sait que le titre c'est fini pour cette année mais on veut se consoler avec une victoire aujourd'hui, les joueurs nous le doivent ! ». D'un coup, c'est Pablo, hincha du Nacional, qui vient s'incruster gentiment dans la discussion « On va être champion on en est certains à présent » lance-t-il en chambrant son homologue du Peñarol dans une ambiance cordiale avant d'ajouter « Nous aujourd'hui ce qu'on veut c'est ne surtout pas perdre. Le titre est à nous, si on avait la bonne idée de ne pas perdre pour que cela soit une saison parfaite ce serait l'idéal ». Il est vrai que le Nacional, contrairement au Peñarol de Fossati, effectue une saison parfaite en ayant remporté tous ses matchs sauf un seul à domicile face au Tanque (voir les résumés uruguayens). En continuant de marcher vers le Centenario, les hinchas carboneros arborent fièrement les t-shirts 5-0 faisant référence à la dernière goleada lors du clásico d’avril dernier, les fans du Nacional répondent eux avec des drapeaux 6-0 en se remémorant « el dia del 10 - 0 », celui du clásico de 1941.

Aux abords du Centenario, avec une très forte présence policière, on sent la tension à son comble. Il faut dire qu'en tant qu'habitués des matchs argentins, cela fait plaisir de ressentir cette animosité, sans violence, et de voir des supporters des deux camps pouvoir assister à une rencontre de football. Un clásico c'est ça ! Surtout quand on voit le résultat que donne cette interdiction de déplacement en Argentine, les derniers événements à Belgrano et à Huracán nous le démontrent, cela n'est pas une solution stable pour faire diminuer la violence aux alentours des stades de football. Bref, avant de rentrer dans le stade nous faisons la rencontre d’Alen, journaliste pour la plus grande radio du pays, Sport890. « Il est clair qu'aujourd'hui l'enjeu sportif n’est pas très excitant, mais un clásico reste un clásico et que ce soit pour les deux équipes, ça se gagne ! Personnellement je vois un match nul sur cette rencontre car même si la Nacional est au-dessus en ce moment, Penarol réussit toujours très bien lors du clásico. Mais bon c'est un match très spécial et faire un pronostic exact est quasiment impossible » nous lâche ce dernier. A présent, direction notre tribune. A une heure et demie du coup d'envoi, les deux popular (virages) sont pleine à craquer pour la deuxième mi-temps des équipes réserves.  Les chants sont déjà d'une puissance phénoménale et les deux hinchadas sautent comme un seul homme, on ose imaginer ce que cela va donner au coup d'envoi du clásico. Le match se termine sur le score de 0-0 entre les jeunes « pibes ». Les minutes passent et l'ambiance ne retombe pas, on peut même vous affirmez que ce « recibimiento » dépasse toutes nos espérances…

 

Un clásico de légende pour un joueur de légende...

Les chants des deux côtés sont détonnants et c'est le Peñarol qui fait son entrée sur le terrain en premier, la Barra Amsterdam décide de célébrer les siens avec de grands drapeaux jaunes et noirs accompagnés d'un chant surpuissant.

A peine le temps de se remettre de nos émotions que les hommes de Gabriel Gutierrez entrent à leur tour sur la pelouse dans une atmosphère toute aussi folle, les « papelitos » aux couleurs du club sont aussi de sortis dans la popular de la Nacional et un tifo 6-0 accompagné de la mention « La Historia Manda » (L'histoire commande) prend forme dans la tribune Olimpica. Le 5-0 d’avril dernier est encore dans toute les têtes et un rappel historique s'imposait selon les fans du Bolso.

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Le coup d'envoi est donné, du côté Nacional, Alonso et Gimenez démarrent sur le flanc de l'attaque et Recoba est laissé sur le banc. Côté Carboneros, l'ancien nancéen Macaluso ainsi que Zalayeta sont titulaires. Les vingt-cinq premières minutes ne sont qu'une série de transmissions approximatives et d'erreurs accompagnées d'une grande agressivité. Les fautes se succèdent et tout le monde est sur les nerfs, on s'y attendait. Il faut attendre la 27ème minute pour qu’Alonso alerte l'ancien gardien de San Lorenzo, Migliore, d'une tête bien capté par ce dernier. A la 38ème minute, alors que le Nacional met le pied sur le ballon sans toutefois se montrer dangereux, un léger incident éclate au sein de la Banda del Parque du Nacional. Les esprits à peine calmé, Migliore sort une parade devant De Pena pour la première véritable occasion du match. Les chants peuvent reprendre en toute sérénité du côté des fans du Bolso où on s'aperçoit que leurs favoris ont pris le dessus dans cette rencontre. Pendant ce temps les supporters Aurinegros envoient des ballons gonflables portant la mention « 5-0 » vers le terrain ne cessant de nous impressionner eux aussi par la constance de leurs chants… Juste avant la pause, la Nacional se verra refuser un but pour une position de hors-jeu justifiée. 0-0 et les 22 acteurs rentrent aux vestiaires.

