Cette semaine, c’est la Rivalry Week en Major League Soccer ; une semaine où toutes les rivalités prennent place grâce à une petite organisation au niveau du calendrier. Pour l’occasion, Lucarne Opposée vous fait vivre et vous explique les histoires derrière ces affrontements en cinq volets. Direction le grand Nord avec la guerre qui anime le Canada.

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Beaucoup de noms ont été proposé pour nommer cette rivalité canadienne. Le 401, pour l’autoroute située non loin des deux villes de Montréal et Toronto, le Canadian Classique, pour respecter les deux langues ou encore le Derby canadien… Quelle que soit l’appellation, ce match est l’un des affrontements les plus symboliques et politiques qu’il soit en MLS.

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Bien entendu, les deux villes ont déjà de nombreuses rivalités dans d’autres ligues, d’autres sports et même en soccer via les anciennes équipes, de Manic de Montréal au Toronto Metro-Croatians de NASL. C’est le match le plus chargé de haine, de débat et le plus intense qu’il soit en Major League Soccer. C’est la bataille de l’anglais contre le français, du bleu contre le rouge, de l’Ontario face au Québec, une bataille qui se nourrit également d’une rivalité économique, politique et culturelle entre les deux villes canadiennes qui va bien au-delà du sport. Ce sont surtout deux populations bien distinctes, malgré un petit écart (à l’échelle nord-américaine) de 500 kilomètres, qui sont différentes historiquement. Les deux états furent créés par différents groupes de colons, venant de milieu anglophones pour les uns, francophones pour les autres. Dès 1917, la première rivalité commence dans le sport entre les Montreal Canadians et les Toronto Maple Leafs, en hockey. En 1977, soixante ans plus tard, la loi décide que le français soit la nouvelle langue officielle du Québec et plusieurs commerces, entreprises, et populations anglophones émigrent vers Toronto, créant encore plus de frictions entre les deux territoires. Certains disent même que, trente ans plus tard, cette décision fut le début de la fin pour les Expos de Montréal, une franchise de baseball qui déménage à Washington en 2005.

La MLS à Toronto ne commence qu’en 2006 et son rival n’entre dans la ligue qu’en 2012. Cependant, il ne fallut pas attendre cette date pour avoir des matchs légendaires entre les deux équipes, l’Impact existant depuis 1992. En 2009 par exemple, Toronto se déplace à l’Est pour le championnat canadien et écrase son voisin 6 à 1, ce qui lui fait gagner leur premier trophée de leur existence. En 2013, les Montréalais prennent leur revanche, 6 à 0, à Montréal. La rivalité n’est que plus intense quand on sait que l’équipe québécoise a toujours été modelée avec des habitants et amoureux du Québec, dont le capitaine légendaire, Patrice Bernier, ou l’entraîneur Mauro Biello. Elle l’est aussi car oppose deux villes aux antipodes : d’un côté la fierté régionale et historique de Montréal, de l’autre, la modernité et les paillettes d’un Toronto qui s’appuie sur une immigration importante et une jeunesse prometteuse. Si ces derniers ont eu des moments d’extrême faiblesse à leurs débuts dans la ligue, étant notamment surnommé « pire équipe au monde », ils ont néanmoins réussi à se relever ces dernières saisons pour être la première équipe canadienne à gagner la MLS Cup en 2017 avant d’atteindre la finale de CONCACAF Champions League trois ans après Montréal

Preuve de la force de la rivalité ; en 2016, la finale de Conférence Est voit les deux Canadiens s’affronter. Elle est diffusée en direct à la télévision nationale, repoussant ainsi des matchs de hockey. C’est une première. Après une victoire de Montréal 3 à 2 à l’aller, Toronto arrache une prolongation au retour et finit par s’imposer 5-2, écrivant une fois de plus une nouvelle page dans la rivalité canadienne. Les Reds décrochent alors leur première finale de MLS Cup, ils s’inclineront aux tirs au but face à Seattle.

Antoine Latran
Antoine Latran
Rédacteur Etats-Unis pour @LucarneOpposee et @MLShocker, à suivre sur @AntoineLatran et @FrenchSounders