Septième épisode de notre podcat. Au menu de la semaine, Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Sudamericana et rétro U de Chile - Colo-Colo 1973.

Pour ouvrir notre semaine, nous sommes au Paraguay, à Luque. L’ancienne capitale du Paraguay, notamment pendant la guerre de la Triple Aliance est aujourd’hui le lieu où se situe le siège de la CONMEBOL et accessoirement la ville de naissance et de Roque Santa Cruz et surtout d’un certain José Luis Chilavert qui a fait ses débuts au club local, le Sportivo Luqueño. Et justement, ce recibimiento est proposé par les Chancholigans, surnommés ainsi par le journaliste Julio Gonzalez Cabello en raison de leur bravoure, leur violence et leur fanatisme démesuré. C’était à l’occasion de la réception de l’Atlético Paranaense pour les quarts de finale retour de la Sudamericana. Pour la première du club dans cette épreuve, le Chanchon pouvait se qualifier pour une demi-finale. Mais cela, on va en parler dans nos infos de la semaine.

Ce qu’il faut retenir

Et on débute donc par la Sudamericana avec la mission accomplie pour le Chanchon Luqueño qui a tranquillement renversé la défaite de l’aller (et le fameux but polémique dont on parlait en début de semaine) pour décrocher une demi-finale de Sudamericana. Alors je ne vais pas vous refaire le couplet du nivellement du continent mais après un paraguayen en finale de la Libertadores 2013, de la Libertadores 2014, après un paraguayen en demi-finale de la Libertadores 2015, voilà un 4e paraguayen (différent donc) en demi-finale de la Sudamericana. Luqueño aurait pu jouer River qui a énormément souffert au Brésil, surtout en deuxième mi-temps ou le Millo n’est pas passé loin de la correctionnelle. Mais, alors qu’Huracan, l’équipe la plus imprévisible d’Argentine a réussi à tenir le 0-0 face au Defensor, Santa Fe a parfaitement contrôlé Independiente. Et hop, après l’Atlético Nacional en finale de l’édition 2014, encore un colombien dans le dernier carré….promis, je n’en rajouterai pas. Mine de rien, l’élimination du Rojo envoie Huracan en Libertadores puisque le Globo est désormais la meilleure équipe argentine en Sudamericana (River ne compte pas, en tant que tenant du titre, il sera en Libertadores) et change donc les demi-finales prévues puisque comme il reste 2 clubs d’un même pays, ceux-ci sont forcés de se jouer en demi. On aura donc River – Huracan et Santa Fe – Luqueño.

On profite de ce petit coin d’Argentine pour saluer deux entraîneurs de talent qui vont sans doute quitter le championnat argentin : Diego Cocca a annoncé la fin de son aventure au Racing et rester l’homme qui a ramené un titre au Cilindro après 13 ans d’attente alors qu’Edgardo Bauza annonce lui aussi la fin de son cycle à San Lorenzo et restera lui aussi celui de la 1ere Libertadores de l’histoire pour les Cuervos. Deux vrais grands coaches qui quittent le pays, c’est rude.

Pendant ce temps au Brésil, on connait désormais l’affiche de la finale de Coupe. Elle opposera le Santos de Ricardo Oliveira et ses 35 buts en 2015, qui a une fois encore punit São Paulo, à Palmeiras, qui s’est défait de Fluminense. Du côté de São Paulo, le mois d’octobre restera un mauvais souvenir. Entre le départ d’Osorio, la perte du dernier objectif d’un Rogerio Ceni vieillissant et le gros bazar en coulisses, ça commence à sentir mauvais. Mais bon, le club s’est trouvé un nouveau président, Carlos Augusto de Barros e Silva qui lui n’a qu’un rêve, faire revenir Diego Lugano au club. Rien que ça. Il faut dire que La Tota était au club à l’époque où celui-ci a tout gagné, du championnat à la Libertadores en passant par la Coupe du Monde des Clubs.

Le souci, c’est que pendant ce temps, Lugano s’éclate au Paraguay. On avait déjà parlé de son nouveau statut d’idole du Ciclon acquis en quelques semaines, voilà que désormais il est engagé dans une énorme course au titre avec son plus grand rival, Olimpia. Et la défaite du week-end dernier face à General Diaz vient apporter du piment. Car pendant ce temps, Olimpia s’est imposé et revient à un tout petit point. Et devinez quoi ? Ce dimanche, c’est Olimpia – Cerro Porteño. L’ambiance va être folle, le match a tout pour être décisif. Un vrai rendez-vous sudam ce week-end.

Mais puisqu’on évoque Lugano, on pense inévitablement à l’Uruguay. Et si on associe Lugano et Uruguay, on revient en 2010. Et qui dit 2010, dit Diego Forlan. Vous n’êtes pas sans savoir que Cachavacha est de retour au pays et a accompli sa promesse familiale, jouer à Peñarol. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, sauf si vous êtes des fidèles de LO, c’est qu’il s’éclate et surtout qu’il régale. Alors c’est vrai, le maillot jaune est juste sublime mais avouez que quand Forlan nous fait ce genre de slalom, c’est juste du bonheur. Pour info, Peñarol est revenu à hauteur du Nacional en tête de l’Apertura. Et là encore, on vous invite à prendre une bouffée d’oxygène ce week-end avant, la semaine prochaine, un Clasico de folie pure qui devrait dicter le titre. Il ne restera que 3 matchs derrière.

La rétro

Ce dimanche, c’est l’heure du Superclásico chilien entre Colo-Colo et la U. S’il n’est pas vraiment question de titre pour l’Universidad de Chile, il pourrait être décisif pour son plus grand rival. Ce Superclásico, c’est pour nous l’occasion de remonter de plus de 40 ans dans le passé, jusqu’à l’année 1973.

1973, c’est aussi l’année de l’éclipse totale du Soleil la plus longue du siècle en France. Au Chili, elle sera bien plus longue. Car le 11 septembre, c’est le coup d’Etat, Pinochet et les militaires s’installent à la Moneda, la dictature vient de poser ses griffes sur le pays. Cette année-là marque la fin de la démocratie et en football, la fin d’une époque. Car si les années 60 sont celles du Ballet Azul de Luis Alamos, l’époque dorée de l’Universidad de Chile qui écrase tout sur son passage avec dans ses rangs des joueurs du calibre de Leonel Sanchez qui vont former l’ossature du Chili, 3e de la Coupe du Monde 1962, le début des années 70 est celui de Colo-Colo. Détail amusant, l’Albo est alors dirigé par Luis Alamos. Dans ses rangs, des joueurs devenus légende comme Chamaco Valdes ou encore Carlos Caszely. Je vous avais promis de reparler de lui, on va en profiter. Sur les terrains, Caszely se résumait en une chanson, « se pasó, se pasó, se pasó ». Formidable sjoueur, une technique au-dessus de la moyenne, une vitesse rare pour l’époque et un sens du but démesurée, il est probablement l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand attaquant chilien de l’histoire. En dehors des terrains, Caszely est le symbole de ce Colo-Colo de 73, cette équipe qui assurait la survie d’Allende à l’époque, le parcours de Colo-Colo en Libertadores 1973 a retardé le coup d’Etat (le vous invite à lire le passionnant entretien que Luis Urrutia O’Nell nous a donné à ce sujet, c'est par ici). Ce 28 octobre 1973, près de 42 ans jour pour jour avant notre Superclásico 2015, pour la première fois depuis 54 Superclásico, celui-ci ne se déroule pas à l’Estadio Nacional mais au Santa Laura, le stade de l’Union Espanola. La U est en effet privée de « son stade » (qui ne lui appartient pas, l’histoire de la U et de ses stades, c’est un roman) qui sert alors de camp de concentration dans lequel les opposants à la junte sont torturés et exécutés, ils ne le retrouveront que quelques semaines plus tard. Il se termine sur un 0-0 sans saveur et marque la fin d’une époque, celle du Colo-Colo de Caszely, qui s’envolera en Espagne, celle de deux décennies de disette pour la U. Oui, le Superclásico de 1973 est un tournant, pendant que les deux clubs s’enfoncent dans la crise, le Chili perd son sourire, celui du Ballet Azul, celui des « se pasó, se pasó, se pasó ». Vous l’aurez compris, un U de Chile – Colo-Colo n’est pas un simple match, celui de ce week-end ne dérogera pas à la règle.

Voilà, l’heure est venue de clore ce numéro 7 d’une semaine sur LO, je renouvelle une fois encore mes remerciements envers tous ceux qui prennent le temps de les écouter, qui les partagent sur les réseaux sociaux, le processus de conversion au foot sudam est en marche ! Je vous laisse avec les cinq merveilles de la semaine (et probablement le prix Puskas 2015 déjà décerné). Abrazo à todos et à la semaine prochaine.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.