
Après avoir défrayé la chronique il y a quelques jours en s’attaquant ouvertement aux instances du football vénézuélien, Salomón Rondón se livre dans The Guardian et parle avec douleur de son Venezuela.
Interrogé par The Guardian, l’attaquant vedette de la Vinotinto s’est longuement livré à cœur ouvert pour rappeler et mettre dans la lumière la terrible réalité que traverse son pays en ces temps troublés.
“La vie à Caracas n’est pas une vie. Il y a cette incertitude qui te suit, qu’un jour tu vas y passer, que tu vas quitter ta maison pour aller au travail mais n’en reviendra pas. J’ai vécu à Caracas mais n’y ai jamais joué. Je jouais dans une ville proche. Cela m’a permis de pouvoir respirer. La ville est dans le chaos. C’est pire aujourd’hui. Quand j’y vivais, ce n’était pas si mal. Tu ne peux plus y vivre désormais. Ma famille y vit et je suis inquiet pour elle. Je leur parle tous les jours pour m’assurer que tout va bien. Je suis constamment les nouvelles sur Twitter pour voir ce qu’il se passe. Mais je ne mélange jamais famille et travail. Peu de personnes savent qui est ma famille. J’essaie autant que possible de ne pas être vus avec eux, certainement pas au Venezuela. C’est vraiment dur, c’est un véritable sacrifice. Si je suis avec eux, c’est seulement à la maison. On ne sort jamais. Je dois me cacher pour aller les voir. J’essaie de ne pas attirer l’attention sur moi quand je suis là-bas. Ma famille est fière de ce que je suis devenu et je les aide autant que je peux mais je préfère les savoir en vie et faire ce sacrifice. Mes enfants et ma femme – je ne veux pas que les gens sachent qui elle est. Il y a un véritable danger, un risque de kidnapping. Je ne veux pas courir ce risque.”
En pleine crise financière, au bord du gouffre économique, le Venezuela est actuellement l’un des pays les plus troublés au monde, au bord du précipice. Instabilité politique, rationnement de la nourriture et des médicaments, le pays est au bord de la faillite, l’insécurité est à son maximum au point que les voyages vers le pays sont déconseillés.
Outre le Venezuela, Rondón évoque son passage en Russie et notamment les évènements ayant entourés son passage au Zenit : “C’était très compliqué. C’est l’un des plus grands clubs russes et les fans voulaient des attaquants russes. Il y avait quelques chants de singe à mon encontre, ils chantaient des chansons bordées d’insultes contre moi. Ce sont des choses qui arrivée, il ne vaut mieux pas y prêter trop attention. Si tu penses à eux, que tu les laisses te blesser, cela va t’affecter. C’est difficile de ne pas les entendre. Mais je ne veux pas leur donner l’importance qu’ils rêvent d’avoir.”
Puis, il revient sur sa récente prise de position contre les dirigeants du football local. “Je maintiens ma position. Les dirigeants de la fédération doivent démissionner. Je ne cesse de dire que les gens qui dirigent notre football ont causé trop de dégâts à notre sport. Le football devrait être une chose magnifique pour ce pays. Mais il y a des choses qui n’ont pas été fait de la bonne manière. L’un de nos représentants est aux Etats-Unis, accusé de corruption. Cela doit changer. Je n’ai pas le pouvoir de décision mais je peux faire passer un message. Nous avons une génération dorée, jamais nous n’avons eu autant de joueurs évoluant à l’étranger, c’est historique. Nous sommes le moteur du changement au sein de cette fédération qui cause tant de dégâts à notre football.”
Photo : Alex Broadway/Getty Images


