L’entraîneur algérien a rendu son tablier trois ans jour pour jour après avoir pris les rênes de l’équipe nationale palestinienne, en avril 2018. Ce départ et le flou qui l’entoure portent la marque de la Fédération palestinienne, présidée par Jibril Rajoub, ancien chef de la sécurité de l’OLP.

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Sous la houlette de Ould Ali, les Fidayin ont réussi à se qualifier pour la Coupe d’Asie 2019 et à accrocher quelques scalps reconnus comme l’Ouzbékistan ou l’Arabie saoudite. Par contre, on peut également lui reprocher des choix douteux, privilégiant des joueurs pas au niveau ou hors de forme à d’autres plus affutés, s’obstinant dans des tactiques frileuses et qui auront à la Palestine de finir la Coupe d’Asie avec deux matchs nuls mais surtout aucun but marqué. Assez curieusement, il aura réussi à tenir trois ans en ayant gagné seulement un tiers de ses matchs, dont la plupart lors des deux Bangabandhu Cup glanées (en 2018 et 2020) face à des nations plutôt faibles.

Si la qualification pour le Mondial 2022 avait commencé en fanfare en surprenant Ouzbeks et Saoudiens, les Palestiniens ont finalement enchainé revers sur revers face à Singapour et au Yémen, des équipes plus faibles sur le papier, mais mieux organisées. Le point d’orgue de cette déconfiture fut la lourde défaite 5-0 en Arabie saoudite en mars 2021. Si le résultat est évidemment extrêmement décevant par rapport au potentiel de l’équipe, c’est du côté des coulisses qu’il faut regarder pour déceler les zones d’ombres qui gangrènent le football palestinien.

Originellement, l’Arabie saoudite devait jouer ce match contre le Yémen. Par la suite, les dirigeants saoudiens annoncent avoir trouvé un accord avec leurs homologues palestiniens pour remplacer le Yémen, première énigme. Par la suite, les Saoudiens feront tout en leur pouvoir pour déforcer la Palestine. En effet, certains joueurs ont signé pour des clubs israéliens puisque la plupart des clubs palestiniens sont en banqueroute totale et ne peuvent plus payer leurs joueurs. D’autres joueurs titulaires seront également en-dehors du onze de base pour des raisons mystérieuses… Le fiasco qui s’ensuivit portait la marque de Rajoub, paillasson officiel des Saoudiens, en souvenir probablement de ses accointances politiques passées.

Ould Ali a donc préféré se sortir de ce panier de crabes, ce qui permettra d’excuser ses résultats mi-figue mi-raisin et ses tâtonnements tactiques. Pas toujours facile non plus d’avoir l’entièreté de son effectif local quand celui-ci est partiellement bloqué aux check-points… La Fédération palestinienne, non contente de s’enfoncer dans la médiocrité, vient de proposer à Abdel Nasser Barakat de reprendre le flambeau. Celui qui avait justement qualifié la Palestine pour la Coupe d’Asie 2019 et assuré l’intérim en 2011 a poliment refusé, soutenu par la majorité des fans palestiniens qui enflamment la toile depuis quelques jours pour protester contre l’incurie de ses dirigeants.

Après une progression linéaire ces dernières années, il faudra désormais faire le ménage au sein de la Fédération (l’équivalent des écuries d’Augias) et espérer une reprise des financements au sein de la ligue palestinienne pour ne pas voir l’équipe nationale stagner voire régresser après une décennie prometteuse.

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.