Au retour des vestiaires le match reprend sur le même rythme que les 15 dernières minutes du premier acte, le Bolso tient le ballon mais n'arrive pas à franchir ce mur jaune et noir bien en place.  Il faut attendre 53ème pour que Rodriguez alerte Munua d’une belle frappe à ras de terre. Cela redonne de la voix aux fans Carboneros « Que no salta es de Nacional » (Qui ne saute pas est du Nacional) s'égosillent-ils en cœur. Dans l'action qui suit, ils verront Sylvestre déborder côté gauche dans la surface de réparation du Bolso et être accroché par Porras, pénalty ! C'est de la folie dans le Centenario alors que s'élance l'idole Carbonero, Pacheco, qui transforme la sentence et met fin à 700 minutes d'invincibilité de Munua. 0-1 la Barra Amsterdam exulte, les fumis et pétards éclatent de partout alors que leurs homologues du Nacional répondent en redoublant la puissance de leur chant « Vamos Nacional vamos, ponga huevos que ganamos » (Allez Nacional allez, pose tes couilles que nous gagnons). Impressionnant.

A la 65ème, Jorge Fossati décide alors de faire sortir Antonio Pacheco, à 38ans et formé au Peñarol, l'ancien joueur de l'Inter de Milan est adulé par tout le peuple Carboneros et se voit remplacé par Novick. Pacheco se permettra même un petit branchage en règle qui n'amusera que les fans du Peñarol…  Gabriel Gutierrez répond lui par un triple changement à la 68ème côté avec les entrées de Recoba, Fernandez et Taborda. Le match s'emballe, le Bolso lance toute ses forces dans la bataille mais passe tout près d'encaisser le break quand Munua s'interpose en face à face deux minutes plus tard. Dans ce duel à distance de gardien Migliore lui se permet d'effectuer une série de jongle pour chambrer les locaux avant de voir son coéquipier Macaluso se faire expulser pour un tacle non maîtrisé. Rouge direct nous sommes à la 77ème. A 11 contre 10 la Nacional pilonne le but du Peñarol et à la 82ème, Migliore, encore lui, sort une nouvelle parade sur un coup franc de Recoba. El Chino vient de régler la mire quelques minutes après un premier coup-franc qui avait terminé sa course dans le mur. Romero n'apprécie pas et frustré, prend un rouge pour un coup de coude sur Rodriguez dans l'action qui suit… Les huit dernières minutes vont donc se disputer à 10 contre 10. Nous sommes alors dans le temps additionnel, suite à un corner, Peñarol a réitéré ce manque ce qu'il a montré dans les 45 première minutes dans le jeu aérien, et suite à un énorme cafouillage, Sebastián Fernández égalise… Explosion de joie des fans du Nacional. Le meilleur de la soirée restait à venir. Cette petite chose qui vous faire dire qu'un clásico n'est pas un match comme un autre… 94ème le Nacional obtient un dernier coup-franc à 25 mètres. El « Chino » Recoba prend le ballon, patiente tranquillement, mais sur les hanches, pendant que l’arbitre se bat pour placer le mur carbonero. Ce coup-franc est pour lui, comme une évidence. L’idole du Bolso prend son élan et envoie une frappe magistrale qui vient mourir dans le but d'un Migliore impuissant… C'est le chaos total dans le Centenario. Le Nacional s’impose et se dirige tranquillement vers le titre. Après 2011 et 2012, Recoba inscrit une fois de plus son nom dans la l'histoire du clásico uruguayo et fera même démissionner Jorge Fossati de ses fonctions quelques heures plus tard. Un joueur de légende dans un clásico de légende, l'un des seuls capables de vous laisser sans mot et de vous offrir des images que vous n'oublierez sans doute jamais…

 

Les bonus

Résumé du match

Match complet