Il ne reste désormais plus que cent quatre-vingts minutes pour aller chercher un billet pour le Qatar. La deuxième session de l’année 2022 a permis à certains de garder un infime espoir quand d’autres ont déjà ou quasiment enterré tout espoir.

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Autant l’évacuer tout de suite, le match Brésil – Paraguay était le seul choc de la soirée à l’intérêt inexistant. Comme un symbole, le suspense a été tout aussi inexistant. D’entrée de partie, Raphinha ouvrait le score, avant de voir le VAR lui refuser sa célébration, mais on avait vite compris qu’il n’y aurait pas de match. Même avec un court moment au cours duquel le Paraguay a semblé vouloir exister, plus par envie que par son jeu, le Brésil a tranquillement déroulé. L’ancien rennais s’est offert son but à la demi-heure et permis à la Seleção de tranquillement faire tourner le ballon, de faire courir des Guaraníes qui ne semblent qu’attendre que ces éliminatoires se terminent. Guillermo Barros Schelotto a même poussé le vice jusqu’à ne faire que des changements défensifs à la pause, ne cherchant finalement jamais à essayer de retourner le match ou son scénario par une volonté de prendre son destin en main, il a été puni par un deuxième but, un missile de Philippe Coutinho, avant de constater les dégâts, apporter des hommes devant pour finalement encaisser deux buts supplémentaires en fin de partie. Ce Paraguay n’est plus que l’ombre d’une équipe, il a donc logiquement sombré au Mineirão et laisse le Brésil poursuivre sa préparation.

Le Chili y croit de nouveau

« Tenemos vida ». Le cri du cœur de la télévision chilienne au coup de sifflet final d’un match totalement fou à La Paz. Tout a commencé par une peur, celle de voir le match totalement ruiné par les conditions de jeu. Un terrain totalement détrempé que les pauvres jardiniers tentaient de drainer avec des sceaux et des coupelles, un coup d’envoi retardé d’une demi-heure, un VAR qui ne fonctionnait pas, la pluie ayant créé quelques courts-circuits, on craignait le pire. Mais le match s’est disputé et ce clásico a été spectaculaire. La peur semblait tout de même présente, du côte de la Bolivie. Cette peur qui vous paralyse, cette crainte de l’erreur fatidique qui ruinerait tout. Et face à un Chili venu pour imposer son jeu, cela a fini par être payé cash. Une faute de Jusino sur Ben Brereton et Alexis Sánchez lançait son festival d’un coup franc magistral. Le Chili faisait la course en tête, il ne relâchait pas son étreinte, contrôlant le milieu de terrain et se montrant le plus dangereux. Pourtant, la menace bolivienne n’était jamais bien loin et à moins de dix minutes de la pause Enoumba surgissait pour réveiller l’Hernando Siles et ramener sa Verde au score. L’espoir renaissait d’autant que le début de deuxième acte montrait une Bolivie enfin plus entreprenante, exerçant enfin une pression notamment sur les ailes, qui faisait vaciller le Chili, sauvé par ses montants devant Ramiro Vaca et Marc Enoumba, quand il ne l’était pas par Brayan Cortès, auteur d’un match XXL. Mais la Roja possède son joueur de classe mondiale, Alexis Sánchez. El Niño maravilla trouvait Isla qui remisait en une touche pour Marcelino Núñez, action d’école et 2-1, puis s’amusait de la défense verte pour s’offrir un doublé – et son cinquantième but en sélection – et plier l’affaire. Le but de Marcelo Martins ne changeait rien, l’espoir mondial de la Bolivie s’est envolé face à son meilleur ennemi, César Farías a quitté le stade sous une pluie de projectiles avant d’annoncer son départ. Tout sera à reconstruire pour la Verde alors qu’en face, l’espoir reste plus que jamais vivace pour la Roja.

