Alors que tout est pratiquement scellé dans le groupe A, le B promet un final totalement fou. Le point sur les éliminatoires asiatiques à deux journées de la fin.

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Groupe A : la Corée du Sud est qualifiée

La dixième sans briller

Par Baptiste Mourigal

Il suffisait d’une victoire sur la Syrie (ou que les Émirats ne battent pas l’Iran) pour que la Corée du Sud se qualifie directement pour la prochaine Coupe du Monde au Qatar. Sans la manière, les Sud-Coréens sont parvenus à se défaire de Syriens qui n’ont pas proposé grand-chose pendant tout le match si ce n’est un but hors-jeu sur coup franc et un poteau en toute fin de match à la suite d’une sortie catastrophique de Kim Seung-gyu. De leur côté, les Guerriers Taeguk n’ont pas été forcément meilleurs avec une défense fébrile et un jeu offensif inexistant, la faute d’une absence cruelle de mouvement de l’intégralité des joueurs et une volonté de jouer dans l’axe bien trop omniprésente. Mais à la différence de la Syrie, la Corée du Sud a su convertir les erreurs adverses. D’abord par Kim Jin-su, trouvé au second poteau en début de seconde période (0-1, 53e). Comme les spectateurs, les Syriens ont dû oublier sa présence sur le terrain. Puis à trente minutes du terme, Kwon Chang-hoon a profité d’un placement hasardeux du gardien pour le tromper de loin au premier poteau (0-2, 71e). Une victoire sans relief mais qui permet à la Corée du Sud de décrocher sa onzième participation à la Coupe du Monde, la dixième de suite. Exploit réalisé à ce jour uniquement par le Brésil, l’Argentine, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie (série interrompue pour cette dernière).

Infime espoir pour Irak et Liban

Sur la « pelouse » de Saïda, Libanais et Irakiens se retrouvaient pour un match couperet, à savoir qu’une victoire était impérative pour les deux équipes afin d’aller talonner les Émiratis pour le troisième strapontin. Dans une partie rythmée et agréable à défaut d’être spectaculaire, les deux équipes se rendent coup pour coup sans parvenir à trouver la faille. Mais l’Irak possède un réservoir infini au poste d’attaquant. La superstar Mohanad Ali sur le flanc ? Pas grave, Alaa Abbas est là. Celui-ci a la COVID-19 ? No problemo, Ayman Hussein fait le job. L’ancien du CS Sfaxien est bien décalé par Hussein Abdulkareem et fusille Matar pour l’ouverture du score (0-1, 40e). Serait-ce la première victoire de l’ère Petrović ? Que nenni, juste avant les citrons, Sabra profite de la passe de Dhaini à la retombée d’un coup-franc pour remettre les compteurs à zéro (1-1, 45+2e). La deuxième mi-temps n’apportera aucun changement dans la physionomie du match, la maladresse l’emportant sur la justesse d’un côté comme de l’autre. Un score de parité qui scelle plus que probablement le destin des deux équipes même si l’Irak pourrait profiter de la réception des Émirats pour se rapprocher avant de les dépasser sur le fil s’il l’emporte en Syrie (alors que les Émirats accueillent les Coréens). Quant au Liban, il doit non seulement battre la Syrie mais également l’Iran à Téhéran. Autant dire, mission impossible.

L'Iran assure

Match pour du beurre pour les Iraniens mais il fallait malgré tout finir le job proprement et assumer son rôle d’arbitre jusqu’au bout. Les Émiratis tentent toujours d’assurer leur troisième place mais sont impuissants face au jeu des Perses. Leur domination finira par payer à la 45e lorsque le superbe centre de Jahanbakhsh trouve la tête de Gholizadeh. Le ballon échoue sur le poteau mais Taremi est le plus prompt pour le mettre au fond des filets (1-0). On se dit que l’Iran va alors dérouler mais Moharammi récolte un second carton jaune en début de seconde période. Ça ne rendra pas les Émiratis plus dangereux et c’est même l’Iran qui a les meilleures occasions, sans toutefois les concrétiser. Victoire facile pour les hommes de Skočić et coup d’arrêt pour les Émirats qui doivent s’imposer au prochain match face à l’Iraq pour continuer de rêver.

grA

Groupe B : tendu jusqu’au bout

Le Japon se replace

L’affiche du jour entre deux prétendants mondialistes. L’un doit s’imposer sous peine de rétrograder en troisième position tandis que l’autre peut valider sa présence chez le voisin qatari en cas de victoire. Mais l’Arabie saoudite va passer complètement à côté de son match, constamment dépassée par l’envie des Japonais, pas forcément brillantissimes sur le terrain mais plus justes techniquement et qui comptent encore une fois sur leur facteur X, Junya Ito pour débloquer la situation. Échappé sur sa droite, il centre pour Osako qui laisse astucieusement passer entre ses jambes pour Minamino qui conclut pour libérer Saitama (1-0, 32e). Décidément intenable, Ito s’offre un superbe but pour assommer les Saoudiens et valider une victoire importantissime pour le Japon (2-0, 50e). Avec ce succès, les Nippons reviennent à un point de leur adversaire et se préparent pour leur dernier gros test face à l’Australie dans un mois.

L’Australie se rate

Par Antoine Blanchet-Quérin

Mission échouée. Il fallait six points en deux matchs. Le premier acte contre le Vietnam a été réussi (4-0), mais les internationaux australiens ont dû se contenter du nul avec Oman. Pourtant, en début de partie, les ordres étaient simples : de long ballon vers les ailiers, Mathew Leckie ou Martin Boyle, et place à la magie. Pas de chance, si les contrôles des deux joueurs étaient au rendez-vous, les défenseurs d’Oman aussi. La victoire du Japon contraignait les ‘Roos à rien d’autre que d’aller chercher les trois points contre une sélection devant aussi gagner pour continuer d’exister mathématiquement. Martin Boyle, au premier quart d’heure, réceptionnait un ballon aérien. Durbein surpris, laissait l’ancien joueur d’Hibernian filer au but avant qu’Al Rashidi ne commette l’irréparable : pénalty. Jamie Maclaren d’un tir puissant ouvrait le score (1-0, 15e). Les Rouges se faisaient punir, dix minutes après avoir été sauvé par le VAR quand Trent Sainsbury détournait un ballon au fond des filets. Passée l’ouverture du score, les vingt-deux joueurs ne proposaient pas d’autres situations dangereuses.

En deuxième mi-temps, les intentions étaient meilleures chez les hôtes puis Abdullah Fawaz envoyait un magnifique tir sous la barre de Maty Ryan (1-1, 55e). L’Australie tremblait, le match s’ouvrait enfin, d’un côté comme de l’autre, à l’opposé de ce qu’il nous avait été proposé durant les quarante-cinq premières minutes. Dix minutes avant la fin du temps réglementaire, Aaron Mooy, homme du match chez les Socceroos, débloquait la situation (1-2, 79e). Une aubaine alors que les joueurs d’Oman commençaient à gagner du temps sur chaque interruption de jeu. Les mauvaises ondes étaient passées. Graham Arnold lançait Craig Goodwin, auteur d’un but contre le Vietnam, puis Ryan McGowan dans la défense centrale pour faire souffler Trent Sainsbury. Mais le défenseur offrait un pénalty à Oman que Fawaz, comme Maclaren, transformait. Si Oman est éliminé, il peut se vanter d’avoir décroché le scalp de l’Australie qui semble désormais condamnée à la troisième place. Pour l’éviter, il faudra faire le plein sur les deux dernières journées qui offrent aux Socceroos deux immenses chocs : le Japon à Sydney et l’Arabie Saoudite à Riyadh lors de l’ultime journée. Autant dire que le final s’annonce bouillant.

Naufrage chinois

Dépassés par la Thaïlande lors de l’AFF Cup, fessés par l’Australie il y a quelques jours, les Vietnamiens arboraient ce rendez-vous avec la ferme intention de dissiper les doutes sur leur niveau. Et face à des Chinois encore une fois largués, le job a été fait et avec la manière ! C’est d’abord Hồ Tấn Tài qui coupe le centre de Đỗ Hùng Dũng pour ouvrir le score (1-0, 9e), avant que le même Đỗ Hùng Dũng ne serve le goleador Nguyễn Tiến Linh sur un superbe jeu à trois avec Phạm Tuấn Hải (2-0, 16e ). Les Vietnamiens ne relâchent pas la pression et s’offrent même un troisième but sur une frappe lointaine de Phan Văn Đức qui surprend Yan Junling (3-0, 76e). Dans le temps additionnel, les Chinois sauvent un honneur qu’ils n’ont déjà plus grâce à Xu Xin (3-1, 90+7e) mais ils continuent de s’enfoncer inexorablement tandis que le Vietnam enregistre enfin sa première victoire.

grB

 

Photo : KARIM SAHIB/AFP via Getty Images

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.