On connait désormais les affiches des demi-finales de la Coupe du Monde des Clubs 2017. Alors que Pachuca a su se sortir d'un piège tendu par de courageux mais peu ambitieux champions d'Afrique, Urawa s'est fait surprendre par le champion local.

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Pachuca à l’usure

Par Farouk Abdou

Il aura fallu 120 minutes au champion de la zone CONCACAF pour écarter (1-0) son homologue africain, qui a livré une prestation quasi-similaire à sa campagne victorieuse de 2017 : Solide derrière, trop limité et tributaire d’un exploit individuel sur le plan offensif. Cet exploit n’étant pas arrivé, le Wydad a fini par plier en prolongations face à des mexicains persévérants mais à court d’idées. Pachuca devra faire de nombreux ajustements avant sa demi-finale face à Grêmio.

Le Zayed Sports City Stadium d’Abu Dhabi avait des airs d’arène de Botola Pro marocaine ce samedi après-midi, avec toute une moitié du stade aux couleurs du WAC et présentant tous les ingrédients habituels : Musicographie fournie avec une quarantaine de chants à enchaîner, bâche des Winners, marée rouge dans les travées. C’est porté par cette ambiance favorable que le onze d’Amouta a entamé son match, avec dix bonnes minutes de pressing haut et quelques ballons chauds dans la surface mexicaine.

Après ? Le vétéran Oscar Perez (44 ans) n’a plus revu la balle s’approcher de ses cages avant un bout de temps. Pachuca a remis le pied sur le ballon, fait reculer le bloc rouge, et profité des espaces dans le dos de l’arrière gauche Hachimi pour planter des banderilles conclues par des centres ratés ou contrés. Lancées rapidement par Aguirre ou Hernandez, les phases de jeu mexicaines ont systématiquement pâti d’une baisse d’intensité et d’inspiration une fois atteints les 20 derniers mètres. Avec un rythme en dents de scie et une multiplication de mauvais choix de la part des Tuzos, le Wydad a tenu, bien aidé par un axe central Comara-Attouchi sur le fil du rasoir mais toujours propre dans ses interventions. C’est offensivement que les Rouges ont failli. Sans ses flèches El Hadded et Ounajem sur les côtés au coup d’envoi, le champion d’Afrique n’a pas su servir sa perle Achraf Bencharki dans de bonnes conditions. L’ex-attaquant de Saint-Trond Aoulad (au poste de numéro 9) et Khadhrouf ont été transparents. Le milieu de terrain Nakkach-Saidi-El Karti est discipliné mais a été très imprécis dans ses passes. Dans cette configuration-là, le plan de jeu était donc de tenir, et espérer un contre ou un exploit individuel…

Au fil de la seconde mi-temps, l’étau mexicain s’est resserré sur le camp adverse. Pachuca est encore monté d’un cran et s’est impatienté de son imprécision dans le dernier geste. L’hypothèse d’un contre assassin du WAC s’est dessinée, qui plus est avec l’entrée en jeu d’El Hadded qui a mis le feu sur ses premiers ballons et incité la bande de Diego Alonso à plus de vigilance. Mais, plombés par l’expulsion de leur capitaine Nakkach suite à deux fautes rugueuses sanctionnées de deux cartons jaunes (45ème +2 et 69ème) les wydadis se sont résignés à devoir passer l’essentiel de leur temps à contenir les vagues bleues, le temps qu’elles échouent hors du cadre suite à un mauvais choix. Ce scénario opposant une équipe imprécise et qui peu à peu perd sa confiance à une équipe qui ne peut (ou ne veut) que résister avait trois issues possibles : Pachuca à l’arrachée, hold-up du WAC, ou croisière sur mer plate jusqu’aux tirs aux buts. La première issue (sur la frappe de Jonathan déviée par Hachimi) puis la seconde (sur le contre conclu par Hadjouj hors cadre) se sont tour à tour proposées. Mais alors qu’on voguait vers la troisième issue, Jorge Hernandez a choisi de faire triompher la victoire à l’arrachée. Passe laser dans un couloir gauche une nouvelle fois déserté (la fois de trop) pour Jonathan Urretaviscaya, centre pour une tête imparable de Guzman (112ème, 1-0).

Le baroud d’honneur du Wydad en fin de prolongations a non seulement été vain, mais a également suscité des regrets et une question : Avec El Hadded au coup d’envoi et à 11 contre 11, le WAC aurait-il pu faire mieux, moins accepter la domination mexicaine et proposer plus de jeu ? Cela peut être sujet à débat, mais ne change rien aux deux constats : Premièrement, même sans briller, c’est Pachuca qui a trouvé la clé et gagné le droit de défier Grêmio. Deuxièmement, on en est désormais à 5 vainqueurs de C1 Africaine consécutifs à n’avoir qu’un match pour la 5ème place à se mettre sous la dent au Mondial des Clubs. Ça commence à faire beaucoup…

Al Jazira au cerveau

par Nicolas Cougot

Les tribunes s’étaient évidemment quelque peu vidées, la folie du peuple wydadi avait laissé place nette pour la deuxième rencontre de la soirée, celle qui sentait bon l’AFC Champions League. Les mauvaises langues aimaient à rappeler que pendant qu’Urawa avait décroché le titre, Al Jazira n’avait guère brillé en phase de groupe avec une dernière place et deux petits points en six sorties (et accessoirement trois petits buts inscrits seulement).

Aussi, le scénario semblait écrit, Urawa prenait le contrôle de la possession, mais surtout prenait son temps, se montrait parfait gestionnaire comme il avait su l’être au moment du sprint final en ACL. Aussi, le chronomètre défilait, les hommes de Henk ten Cate, annoncés inférieurs (et pour cause) à Al Hilal, fermaient les portes qui pouvaient parfois s’entrouvrir et Urawa ne parvenait pas à passer, cherchant systématiquement à repiquer dans l’axe où Rafael Silva et Kashiwagi venaient s’empaler. Pourtant, les quelques fois où les Reds utilisent les couloirs sont intéressantes, leur seule occasion vient de la droite lorsque Muto centre fort et voit son ballon manqué par Koroki pourtant seul face au but vide. On approche alors de la demi-heure, c’est la première vraie occasion des champions d’Asie. On pense alors qu’ils vont s’appuyer dessus et accélérer. Il n’en est rien. Dans la foulée, Al Jazira met en place ses contres, à base de longs ballons dans le dos de la défense rouge. Sur l’un d’eux, Abe se troue, Mabkhout s’échappe et centre fort, cherchant désespérément un Romarinho parti se cacher au second poteau. Sur le corner qui suit, Boussoufa s’amuse côté gauche, son centre trouve Fayez qui force Nishikawa à sauver les siens. La pause intervient sur ce sentiment qu’à ne pas vouloir véritablement accélérer, Urawa joue un jeu bien dangereux. Misez sur la Coupe du Monde des Clubs en utilisant le code promo PMU.

Mais au retour des vestiaires rien ne change. Domination / possession stérile d’Urawa, toujours incapable de combiner sur les côtés, s’évertuant à s’empaler plein axe. Alors, Al Jazira choisit ses moments pour presser et bondit dès qu’il le sent. Comme sur cette balle dans les pieds de Romarinho qui lance parfaitement Ali Mabkhout plein axe. Le numéro 7 émirati file droit et s’en va ajuster Nishikawa. 1-0 finalement assez logique d’entrée de second acte, le duo offensif des Emiratis fonctionne à merveille.

 

 

Urawa ne s’en doute pas encore (si tant est qu’il soit conscient), mais le piège vient de se refermer. Car les offensives des hommes de Henk ten Cate sont plus tranchantes, plus intelligemment menées avec Boussoufa dans tous les bons coups, Romarinho – Mabkhout souvent justes. Urawa tente de réagir par Rafael Silva qui obtient un corner. La tête de Makino passe au-dessus. L’occasion de s’installer ? Pas vraiment, le chronomètre défile, les espoirs japonais s’amenuisent, les supporters des Reds étant à peine sortis de leur sommeil sur une volée de Kashiwagi. Urawa va attendre la toute fin de match pour s’apercevoir qu’il existe des couloirs sur un terrain de football et se créera deux belles occasions, celle d’une frappe contrée de la main par Fares Juma (qui ajoute une passe en retrait à son gardien) puis une énorme relance de Nishikawa vers Koroki qui centre sur Rafael Silva qui enchaîne contrôle du bras/poteau. Le score n’évoluera ainsi pas, Al Jazira décroche son rêve, celui de jouer le Real Madrid après avoir finalement plutôt bien contrôlé un champion d’Asie toujours aussi prompt à se rater lorsqu’il est attendu.

 

 

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee