Un match étrange, sous la pluie, entre deux tournois, sans véritablement d’enjeu, en attendant celui que tout le monde attend. Mais une finale quand même remportée par Nacional, comme à son habitude.

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C’est donc une finale et une finale, on essaie quand même de la gagner. Même si celle-ci vient en milieu de semaine sous la pluie, même si celle-ci qualifie pour la Sudamericana à laquelle Liverpool est déjà qualifié en tant que vainqueur de l’Apertura, mais surtout en ayant à l’esprit que les deux visent tout simplement la Libertadores. Une coupe qui ne sert pas à grand-chose, à part à être un petit trophée pour la vitrine, à trois jours du début du Clausura. Dans ce contexte, les deux équipes ont quand même aligné leurs meilleurs joueurs avec un Nacional désormais habituel, Gigliotti et Fagúndez en attaque aidés par Trezza et Zabala sur les côtés, et un Liverpool un peu plus défensif avec « seulement » Thiago Vecino en pointe accompagné de Medina et Rivero sur les côtés.

Les deux équipes se livrent à un très beau match en première mi-temps, multipliant les attaques et les opportunités. Nacional montre un très haut niveau de football, alternant les offensives sur les côtés, dans l’axe, frappes de loin, tout y passe. De son côté Liverpool a plus de mal à construire mais se montre dangereux en contre. Thiago Vecino manque quelques occasions et c’est finalement l’excellent Yonatan Rodríguez qui ouvre la marque d’une frappe de l’extérieur de la surface, bien enveloppée, petit filet opposé. Britos arrive en retard. L’action est symptomatique du jeu de Pablo Repetto : offensive sur le côté, beaucoup de poids dans l’axe qui occupe les défenseurs, un électron libre à l’entrée de la surface qui trompe son monde en arrivant en surnombre. Yonatan Rodríguez, qui jouait du côté de Cerrito l’année dernière et que personne n’avait vu venir, fait partie des choix de Repetto, des choix payants. En deuxième mi-temps, Nacional se replie un peu, mais Liverpool a malgré tout du mal à se créer des occasions. À l’heure de jeu, Trezza sort remplacé par Brian Ocampo. Lors de sa sortie, Repetto lui demande comment il va, Trezza répond « muerto ». C’est un autre choix de Repetto que de privilégier le polyvalent et sachant défendre Trezza au virevoltant mais dangereux sur les replis, Ocampo. Malgré de nombreux changements dont l’entrée de Figueredo, à cause d’occasions loupées notamment par Vecino, le score reste inchangé. Nacional remporte l’Intermedio pour la quatrième fois en cinq ans. Liverpool, désormais habitué aux finales, sait que la priorité est à la première journée du Clausura, ce tournoi tant attendu.

Car tous les regards sont tournés vers ce Clausura pour le moins attirant. Que de recrues, que de retours ! Il n’y a pas de comparaison possible sur les dix dernières années. Nacional, leader, n’a pas besoin de recrue et n’a donc pas été très présent sur le marché… sauf pour un attaquant qui jouait jusqu’à présent en Europe et qui revient profiter du meilleur que peut offrir la vie : de l’amour. Il devrait arriver dimanche et profiter d’une caravane ainsi que d’une présentation au stade comme rien de semblable durant les trente dernières années. Du côté de l’adversaire de toujours, Peñarol affiche un recrutement trois étoiles avec des internationaux ! Et des internationaux pas d’il y a vingt ans, mais des internationaux récents comme Brian l’oeuf Lozano, Yonatthan Rak (appelé mais n’ayant pas joué avec la Celeste) ou encore Seba Cristóforo (qui n’a été qu’international olympique, certes). Du lourd. Liverpool, deuxième au classement, a surtout réussi à conserver les Díaz et autre Martirena, ne perdant « que » Gonzalo Carneiro. Pour le remplacer, le club a recruté l’excellent Ayrton Cougo. Avec en plus Amaral qui revient à Fénix, Séba Ribas l’éternel dijonnais qui signe à Torque, la Copa Uruguay, après un Apertura parfois difficile à regarder, les trois prochains mois s’annoncent terriblement excitant. Après de fin novembre à fin décembre, il ne restera plus que sept matchs.

 

 

Photo : DANTE FERNANDEZ/AFP via Getty Images

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba