Probabilité : Nacional doit écraser Plaza Colonia. Mais l’équipe de Vigneri avec à la tête de son attaque un célèbre inconnu nigérian a créé la surprise. Toujours sur des probabilités : un penalty, ça se marque (surtout quand l’une des deux équipes a fait un voyage de 48h peu avant). Week-end de phénomènes non naturels en Uruguay.

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Guide de la saison

Un club peut-il être en crise après des matchs amicaux et quatre points en trois journées ? Le formidable 9-10 abordait récemment le poids des amicaux et des tournois d’été. Ricardo Zielinski, nouvel entraîneur de Nacional, y a beaucoup perdu de crédit mais n’a pas été tant critiqué que cela. Le fait qu’il ait perdu ces matchs de présaison et que le début de saison soit très poussif, commence à faire grincer des dents en Uruguay. Sur le terrain, face à un Colonia qui avait tout perdu jusqu’à présent, son équipe est apparue sans idée et sans solution, avec en plus une certaine impression de résignation. Plaza Colonia, désormais entraîné par l’ex-international Nicolas Vigneri, abordait pourtant le match en outsider avec une défense à cinq bien basse et un seul joueur en pointe, un Nigérian, Christian Ebere. Zielinski avait lui fait des changements en sortant Fagúndez (le meilleur de Nacional sur le début de saison…) et en faisant entrer Ramírez dans une attaque à deux avec le Puma Gigliotti. Nacional n’a pas vraiment semblé en capacité de générer des solutions en attaque, avec Federico Martínez et surtout Gaston Pereiro très décevants. Mais ce schéma a fait que Nacional a joué très haut et, habituelle surprise, Polenta et Noguera ont été très lents en défense et donc régulièrement mis en danger. Ebere les a débordés une ou deux fois en premières mi-temps, réglant la mire, avant que sur un corner le Flaco Fernández n’ouvre le score sur un deuxième ballon. Nacional a donc encore plus poussé et joué haut… et Ebere en a profité pour continuer à prendre de vitesse son petit monde, doublant la mise à dix minutes de la fin du match. Diego Zabala entré en cours de jeu réduit le score à cinq minutes du terme mais pour rien : Plaza Colonia crée la surprise et bat Nacional (2-1).

Ce match a beaucoup fait parler côté Nacional car l’équipe semble avoir des problèmes urgents à résoudre sous peine de vivre une saison très complexe. La défense est dangereuse, Polenta est une ombre sur le terrain. Au milieu, il manque de bons joueurs dans l’axe et la création. Les meilleurs, logiquement incarnés par les recrues Pereiro et Martínez, semblent à la ramasse. On les voit pourtant bras dessus, bras dessous à chaque coup-de pied arrêté, un à gauche, un à droite, mais cela semble être leur seule capacité. Peut-être est-ce due à l’immobilité de Gigliotti qui est aussi inquiétante… Bref, beaucoup de soucis. Et l’Uruguay est un pays qui ne pardonne pas aux entraîneurs des deux grands, encore moins quand ces entraîneurs sont des étrangers, comme le Ruso Zielinski, qui semble perdu sur le bord du terrain. Il ne doit lui rester qu’une cartouche, et l’on parle déjà de grands changements dans le onze avec les possibles sortis de Polenta et Gigliotti pour jouer Racing ce dimanche…

Côté vainqueur, Plaza n’a pas vraiment fait plaisir à voir. Une défense à cinq et une pointe véloce… la victoire est importante mais elle ne semble pas, ici, porteuse de grands espoirs. En tout cas, après Jimmy Evans l’année dernière, on a trouvé cette année le Nigérian-dont-on-se-demande-quand-même-poliment-comment-il-a-attéri-là,Christian Ebere est champion du monde U17 au Chili en 2015 avec Osimhen notamment... Après des problèmes lors d’un transfert foireux en Belgique, il a atterri à Rosario Central avant de partir au Brésil puis en Uruguay… à Colonia. Une carrière improbable donc, même si ses interviews après son gros match ont été touchantes de sincérité et que le Monsieur a de belles capacités en pointe avec une vitesse de conduite de balle qui devrait lui permettre de briller dans ce championnat aux défenses lentes. Il a derrière lui quelques bons joueurs comme Fernández (demi-finaliste de Coupe du Monde mine de rien) ou Yvo Calleros.

Peñarol avait donc l’occasion de creuser un trou de cinq points avec son adversaire de toujours en battant Boston River, un Boston alternatif puisque l’équipe a joué jeudi aux tréfonds du Venezuela et qu’elle n’a pas les fonds pour se payer un charter. Elle a donc pris sept heures de bus de nuit avant de décoller vers… le Costa Rica, huit heures d’escale, avant de s’envoler finalement vers l’Uruguay. Un petit voyage de 48 heures qui a fait que l’équipe a atterri la veille du match… Dans un match brouillon des deux côtés, la première mi-temps a été marqué par trois penaltys ratés. Silva et Cardozo en ont arrêté un chacun, avant qu’un nouveau penalty ne soit sifflé pour Peñarol. Arezo passe son tour et laisse Abel Hernández le frapper… à nouveau sur Silva. Sauf que ce dernier relâche et qu’Hernández marque enfin pour son retour. Peñarol livre ensuite un match assez insipide malgré la domination, les entrées en jeu de Rolan et du Pato Sánchez n’étant vraiment pas bonnes. Sans jouer magnifiquement, Peñarol enchaîne une troisième victoire au classement et une certaine hiérarchie se met en place. Pas grand-chose à reprocher à Boston sur ce match au vu du déplacement : ces derniers avaient demandé à repousser le match mais cette demande avait été refusé pour des raisons assez bassement politique, ils ont donc fait ce qu’ils ont pu.

Pour le reste, Wanderers continue son bon début de saison avec notamment notre chouchou Diego Hernández, auteur d’une magnifique passe décisive pour la victoire (1-0) contre Torque. Liverpool qui a retrouvé ses U20 a battu Fénix (3-1). La semaine dernière a surtout été marquée par la réélection d’Ignacio Alonso à la tête de l’AUF. C’était prévu mais son adversaire a fait tout un tintamarre pour expliquer que l’élection était volée alors qu’il jouait perdant depuis le départ, sachant que les groupes d’intérêts (joueurs, entraîneurs, amateurs) et de nombreux clubs étaient en faveur d’Alonso. La négociation des droits TV arrive, tout comme les élections à Peñarol, et l’année risque d’être folklo.

Résultats et classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba