Réveil difficile pour les plus de trente-deux millions de péruviens qui doivent se demander comment le Pérou a pu laisser échapper sa qualification.

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C’est un coup dur pour le football péruvien et pour tous les supporters de la Blanquirroja. Le Pérou n’a pas réussi à se défaire d’une Australie pourtant à sa portée et ne sera pas de la fête en novembre prochain pour la vingt-deuxième édition de la Coupe du Monde de football. Pourtant, l’avant-match avait tout l’air d’une belle fête avec l’arrivée de milliers de supporters blanquirrojos à Doha et un stade une fois de plus rempli à 99,99% de péruviens qui faisaient résonner les tribunes dès les premières notes de l’hymne national et ce même après la séance fatidique des tirs au but.

Le Pérou ne peut s’en prendre qu’à lui-même et féliciter son adversaire du soir qui a su garder la tête froide car lors des quatre-vingt-dix minutes du temps réglementaire, les hommes de Ricardo Gareca se sont complètement liquéfiés. Dès la première période face à des Socceroos qui les ont bousculés d'entrée de jeu en pressant fort et en se procurant même les premières occasions, les Péruviens semblaient à côté de leurs chaussures ne sachant pas enchaîner plus de deux passes à cause d’un manque criant de précision et d’erreurs à répétition. Avec le forfait de dernière minute de Yoshimar Yotún, Ricardo Gareca avait opté pour Christofer Gonzales qui est un joueur plus dribbleur, plus explosif pour tenter de percer un bloc bas mais Graham Arnold qui a bien senti le coup a réussi à empêcher les Péruviens de poser le ballon. Surprise, la Blanquirroja s’est complètement désorganisée et semblait perdue sur le terrain. Heureusement que la défense Zambrano-Callens a été la seule à surnager pour maintenir son équipe en vie car l’Australie aurait bien pu refroidir le bouillant stade Al Rayyan de Doha bien plus tôt dans cette rencontre. En deuxième période, le technicien péruvien a reconduit les mêmes hommes, qui rentraient cette fois avec de meilleures intentions et la tête sur les épaules, mais toujours ce manque de créativité offensive avec un André Carrillo sans étincelle qui sera finalement remplacé à l’heure de jeu par Edison Flores. Alors oui, la Blanquirroja montait en puissance en fin de match mais il était déjà trop tard, l’arbitre sifflait la fin du temps réglementaire et si au début de la prolongation, le Pérou a enfin montré son football en partant à l’assaut des cages australiennes bien gardées par un mur jaune, les lignes australiennes ont tenu bon. Quand ce n’était pas la défense, c’était le poteau qui sauvait l’Australie dans les derniers instants après une tentative d’Edison Flores qui était à quelque centimètres de se muer en héros national. En cent-vingt minutes, les Péruviens n’ont pas réussi à trouver la clé et Gianluca Lapadula a vécu un match cauchemardesque en étant sevré de ballon. Les Socceroos ont obtenus ce qu’ils cherchaient avec cette séance de tirs au but en remplaçant leur gardien titulaire par l’étrange phénomène Andrew Redmayne et son show sur sa ligne de but qui a déstabilisé deux tireurs péruviens, Luis Advíncula et Alex Valera, le premier s’effondrant après le dernier tir stoppé par Redmayne synonyme d’élimination. Une élimination qui s’est jouée sur les détails cruels d’une séance de tirs au but où le mental fait tout le travail, mais qui aurait dû être empêché en allant gagner sur le terrain lors des cent-vingt minutes de jeu.

Cette défaite est un échec cuisant qui apporte maintenant son lot de de questions notamment sur la continuité du sélectionneur en fin de contrat en décembre et qui devrait en toute logique quitter son poste, fermant ainsi un beau chapitre qui a vu le Pérou enchaîner les belles performances en Copa America avec cette finale 2019, mais qui a surtout réussi l’exploit d'emmener cette sélection à la Coupe du Monde 2018 après trente-six ans d’absence et a finalement été très proche de refaire le coup en 2022. C’est un chapitre qui se ferme et une génération dorée qu’il faudra renouveler non sans peine. Le malheureux Luis Advíncula (trente-deux ans) a déjà annoncé sa retraite internationale et devrait être suivi par d’autres. On pense forcément à Paolo Guerrero (trente-huit ans) et Jefferson Farfan (trente-sept ans)  qui n’ont même pas pu prendre part aux derniers matchs de qualification ni à ce dernier match crucial et que l’on ne verra peut-être plus sous le maillot bicolore. La prochaine grosse échéance est la Copa America 2024 avant de se lancer dans la course aux qualifications du Mondial 2026. Une éternité qui laisse au football péruvien le temps de préparer sa future génération dorée.

Photo : Joe Allison/Getty Images

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.