Cela pourrait ressembler à un mauvais poisson d'avril si seulement cette tradition n'avait pas lieu le 28 décembre en Amérique latine. Selon les révélations du journal Bobagem, confirmées par Globoesporte.com, qui cite un rapport du FBI, la demi-finale de la coupe du monde 2014 entre le Brésil et l'Allemagne, qui s'était achevée sur le score invraisemblable de 7-1, a été truquée.

Acculé, l'ancien président de la CBF, José Maria Marin, a finalement décidé de collaborer avec le FBI. Le dirigeant de 83 ans a été arrêté en Suisse en mai 2015 puis extradé et emprisonné aux États-Unis depuis le mois de novembre. Une détention à domicile, dans la luxueuse Trump Tower, sur la Cinquième Avenue, à New York, où les frais s'élèvent à 90 000 dollars par semaine, notamment pour employer neuf gardes opérationnels 24h/24. En difficulté financière, José Maria Marin a surtout vu de nouvelles accusations planer sur lui, notamment sur la construction de l'Arena Corinthians, stade qui a accueilli le match d'ouverture de la coupe du monde, en juin 2014, alors que José Maria Marin était le président de la CBF.

C'est l'opération « Lava Jato » (Lavage express), enquête gigantesque qui secoue actuellement le monde politique et le monde des affaires au Brésil, qui a révélé un large schéma de pots-de-vin concernant la construction de l'Arena Corinthians. D'autres stades sont également visés par l'enquête comme le stade Mané Garrincha à Brasilia, deuxième stade le plus cher du monde derrière Wembley, et le Maracanã, dont le coût des travaux de rénovation approche le milliard de dollars. En collaboration avec le FBI depuis juillet 2015, le juge Sergio Moro a prouvé le paiement de pots-de-vin par l'entreprise Odebrecht, responsable de la construction du stade, à de nombreux hommes politiques et dirigeants de football. L'entreprise Odebrecht avait même une « structure professionnelle spécialement dédiée au paiement de pots-de-vin » selon le procureur de la République, Laura Tessler.

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Afin d'éviter une lourde peine de prison, José Maria Marin a préféré collaborer avec le FBI en négociant la poursuite de sa détention à domicile contre une collaboration totale avec les autorités américaines. L'ancien dirigeant de la CBF, qui avait notamment volé une médaille lors d'une remise de trophée, a avoué avoir reçu des pots-de-vin dans la construction de stades de football pendant la coupe du monde 2014 ainsi que lors de l'attribution de droits TV pour diffuser la coupe du Brésil et des matchs de la sélection brésilienne. Si ces confessions ne surprennent personne, José Maria Marin a en revanche avoué avoir truqué la demi-finale de coupe du monde entre le Brésil et l'Allemagne, des révélations qui devraient secouer le monde du football.

L'histoire commence le 28 juin 2014 lorsque le Brésil élimine in extremis le Chili en huitième de finale après une séance de tirs au but alors que Pinilla avait trouvé la barre transversale à la 119e minute. José Maria Marin réalise que le Brésil ne gagnera pas la coupe du monde, et lorsqu'il est approché par un réseau de paris truqués, basé en Malaise, il accepte l'offre. L'objectif est de parier de fortes sommes d'argent sur un événement improbable, à savoir un retard d'au moins quatre buts à la mi-temps lors de la demi-finale, face à l'Allemagne. Il restait à convaincre les joueurs, en promettant de redistribuer l'argent et surtout en menaçant les joueurs de ne plus être appelés en sélection nationale. Seulement deux joueurs s'opposent au trucage : Thiago Silva, suspendu pour la demi-finale après un carton jaune reçu contre la Colombie, et aujourd'hui ignoré par Dunga, et Neymar, sorti sur blessure en fin de match lors du quart de finale. La suite est connue, le Brésil est mené 5-0 à la mi-temps contre l'Allemagne et finit par s'incliner 7-1.

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L'ancien joueur Romário, aujourd'hui sénateur fédéral et président de la CPI do Futebol, a vivement critiqué José Maria Marin dans un communiqué

« Ce mange-merde n'a aucun respect pour ce jeu qu'est le football. Il faut en finir le plus vite possible avec tous ces dirigeants, tellement éloignés des valeurs de notre sport et pour qui l'argent est la seule motivation. Ils font honte au football brésilien, qui doit tout faire pour retrouver son honneur.»

La CBF a rapidement démenti les déclarations de son ancien président, sans donner plus de précisions. Le FBI n'a pas non plus souhaité commenter davantage, avançant que l'enquête était toujours en cours. Des révélations fracassantes pour le football, qui remettent en cause également les joueurs, complices de cette mascarade.

 

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Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.