Suite de notre semaine paraguayenne. Après la sélection, l’avenir et une des légendes au pays, focus sur le championnat paraguayen et ses deux grands clásicos.

Comme nous vous l’avons présenté en début de semaine (voir Des Guaraníes à la touche hollandaise :le Paraguay, berceau du football), le football au Paraguay est une histoire vieille de plusieurs siècles et son championnat est donc naturellement l’un des plus anciens sur le continent. Après les profondes réformes et la création de la future fédération, le premier championnat national est organisé en 1906 avec pour équipes fondatrices Guaraní, Olimpia, Libertad, General Díaz, Nacional et 14 de mayo. Depuis son passage professionnel en 1935, au lendemain de la fin de la Guerre du Chaco, la Primera Division paraguayenne se dispute sans discontinuer et est dominée au palmarès par Olimpia (39 titres) et le Cerro Porteño (30 titres), précédent trois autres des cinq grands du pays : Libertad, Guaraní et le Nacional.

Guaraní, le premier champion

Les amateurs de football connaissent peut être Guaraní pour les facéties de son gardien Pablo Aurrecochea, le Jeremie Janot uruguayen qui amusait le continent sud-américain de ses maillots il y a quelques années. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que le club jaune et noir est l’un des plus anciens du pays, le premier champion de l’histoire du football paraguayen.

Pablo Aurrecochea, le gardien fantasque de Guarani (ne manque que Mickey)

Le 25 juillet 1902, le club d’Olimpia était créé. Un an plus tard, un incident est à l’origine de la création du deuxième club le plus ancien Guaraní. Eté 1903, de jeunes socios d’Olimpia souhaitent jouer sur le terrain de leur club et demande le ballon pour s’entraîner. Le contremaître leur oppose un refus ferme. Ils vont alors voler le ballon avant de devoir s’enfuir du terrain, alerté de l’arrivée imminente de la police sur ordre de William Paats. Usés de devoir éviter les forces de l’ordre, ces jeunes seront à l’origine de la création d’un nouveau club, qui leur permettra de jouer librement quand ils le veulent. Le 12 octobre 1903, le deuxième club voit le jour : nommé Guaraní pour rendre hommage aux ancêtres, le deuxième plus ancien club du pays, adopte les couleurs noires et jaunes, hommage à celles de Francis Drake et à celle de Peñarol dont les frères Melian (deux des fondateurs) furent joueurs. Depuis lors, jamais le club ne changera de couleur. Ce lien étroit entre Olimpia et Guaraní n’aura de cesse tout au long de l’histoire du football paraguayen.

En 1906, Olimpia – Guaraní est le premier match de championnat de l’histoire, l’Aborigen (surnom de Guaraní) terminera champion invaincu devant celui qui l’a engendré. Il en sera de même en 1907. Le Clásico más Añejo vient de voir le jour, il oppose les deux équipes qui ont disputé le plus grand nombre de saisons de Primera Division (toutes pour Olimpia (104), une de moins pour Guaraní (forfait en 1912 en raison d’une épidémie)). Il faudra une autre rivalité, sportive, pour que celui-ci ne reste pas le plus grand clásico du pays.

Olimpia – Cerro Porteño : le Súper clásico paraguayen

Car si Guaraní n’est jamais descendu en seconde division, au palmarès national, il n’arrive en quatrième position derrière Libertad et les protagonistes du véritable Súper clásico Olimpia et Cerro Porteño.

Le premier de l’histoire se déroule en 1913 et sera remporté par le Cerro Porteño, fondé l’année précédente et dont les couleurs rouge et bleues se voulaient celles de l’union nationale (les deux partis politiques qui se disputaient au pays étant le Partido Colorado (rouge) et le Partido Liberal (bleu)). Rapidement, le Cerro Porteño devient le club du peuple qui viendra lutter contre le club de l’élite Olimpia. La rivalité, centenaire, jalonne l’histoire du football paraguayen. Avec 89 titres à eux deux, Olimpia et Cerro Porteño dominent le paysage local, les blanc et noir ayant, à la différence de leur rival rouge et bleu, plusieurs titres continentaux. Ce choc, l’un des plus ancien du continent, offre ainsi aux amateurs de foot une multitude d’anecdotes croustillantes la plus belle restant celle du "Clásico de la Burla" (le Clásico de la moquerie) de 1969, le premier en Copa Libertadores au cours duquel Miguel Ángel Sosa va dribbler la défense d’Olimpia, éliminer le gardien d’Olimpia avant de s’assoir sur la ligne, attendant le retour du portier du Decano pour marquer le but du 2-1.

Le dernier en date, disputé il y a deux semaines, a vu Olimpia accrocher le Cerro Porteño. Si ce résultat nul écarte Olimpia de la course au titre, il laisse toutes ses chances au Cerro Porteño, revenu à deux points du leader et qui jouera une grande partie de ses chances de titre face à l’autre doyen du football local Guaraní dont les espoirs de titre dépendront du résultat du match. C’est justement ce choc entre Aborigen et Ciclon que LO vous proposera de vivre de l’intérieur dès demain

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.