Alors que Nacional perd et que Peñarol fait bien rire avec la ligne tracée à la tondeuse en mode VAR de biais, le Defensor continue sa bonne saison, dans la lignée de la saison de l’année dernière, et se retrouve en finale de l’Intermedio et aux premières loges du classement annuel. De quoi rêver violet.

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Fin 2021, hier, Defensor luttait pour remonter après une descente traumatisante en pleine période de pandémie mondiale. En fin de saison, Leonel Rocco s’embrouillait avec la majorité de ses joueurs. Le club ne voulant pas choisir entre un entraîneur douteux et des joueurs rebelles, la direction décidait de virer l’entraîneur ainsi qu’une petite dizaine de joueurs dont quelques grands noms en Uruguay comme le Bochita Cardacio ou Andrés Lamas. Il reste alors trois journées. Grâce à deux victoires en trois matchs (et malgré une défaite offrant la montée à Danubio), le Defensor obtient le droit de jouer un mini-tournoi avec Cerro, Racing et Central Español. Après des matchs très difficiles (notamment contre Cerro) mais grâce à quelques joueurs comme Alan Matturro ou Matías Abaldo, les violets s’en sortent. Ils remontent et s’offrent dès leur retour une très bonne saison 2022 couronnée d’une qualification en Sudamericana. Les joueurs pensaient-ils à cette saison 2021 de l’enfer, avant de jouer le week-end dernier contre Danubio pour une place en finale de l’Intermedio et avoir la chance de monter à la deuxième place du classement annuel ? Certains, sans doute. D’autres moins, comme Elizari au milieu de terrain, lui qui jouait pour Cerro à l’époque, ou encore l’entraîneur, Marcelo Méndez, qui n’a pas connu cette épopée. Dans tous les cas, et le score final ne le reflète pas forcément, mais le Defensor a roulé sur Danubio. Avec une ligne offensive rapide et très propre techniquement, les violets ont dominé au Franzini et cette domination a été payé par un but de Joaquin Valiente dès la dixième minute sur une bonne combinaison avec Fernando Elizari. Malgré d’autres occasions, il faut attendre le retour des vestiaires pour voir Nicolas Rodríguez offrir un caviar à Anderson Duarte pour le 2-0 face à Mauro Goicoechea. Guillermo May a réduit le score et apporté une pression en fin de match sur la défense violette mais ce Defensor là a quelque chose en plus, en plus de très bons joueurs de football, un certain état d’esprit retrouvé. Score final 2-1.

Quel bon mélange dans ce Defensor entre jeunes joueurs champions du monde U20 (excusez du peu) comme Sebastian Boselli dans l’axe de la défense ou évidemment l’omniprésent Anderson Duarte, devenu homme à tout faire en attaque. Mais ils sont soutenus par des bons anciens comme Fernando Elizari, Argentin de trente-deux ans étant passé par San Lorenzo, puis le Chili, le Mexique, la Malaisie… avant de se faire remarquer en deuxième division Uruguayenne avec Cerro lors d’un affrontement de Liguilla pour la montée contre Defensor. À quoi tient le destin ? Il n’est pas assez mis en avant en Uruguay, évoluant entre une flopée de jeunes pépites. Ça n’en reste pas moins un joueur admirable.

Pendant ce temps-là, du côté des grands, Peñarol l’a emporté contre Boston River avec deux buts d’Abel Hernández (qui serait en partance vers le voisin du nord, qui recrute en ce moment tout ce qui court et a deux jambes en Uruguay). Après une semaine de déclarations stupides sur l’arbitrage, Peñarol s’est à nouveau plaint de l’arbitrage pendant le match avec une ligne de hors-jeu « type VAR » faite par la tondeuse avant le match, hommage aux hors-jeu douteux contre Danubio une semaine plus tôt. Ce n’est pas forcément plus intelligent, mais au moins c’est drôle et un peu moins dangereux.

Nacional a perdu contre Fénix au terme d’un match terne où le principal intérêt a été de revoir le Lolo Estoyanoff, héros de toute une génération. Il a été insulté tout le match, avant de sourire à sa sortie. Fénix l’a emporté en fin de match sur un but de Richard Nuñez, laissé seul sur un deuxième ballon par la défense. L’équipe du Guti perd donc le terrain qu’il avait repris sur Peñarol durant l’Intermedio et surtout se fait dépasser par le Defensor. Un peu comme chaque équipe qui fonctionne bien au niveau de son championnat (titre en 2022), puis au niveau continental (qualification en phase finale de Libertadores), l’équipe s’est faite piller sans pouvoir se renforcer. Il ne reste plus grand monde, même pour le championnat, et l’équipe fait de la peine à deux semaines de recevoir Boca Juniors. Elle ressemble au Peñarol 2022.

Les buts

Résultats et classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba