À peine éclos, Juan Foyth agite la presse argentine et européenne. Un temps convoité par Tottenham, les derniers échos en font un joueur du Paris Saint-Germain. Pourquoi un tel emballement ? Portrait d’un central au profil bien particulier.
Héritage Pincha
Né le 12 janvier 1998 à La Plata, c’est assez naturellement que Juan Marcos Foyth intègre les rangs d’ Estudiantes, le club dont la famille est hincha, alors qu’il n’a que 11 ans. Nous sommes en 2009 et le petit Foyth prend alors place au milieu de terrain. Il y fera une grande partie de sa formation. Le soir, il passe son temps avec son père et son cousin et apprend à protéger le ballon, travaille son jeu de tête. Enfant, Juan est alors meneur de jeu, ces fameux enganche que seule l’Argentine sait produire et admire son idole d’alors, Kaká qui brille tant au Milan. Tout semble écrit, Foyth sera le futur meneur de jeu des Pinchas. Mais tout va changer lorsqu’il arrive avec la Séptima División (l’équivalent des u16). Martín Gaimaro et Juan Krupoviesa (oui, c’est bien celui auquel vous pensez) vont décider de le replacer, d’abord en position de cinco, ces meneurs de jeu reculés typiquement argentins, puis, à 16 ans, en défense central. « Je savais que j’allais finir par être central car je savais que j’allais continuer à grandir, mon père est très grand, donc je m’imaginais déjà derrière et je m’y suis fait, » déclare-il récemment sur Olé avant de rajouter à quel point les premiers temps seront difficile, le fait de reculer l’éloignant d’un ballon qu’il aimait tant avoir dans les pieds.
Mais qu’importe. Juan Foyth est un garçon équilibré, travailleur et qui aime le football par-dessus tout. Alors il travaille, il apprend, il observe. Oublié Kaká, ses modèles changent avec sa position : « À Estudiantes, on donne beaucoup d’importance aux aspects défensifs. Je ne peux que remercier le club pour cela et pour comment il m’a formé. Maintenant, je prends exemple sur les joueurs qui sont avec moi, Schunke, Desábato et González Pirez. Chaque fois que je vais m’entraîner avec les pros, Desábato et Schunke me conseillent et me donnent beaucoup de confiance, m’apprennent énormément de choses. Et comme j’aime beaucoup le football européen, je cherche à copier Hummels et Piqué ». Ainsi, plus qu’endosser avec facilité son nouveau costume, il progresse et devient une valeur sûre de sa catégorie. En deux ans, c’est l’explosion. Il passe de la Séptima à l’équipe réserve puis tape dans l’œil du sélectionneur des u20 argentins, Claudio Úbeda. Ce dernier fait de Foyth le pilier de sa défense, s’appuyant sur sa capacité à relancer et ne tarit pas d’éloge au sujet de jeune central d’Estudiantes : « Juan a une prestance rare, il a un potentiel énorme. Ses caractéristiques en font l’un des défenseurs du futur. » Un autre homme en est rapidement convaincu : Nelson Vivas. L’entraîneur de la A emmène Foyth en tournée de présaison avec les pros. Début janvier 2017, Juan Foyth signe immédiatement son premier contrat professionnel, il est le premier de la promo 98 à le faire. Six mois plus tard, il compte sept titularisations en championnat dans l’axe central d’Estudiantes et a connu ses premières émotions continentales lors d’un succès en Sudamericana décroché à l’Estadio Victor Agustín Ugarte, le Nido de los Cóndores de Potosí. Le voilà aujourd’hui aux portes de l’Europe, ce football qu’il aime tant.
Nouveaux cinq
On peut toujours s’interroger sur la vitesse fulgurante qu’une carrière peut parfois prendre. Pour Juan Foyth, cette brutale accélération est le fruit de deux éléments : la vitesse d’apprentissage du joueur et son profil peu commun.
À l’image d’Emanuel Mammana, Foyth est un de ces nouveaux type de défenseurs centraux qui ont conservé l’héritage et l’aisance technique de leurs débuts comme meneurs de jeu. Le grand central d’Estudiantes aime jouer avec le ballon, on le voit ainsi souvent avancer tête haute à la recherche de la passe qui va briser une ou plusieurs lignes quand il ne tente pas de perforer par ses dribbles. Cette maîtrise technique lui fait parfois prendre des risques qu’il doit apprendre à contrôler.
Mais, comme Mammana, Juan Foyth est incroyablement mature, il connait ses forces et ses faiblesses. A Olé, il confie son besoin de devoir travailler davantage le marquage, le un contre un, à devoir mieux gérer quand il peut sortir en dribble, tenter une passe ou simplement éloigner le ballon, à surtout ne pas tomber dans l’excès de confiance balle au pied, lui qui, enfant, « ne donnait le ballon à personne » et qui aujourd’hui s’énerve quand il « rate une passe ». L’autre force de Juan Foyth se trouve dans son amour et sa grande connaissance du foot. Lorsqu’on le titille davantage sur l’image défensive d’Estudiantes qui, à première vue, ne colle pas à son profil, du haut de ses 19 ans, il n’hésite pas à donner un cours d’histoire, comme lorsqu’il déclare à Olé : « Mon style représente également Estudiantes, j’ai été formé ici. Estudiantes est issu d’une école très bilardiste mais si vous regardez les équipes que Bilardo a alignées, vous verrez qu’elles jouent toutes bien. Au club, on nous donne cette identité. »
Désigné joueur de l’année 2015 chez les jeunes, passé de la Séptima à l’équipe première en à peine plus d’un an, Juan Foyth s’apprête désormais à découvrir l’Europe, sa terre promise. Cette fois, pas question de Playstation avec Everton, le jeune prodige produit par l'école Pincha compte bien continuer d’écrire son futur sur le terrain et se rapprocher de ses idoles. Si on peut s'interroger sur l'ampleur du montant annoncé du transfert et s'il encore difficile d'affirmer que Foyth réussira en Europe, nombreux sont les jeunes sud-américains à s'être brisés en arrivant trop tôt en Europe (rappelons que Juan Foyth n'a que huit matchs pros dans les jambes, soit une expérience moindre qu'un Mammana dont les débuts français sont encore loin d'être positifs), celui qui est loué pour son sérieux a semble-t-il tout pour réussir. Une certitude, son arrivée annoncée au Paris Saint-Germain sera une occasion supplémentaire pour l'aider à grandir encore plus rapidement.