Peñarol continue sa course en tête avec un match nul contre son dauphin Cerro Largo au terme d’une rencontre que les Carboneros auraient pu remporter avec un peu plus de réussite. Nacional fait aussi un match nul, un match un peu plus inquiétant au vu de la performance soporifique contre Danubio… Le classement reste identique mais l’échéance se rapproche.

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Est-ce à cause des coupes continentales qui ont débuté dans la semaine ? Est-ce le niveau cette année qui n’est pas au rendez-vous ? Dans tous les cas, la dixième journée n’a pas fait rêver en Uruguay avec des matchs nuls pour les équipes de tête et quelques grosses déceptions. Dans le cortège de match nul, celui de Peñarol a été le plus prometteur avec un point pris à l’extérieur, à Melo, contre le dauphin Cerro Largo. Un bon point, qui aurait pu se transformer en trois points du break au classement si Peñarol s’était montré plus décisif et si Cerro Largo s’était montré un peu plus ouvert et moins porté sur le coup de poing. C’est le jeu me direz-vous, et vous aurez raison, quand on sait la différence de budget entre les deux équipes. Et Peñarol n’a aussi pas su profiter de quelques bons ballons, à l’image d’un Nicolas Rossi exaspérant sur son côté droit à vouloir trop porter le ballon. Le remplaçant de Laquintana va avoir du travail pour s’améliorer, lui qui est une promesse depuis longtemps déjà… Kevin Méndez a été bon et aurait mérité de marquer sur une belle frappe de l’entrée de la surface qui rebondit n’importe comment sur le terrain avant de frapper le poteau. Cerro Largo a tenu le coup de son côté avec un Rafa García toujours aussi bon en défense centrale, un gardien Renzo Bachia en feu, mais aussi avec quelques coups presque involontaires dont Hugo Silveira en pointe ou Mauro Brasil qui aurait pu mériter un rouge sur un tacle assassin avant la mi-temps. Qui aurait pu, mais qui ne l’a pas eu, et la décision du simple jaune n’est pas non plus scandaleuse. À la toute fin du match, Rak gagne la position dans la surface sur Brian Ferrares, dont la jambe passe entre celles de Rak. L’arbitre siffle penalty, les arbitres dans leur cabine vidéo indiquent à l’arbitre du terrain de venir regarder l’action… et ce dernier annule le penalty malgré la bronca des joueurs de Peñarol.

Et donc le petit monde de Peñarol a explosé pendant et après le match avec des déclarations ahurissantes de son président Ignacio Ruglio qui a déclaré sur les réseaux sociaux « Ce n’est pas de maintenant, ça fait longtemps avec une AUF et un collège d’arbitres complices et acteurs de ce tout. Aujourd’hui nous pouvions plier le championnat, mais ils l’ont fait pencher dans la direction qu’ils souhaitaient et c’est toujours du même côté. Quand tout Peñarol ira contre cette AUF, quand tout le monde comprendra que les arbitres y ont un vote pour choisir le président et que justement ils le donnent à ceux qui permettent ce genre de choses comme celles d’aujourd’hui sans que rien ne se passe, quand on comprendra que les championnats sont en vérité décidés par eux et qu’ils jouent avec notre travail, ce jour-là les choses commenceront à changer. Ce qui s’est passé aujourd’hui est une honte et un manque de respect au travail de beaucoup. Ils ont recommencé ». Tout cela est assez risible, sachant que Peñarol est premier, qu’un point à Melo n’est pas un mauvais résultat, et que les décisions ne sont pas non plus scandaleuses (loin s’en faut). On pourrait en rire et conseiller à Peñarol de créer sa propre fédération (l’acronyme FUF est disponible). Mais tout cela sent mauvais quand même car cela génère de la violence et délégitime un championnat… mené par Peñarol ! Ruglio fait tout cela parce qu’il y a des élections dans quelques mois et qu’il souhaite que tout Peñarol se réunisse derrière lui. Et l’alternative est Damiani… La saison va être longue.

Nacional et Danubio se sont séparés sur un match nul plus inquiétant que celui entre Peñarol et Cerro Largo. Car les deux équipes n’ont pas montré grand-chose dans le jeu, pas de grosse occasion, et une lenteur dans le jeu qui a transformé le match en somnifère. Gutiérrez a du crédit et aura le temps, mais ses tactiques défensives ne sont acceptées que parce qu’elles s’accompagnent d’habitude de la victoire. Quel dommage de voir un milieu offensif avec des joueurs comme Martínez ou Fagúndez passer comme des âmes en peine en attaque. Gilgiotti blessé a été remplacé par un Ramírez que l’on n’a pas non plus reconnu… Danubio, auteur de la performance uruguayenne de la semaine en Sudamericana avec la victoire contre Emelec, aurait pu l’emporter en fin de match quand il a commencé à voir que Nacional ne les mettrait pas en danger. Trop tard, autre match nul 0-0.

Pour le reste, Defensor a pris la deuxième place… en faisant match nul contre Cerro (1-1). Wanderers pouvait aussi faire un bond en avant mais l’équipe est sur une pente descendante et s’incline (1-0) contre le Deportivo Maldonado. En fin de classement, Racing réussit une très bonne performance en battant un Torque aux abois (2-0).

Résultats et classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba