Nacional et Liverpool, les deux meilleures équipes de l’Apertura, ont chacun remporté leur groupe de l’Intermedio et vont donc se retrouver mercredi pour la finale. Le championnat commence à avoir un peu plus de gueule, avec un Nacional qui donne du plaisir. Et pourtant on ne parle que d’un seul homme, Luis Suárez. La moitié du pays a choisi de croire.

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Drôle de période pour Nacional. D’un côté, le club n’a pas aussi bien joué depuis très longtemps. L’effectif est plaisant, Repetto s’est imposé et le Bolso a une vraie animation offensive et un vrai poids des attaquants avec des joueurs comme le Puma Gigliotti ou Franco Fagúndez. Cela se voit au classement mais aussi en coupe continentale (cela trompe rarement) où Nacional est depuis longtemps le dernier uruguayen qualifié (et l’un des derniers non-brésiliens en lice dans les deux coupes confondues). Le club a réussi un Intermedio presque parfait avec un seul nul contre Cerro Largo à Melo et que des victoires, dont les deux dernières contre Cerrito (5-0) et Boston River (2-0). Ces deux matchs ont été maîtrisés de A à Z, avec un Sergio Rochet impérial, une défense peu mise en danger (un peu plus en début de match contre le Boston) et, comme le montre les scores, des buts. Emmanuel Gigliotti se montre efficace et profite d’un travail global avec Trezza qui joue un peu plus reculé désormais, mais qui effectue un bon travail ou encore Diego Zabala de l’autre côté. Nacional avait terminé quatre points derrière Liverpool au début de l’Intermedio et termine avec un point d’avance, mais surtout un trou avec les suivants (treize points d’avance sur Peñarol même si Peñarol a un match à terminer).

Le club a donc un entraîneur installé et de grande qualité, un effectif mêlant jeunes et expérimentés, un parcours en coupe continentale… Tout va bien ! Sauf que depuis quinze jours déjà, on ne parle que de Luis Suárez. Le retour du pistolero fait les grands titres et même si tout le monde souhaite évidemment qu’il revienne au pays, il ne faudrait pas éventuellement que cela influe négativement sur l’équipe, sur un Gigliotti qui s’est finalement imposé, sur un Repetto qui a construit son édifice petit à petit.

Nacional affrontera l’autre équipe plaisante et patiemment construite depuis quelques années déjà, Liverpool. Après avoir remporté l’Apertura, l’équipe a mis du temps à se mettre dans l’Intermedio avec une défaite et un nul pour commencer, avant de se remettre la tête à l’endroit et d’enchaîner les bons résultats jusqu’à battre ce week-end le Deportivo Maldonado (3-1). L’équipe a perdu Gonzalo Carneiro parti rejoindre la liste infinie des Uruguayens jouant au Mexique, mais peut toujours compter sur Alan Medina qui est devenu incontournable ces derniers mois et sur des joueurs comme Thiago Vecino, Gastón Martirena, Santiago Romero… Du solide. Le club a remporté de nombreux trophées depuis l’Intermedio 2019, qui a un peu lancé Liverpool dans le grand bain, pour un club ayant une stabilité rare depuis la remontée en première division en 2017. Comme pour Nacional, le club joue bien et ce sera donc un plaisir de les retrouver pour cette finale.

Pour le reste, Peñarol est toujours en salle d’attente, ayant battu Albion de façon presque convaincante. Son précédent match, contre Rentistas, a été à l’image de la saison. Il a été arrêté quelques minutes avant la mi-temps à la suite d’une coupure d’électricité sur le score de 0-0… Le club est largué pour le moment et place de grands espoirs dans les recrues qui commenceront pour le Clausura (Lozano, Rak, Milesi, Cristoforo…). Si le club bat Rentistas, il sera quatrième au classement annuel à dix points de Nacional. Le principal espoir est donc de gagner le Clausura et de forcer une finale. Sur le podium figure la surprise de cette saison, Boston River qui, malgré la défaite contre Nacional, reste une belle équipe à voir malgré la présence de trop de Rodríguez dans l’effectif...

En bas du classement, Cerrito enchaîne un dix-neuvième match sans victoire et s’achemine à vitesse grand V en deuxième division. L’Auriverde a fait de la peine notamment contre Nacional lors du match qui rentrera dans l’histoire comme celui des masques de Suárez. Cerrito sera sans doute accompagné d’un Rentistas qui accumule aussi beaucoup de retard, quatorze points sur le premier non-relégable, le Deportivo Maldonado. Ce dernier a un petit matelas d’avance sur Albion mais devra se méfier car Albion est promu et n’a pas de « moyenne » sur deux saisons. La vapeur peut être rapidement renversée dans ce cas.

Résultats et classement (presque) final

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba