Vingt-six ans. C’est le temps qu’il aura fallu attendre avant de voir à nouveau le bleu et le blanc de South Melbourne soulever un trophée national, celui de l’Australian Championship, avant de s’élancer vers l’OFC Pro League en janvier 2026.
Le 6 décembre 2025, South Melbourne FC a enfin retrouvé la lumière, loin de son championnat d’État imposé par la fin de la National Soccer League (NSL) en 2004. La finale de l’Australian Championship contre Marconi, autre monument déchu, avait des airs de nostalgie. Devant près de cinq mille spectateurs à l’Olympic Village, le club de l’Hellas a plié l’affaire en moins de vingt minutes.
C’est d’abord Manny Aguek qui a foudroyé la défense des Stallions après une course solitaire depuis le milieu de terrain dès la onzième minute. Huit minutes plus tard, sur un corner de Max Mikkola, le capitaine Marco Janković s’est élevé plus haut que tout le monde pour placer une tête décroisée imparable. Malgré quelques sueurs froides – notamment une parade de Javier Lopez sauvée de justesse sur sa ligne après une révision vidéo avant la mi-temps – South Melbourne a géré son avance jusqu’au coup de sifflet final. Pour Siniša Cohadzić, arrivé alors que le club luttait contre la relégation en NPL Victoria quelques mois plus tôt, ce titre est l’aboutissement d’un redressement spectaculaire.
De l’effacement culturel à la célébration
Pour comprendre le retour de South Melbourne, il faut plonger dans l’ADN de ce club fondé en 1959 par des migrants grecs sous le nom de South Melbourne Hellas. Né de la fusion de trois clubs (South Melbourne United, Yarra Park Aias et Hellenic aux origines plus lointaines), le club est rapidement devenu le porte-étendard de la diaspora hellénique en Australie. Pendant des décennies, Hellas a dominé la NSL, remportant quatre titres nationaux (1984, 1991, 1998 et 1999) et attirant des icônes comme Ferenc Puskás (entraîneur de 1989 à 1992) avant de voir l’éclosion d’Ange Postecoglou. Mais la révolution de l’A-League en 2005 a souhaité effacer les racines communautaires du football australien, laissant South Melbourne et tant d’autres sur le carreau. Le club n’a cependant jamais abdiqué son identité. Le « Greek Derby » contre Sydney Olympic en phase de groupes (victoire 2-1) a rappelé que cette culture est toujours vivace à l’Albert Park. Depuis cette année, la Fédération Australienne (FA) semble vouloir renouer avec ces clubs historiques via l’Australian Championship, offrant un nouvel élan de rassemblement vingt ans après les avoir écartés.
Il était une fois le football en Australie

L’horizon professionnel
Le trophée de l’Australian Championship décroché, le regard est désormais tourné vers janvier 2026 et l’entrée dans l’OFC Pro League. Pour le club, il s’agit d’un retour en Océanie, une confédération qu’il a marquée de son empreinte en remportant une ligue des champions de la zone qui, en 1999, s’appelait Oceania Club Championship et dont il fut élu club du siècle.
Le passage au statut professionnel pour cette compétition a forcé la direction à renforcer l’effectif. Sous l’impulsion du directeur général, Strati Xynas, South Melbourne doit faire face à un nouveau calendrier : une équipe principale engagée d’octobre à mai pour l’Australian Championship et l’OFC Pro League, puis la réserve sera occupée de février à septembre pour disputer le championnat régional de NPL Victoria. « L’aspect le plus important est que nous travaillons désormais de manière professionnelle, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », explique Strati Xynas. Le club a investi massivement dans son staff technique, incluant des analystes vidéo et des préparateurs physiques de haut niveau pour gérer la transition vers ce nouveau monde professionnel. Pour Sinisa Cohadzic, le défi est de maintenir la recette qui a fait le succès du club en 2025 tout en s’adaptant à l’exigence continentale et ces déplacements. Avec un effectif renforcé pour couvrir tous les fronts, South Melbourne ne se contente plus de rêver du glorieux passé. Il construit déjà son futur.