La Colombie sombre

Par Pierre Gerbeaud

Si le Chili peut encore y croire c’est aussi parce que d’autres concurrents directs ont coulé. Au Kempes, l’Argentine a consolidé sans trembler sa deuxième place en disposant facilement d’une bien pauvre Colombie. La Scaloneta a encore frappé malgré les cinq changements dans le onze par rapport au match contre le Chili et n’a jamais semblé en danger. Déjà étincelant contre la Roja, Ángel Di María a encore été le plus dangereux. Omniprésent et joueur le plus dangereux offensivement c’est lui qui a allumé la première mèche au quart d’heure de jeu avec sa spéciale qui a frôlé le poteau de Camilo Vargas. Dans un fauteuil et sans pression adverse, Lautaro Martínez, tout seul dans la surface, s’est retrouvé à la conclusion d’un beau mouvement collectif. Comme à l’entrainement serait-on tenté de dire. Si Di María s’est ensuite cassé les dents à deux reprises sur le portier colombien, d’abord sur coup-franc avant la pause puis sur une autre spéciale incroyablement sortie par Vargas, l’Argentine n’a pas regretté de ne pas avoir plié le match.

Des regrets son adversaire ne peut même pas en avoir. Si son capitaine David Ospina n’a pas pu tenir sa place en raison d’une intoxication alimentaire, c’est surtout le système que Rueda a changé. Retour à un 4/2/3/1 avec James en dix, Borja en pointe et Cuadrado dans un poste d’ailier plus offensif. Mais rien n’y a fait. La Colombie n’a même pas manqué d’idée, elle n’en a tout simplement pas eues. Rien. Le néant. Une bouillie. Luis Díaz a bien tenté l’exploit individuel, notamment avec une passe qui a permis à Borja d’avoir une balle d’égalisation juste avant la pause mais l’attaquant de Junior a vu sa frappe repoussée par Dibu Martínez. Pour le reste la sélection cafetera a une nouvelle fois, une fois de trop, montré sa pauvreté dans le jeu. Il y a eu certes une tête de Tesillo qui a trouvé la barre mais évidemment impossible de ramener quelque chose de son voyage chez le double champion du monde. Ce septième match consécutif sans marquer est celui qui risque de l’éloigner définitivement du Mondial. Il y a encore une possibilité mathématique certes, mais ça tiendrait du miracle. Et si miracle il y a, cela passera forcément par un grand ménage au sein du groupe, à commencer par Cuadrado et James, les deux « leaders » d’une équipe qui a baissé pavillon très rapidement. Une chose est sûre, le climat va être très tendu pendant un mois aussi bien pour Rueda que pour les « leaders » et personne ne sera épargné.

L’Uruguay déroule

Par Jérôme Lecigne

L’Uruguay recevait le Venezuela pour valider le bon résultat obtenu à Asunción et se repositionner pour une qualification directe dans les éliminatoires. Du côté de la Vinotinto, l’objectif est de préparer l’avenir avec le nouveau sélectionneur Pekerman. Ce type de match peut être compliqué pour n’importe qu’elle équipe, car le Venezuela aurait pu se replier et l’Uruguay avoir du mal à faire sauter le verrou, mais dans notre cas d’espèce, le Venezuela n’a jamais fermé le match et l’Uruguay s’est rendu la tâche très facile en ouvrant le score avant la minute de jeu d’une bonne reprise à l’entrée de la surface de Bentancur. Après ce but, l’Uruguay a dominé dans les grandes largeurs avec un danger permanent porté sur les cages de Fariñez, danger concrétisé à deux autres reprises par des buts de De Arrascaeta (sur une action brillante de Pellistri) puis d’Edinson Cavani, sur un caviar de De Arrascaeta. L’ensemble de l’équipe joue libérée et cela se sent, avec des vraies prises de risques par exemple d’Araújo (premier but) ou de Godín (deuxième but) qui apportent le surnombre. Tout cela est bien compensé par la présence de trois centraux sur la feuille de match, même si en phase défensive la défense joue bien à quatre derrière avec Araújo sur le côté droit qui s’en sort plutôt pas mal, tant que l’adversaire n’est que Soteldo, malgré tout le respect que l’on doit à Soteldo. Au milieu, le Venezuela n’arrive pas à se sortir du pressing actif notamment de Valverde et Bentancur, auteurs d’un grand match.

À la mi-temps, 3-0, le match est déjà plié. Il l’est encore plus dès le retour des vestiaires avec un but du joueur sans doute le moins en jambe, Suárez, sur un penalty obtenu par Pellistri et tiré deux fois après l’invasion supposée de la surface par des joueurs vénézuéliens. Cavani marque le cinquième, refusé pour un hors-jeu limite. Et l’on pense que l’Uruguay va pousser pour s’assurer une différence de but encore meilleure à l’orée des deux derniers matchs. Mais Giménez se loupe sur un ballon facile et offre la réduction de l’écart à Josef Martínez. Par la suite, le match se calme petit à petit malgré encore quelques belles attaques bien contenues par Fariñez dont un double-arrêt magnifique notamment sur la deuxième frappe de Darwin Núñez. Victoire (4-1) de l’Uruguay qui remonte à la quatrième place, une place que la Celeste conservera définitivement en cas de victoire contre le Pérou si le Chili ne gagne pas au Brésil. Dans tous les cas, l’Uruguay montre un allant, une dynamique, des prises de risques qu’il ne montrait plus depuis déjà quelques temps. Il faudra voir comment cela fonctionne contre des équipes techniquement meilleures mais l’essentiel semble être en passe d’être atteint : le Qatar n’est plus si loin.

Le Pérou arrache un nul à domicile

Par Romain Lambert

Après une victoire historique face à la Colombie, c’est un Pérou avec un tout autre visage qui a accueilli son rival équatorien à Lima. Un Pérou privé de Cristian Cueva, suspendu, et de Gianluca Lapadula, forfait de dernière minute. Du côté de l’Équateur, Enner Valencia et le gardien Alexander Domínguez, tous deux suspendus, venaient compléter les absences de Ángel Mena et Byron Castillo. D’entrée de jeu, les hommes de Gustavo Alfaro ont douché un Estadio Nacional rempli à 70% avec un but signé Michael Estrada à la deuxième minute. La Tri est venue à Lima pour valider son ticket vers le Qatar et donc gagner. Un scénario qui s’assombrissait pour la Blanquirroja avec une défense fébrile menée par un Alex Callens méconnaissable, le défenseur de New York City nous ayant habitué à beaucoup mieux. Mais surtout, l’animation offensive amputée de son créateur, Cristian Cueva, avait toutes les peines du monde pour trouver une solution. Préféré à Christofer Gonzales sur l’aile gauche, Raziel García a erré sur le terrain comme un fantôme pendant que Santiago Ormeño était introuvable à la pointe de l’attaque. Heureusement que la Tri est restée imprécise dans ses attaques pour ne pas aggraver le score et enterrer d’avantage les Péruviens. Les vestiaires du Nacional ont dû trembler à la mi-temps, car les hommes de Ricardo Gareca ont montré un meilleur visage en deuxième période. Le stratège argentin a également ajusté son onze avec les entrées de Christofer Gonzales et d’Edison Flores à la place de García et d’Ormeño. Un Pérou sans véritable neuf jusqu’à l’entrée d’Alex Valera à la soixantième minute qui a définitivement impulsé l’animation offensive. Sur une passe d’Advíncula, l’attaquant d’Universitario s’arrachait pour conserver le ballon dans la surface avant de la remettre à son latéral qui ajustait un bon centre au deuxième poteau. C’est tout le Pérou qui retenait son souffle et qui se levait d’un seul homme lorsqu’Edison Flores déboulait de la gauche pour propulser le ballon d’un coup de tête au fond des filets. Un ouf de soulagement alors qu’il restait encore une bonne vingtaine de minute à jouer dans le temps règlementaire durant lequel les rouge et blanc prennaient enfin le jeu à leur compte et partaient à l’assaut des cages équatoriennes. Finalement le score n’évoluait plus et les deux nations se partagent les points pour le grand bonheur de l’Équateur qui sera sans doute qualifié lors de la prochaine journée. Côté péruvien, ce match nul à domicile a tout d’un faux pas car le Pérou avait aussi l’occasion de creuser l’écart et arriver plus confortablement en Uruguay pour le prochain match. Il devra maintenant soit gagner à Montevideo soit à Lima contre le Paraguay lors de la dernière journée. Comme on le dit si bien au pays inca : si l’on ne souffre pas, ça ne compte pas !

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Photo : Javier Mamani/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.