Ce dernier week-end de qualification pour la CAN 2019 a été riche en belles émotions dans l’ensemble des pays qui ont obtenus leur dernier ticket, surtout ceux qui retrouveront la CAN après plusieurs années/décennies d’absence (Bénin, Tanzanie, Namibie) ou la découvriront (Burundi).

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Au Bénin, le gouvernement a décidé d’offrir l’entrée au stade. Plusieurs facteurs entrent en jeu. Mais la finalité est avant tout de favoriser la qualification des Écureuils à la compétition reine du continent. L’enjeu est même politique, car dans une période un peu difficile économiquement avec un président qui a du mal à faire l’unanimité, un exploit sportif est toujours une occasion de ressouder le peuple derrière un objectif commun. Que ce soit contre l’Algérie ou le Togo, le Bénin a pu s’appuyer sur un douzième homme qui a joué un rôle indispensable pour pouvoir résister à la pression des Fennecs et des Éperviers supérieurs sur le papier. Il n’y aurait rien eu à redire si tout s’était bien passé. Mais malheureusement, derrière cette belle fête se cache un drame qui risque de remettre en cause cette stratégie.

En effet, un homme a perdu la vie et plusieurs autres ont été blessés par les balles de policiers qui ont eu du mal à contenir une foule largement supérieure aux 25 000 places du stade de l’amitié Mathieu Kérékou de Cotonou. Forcément tout le monde veut être le témoin de l’histoire. Selon certains médias locaux, et contrairement aux recommandations de la CAF, la FBF n’a pas émis de billets d’invitation la veille de la rencontre et en a distribué trop le jour du match (30000). Il n’y en avait de toute façon pas assez pour satisfaire tous les gens qui se sont déplacés et on a assisté à de nombreuses scènes surréalistes. Comme un enfant qui grimpe jusqu’à la cime d’un arbre pour rejoindre la tribune, ou des personnalités publiques qui se mêlent à la foule et prennent part aux bousculades pour pouvoir rentrer.  

Au Kenya, la FKF avait fait de même contre l’Éthiopie dans un match décisif pour la qualification. Là aussi, quelques mouvements de foule avaient nécessité l’intervention des forces de l’ordre, heureusement sans faire de victimes. À titre de comparaison, à Kinshasa les billets étaient à 2000 FCFA (3€) et l’ambiance était exceptionnelle, tout comme à Dar-Es-Salaam où les billets étaient aussi à un prix très abordable.

Le football est une fête et le stade est un espace de liberté, pas un endroit où l'on peut risquer de perdre la vie. Les autorités doivent prendre les mesures nécessaires. Car si se passer des recettes du match est un geste honorable cela ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des supporters.

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.