Le championnat australien vit des temps difficiles amenant certains joueurs à faire des choix pour leur carrière. Et nombreux sont ceux à faire le choix de l’Indian Super League.

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Les équipes du championnat d’Indian Super League (ISL) avaient déjà attrapé dans leurs filets plusieurs anciens du championnat australien de A-League au cours des saisons précédentes : Roy Krishna, l’ancien meilleur joueur du championnat de 2019 sous les couleurs du Wellington Phoenix, son ancien coéquipier David Williams ou l’ex-joueur du Melbourne City, Erick Paartalu. L’ancien milieu défensif des Citizens a d’ailleurs été l’un des symboles de ce phénomène d’exode en expliquant tous ces départs en Inde. Bien intégré dans ce championnat en pleine expansion, dont il a soulevé le titre de champion en 2018, Paartalu a évoqué au Sydney Morning Herald cette compétition encore trop inconnue, mais avec beaucoup de moyens et des objectifs visant à toucher les sommets de l’Asie.

L’Inde et son championnat de football d’ISL avait déjà attiré les foules, il y a plusieurs années, quand Robert Pires ou Nicolas Anelka jouaient dans ce pays d’Asie du Sud. La suite a été un passage à vide, malgré des noms toujours attractifs comme l’ancien international italien, Alessandro Del Piero, foulant les terrains sous la bannière du Delhi Dynamos (aujourd’hui Odisha FC). Dans l’esprit des dirigeants indiens, le championnat veut aller rivaliser avec les places fortes asiatiques en allant jouer des coudes avec les pays de l’Est comme le Japon, la Corée du Sud ou la Chine. Une volonté de compétition se faisant notamment par la capacité des clubs à payer des salaires importants, même pour des joueurs européens, afin d’être plus compétitif. Erick Paartalu explique notamment que plus d’une dizaine de joueur pensionnaires de A-League l’ont appelé pour se renseigner sur les clubs, le championnat et la prochaine compétition qui se jouera à Goa (la prochaine saison se jouera dans un hub, l’Inde étant très touchée par le coronavirus) : « Ici, les clubs sont propriétés de grandes entreprises, on est payé à temps. Surtout, les joueurs évoluant en Inde gagnent ce que ne peuvent espérer des joueurs jouant en Australie, tout en jouant moins de matchs ». Ces entreprises ont surtout la capacité à attirer des sponsors, ce qui est la plus grande peine du championnat australien, dont certaines de ses franchises sont aujourd’hui à vendre. Paartalu, champion d’Australie avec le Brisbane Roar, le voit bien depuis l’Inde « je ne m’inquiète pas pour le football en Australie, mais pour la A-League » et comme nous le rapportions, la Fédération australienne (FFA) travaille d’arrache-pied afin de trouver de nouveaux sponsors majeurs suite à plusieurs départs dont Hyundai (qui possédait le naming de la ligue). De leur côté, les joueurs ont fait d’énormes sacrifices financiers pour terminer la saison à la suite du confinement et ont été conquis par les projets indiens : une volonté d’être plus performant sur la scène continentale, des anciens de A-League aux expériences plus que positives couplé avec une stabilité d’emploi et de paie accrus. Dans une interview accordée à SBS, Aaron Holloway précise qu’il a dû accepter de réduire de 80% son salaire, de quoi payer uniquement ses charges.  

L’attrait pour du joueur de nationalité australienne ou jouant en A-League est nouveau. Les clubs indiens ont vu leur réglementation de recrutement bousculer, provoquant un flux d’intérêt majeur des franchises indiennes pour les qualités des joueurs évoluant en Australie et leur prix peu élevé. Sur les sept joueurs étrangers pouvant être recrutés par un club d’ISL, un doit obligatoirement être d’une nation de la confédération asiatique (AFC). Une aubaine pour les pensionnaires de A-League ayant pour la plupart des niveaux de jeu adéquat aux championnats asiatiques tout en étant dans un championnat qui verse, en moyenne, le moins de salaire d’Asie derrière le Bangladesh ou l’Indonésie. Les Indiens voient en eux des joueurs très rentables à pas cher et des onze clubs comptant pour le championnat indien, dix ont recruté un joueur venant de A-League et huit australiens occupent cette place réservée aux joueurs AFC. Alors que treize joueurs avaient fait la traversée, les Kerala Blasters ont officialisé l’arrivée de Jordan Murray faisant du joueur des Central Coast Mariners le quatorzième à s’échapper en Inde. Par ailleurs, Robbie Fowler, l’ancien entraîneur du Brisbane Roar FC a lui aussi cédé aux sirènes de l’Inde. Il a signé un contrat avec le Sporting Club East Bengal

Ces départs sont synonymes de crise connue en Australie dans son championnat majeur, c’est plus qu’une équipe titulaire qui s’est envolée dans un autre championnat, sans parler des autres départs vers l’Europe. Certains joueurs restés au pays veulent également partir de leur club, faute de projet sportif concluant ou dans une énième nouvelle boucle, à l’image de Steven Ugarkovic des Newcastle Jets, ne voulant pas participer à un nouveau projet. Il existe bien des places fortes, le Sydney FC, le Melbourne Victory et le Melbourne City FC, mais ils ne peuvent jouer à trois et rendre pérenne cette compétition à ce jour en crise sportive et financière. 

Les joueurs et entraîneur de A-League ayant fait le choix de l’ISL :

ATK Mohun Bagan

Brad Inman (AUS)

Roy Krishna (FID) en 2019

David Williams (AUS) en 2019

Bengaluru

Kristian Opseth (NOR)

Dimas Delgado (ESP) en 2017

Erick Paartalu (AUS) en 2017

Chennaiyin

Aucun

SC East Bengal

Robbie Rowler (ANG) entraîneur

Scott Neville (AUS)

Mati Steinmann (ALL)

Aaron Holloway (GAL)

FC Goa

James Donachie (AUS)

Hyderabad FC

Joel Chianese (AUS)

Jamshedpur FC

Nick Fitzgerald (AUS)

Kerala Blasters FC

Gary Hooper (ANG)

Jordan Murray (AUS)

Mumbai City FC

Adam Le Fondre (ANG)

NorthEast United FC

Dylan Fox (AUS)

Odisha FC

Steven Taylor (ANG)

Jacob Tratt (AUS)

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.