Enfant de l’Azteca devenu commentateur sportif avant de prendre la responsabilité du service presse de l’América et de devenir la voix de ce stade mythique, Francisco Reyes, dit Paquito, est l’une des mémoires vivantes de l’Azteca et de l’América. En partageant son temps avec nous, il ouvre les portes d’un club et d’un stade de légende.

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Vous travaillez à l'América depuis 1999, pouvez-vous nous dire ce que signifie être Américanista ?

Que signifie être américanista…L'entraineur de l'América José Antonio Roca, dans les années 70, le définit très bien : c'est un style de vie. Plus précisément, on considère que c'est un engagement de tous les jours, de faire partie de l'équipe la plus importante, avec le plus fort impact, chez les supporters mexicains et de tout le pays.

Depuis 1999, vous avez connu beaucoup de titres avec l'América, comment vit-on un titre de l'intérieur dans ce club ?

Quand la chaine de télévision Televisa, qui m'employait comme reporter et commentateur sportif, m'a invité, m'a chargé de créer la cellule de presse du Club América, chose qui alors n'existait pas, cela faisait plusieurs années que l'équipe ne transcendait plus ses supporters. Jusqu'en 2002, 13 années ont passé sans que l'América soit champion. Et une institution comme celle-ci ne peut pas supporter tant d'années de sécheresse de bons résultats. Alors à l'époque, l'équipe évoluait en milieu tableau, parfois se qualifiait, pour mieux être éliminé… il y avait une pression populaire et médiatique insoutenable. En 2002, s'est construite une équipe autour de l'entraineur Manuel Lapuente. Avec son expérience, tout a commencé à fonctionner d'une manière, comment dire… ça sentait déjà le titre, avec d'aussi bons résultats. Nous avons finalement gagné la finale contre Necaxa… Ouah ! On a gagné de la manière la plus dramatique qui soit. Cette équipe est habituée aux finales dramatiques. Donc, l'équipe a décroché ce titre grâce à un but, un but en or, marqué par el Missionero Castillo. Ce fut comme si la gloire, la lumière, le succès s'étaient à nouveau ouverts à l'institution. Et ce fut magnifique de sentir, de voir comment se vivait un titre à l'Estadio Azteca. Quelques années ont ensuite passées, et en 2005 l'histoire s'est répétée.

Quels étaient les joueurs du titre de 2002 ? Il y avait Cuau Blanco ?

Non, Cuauthemoc Blanco était physiquement avec la sélection nationale pour la Coupe du Monde au Japon, d'ailleurs c'était émouvant car les gens pouvaient voir à la télévision que les joueurs Américanistas présents au Japon respectaiet la tradition du club et suivaient l'América de là-bas, via une chaine spéciale. En 2002, il y avait des joueurs comme Ivan Zamorano, que vous devez connaitre, il y avait le gardien Adolfo Rios, El Patiño, des gens très courageux.

Pavel Pardo ?

Non Pavel Pardo était aussi au Japon avec la sélection. D'ailleurs, je me souviens qu'il avait reçu un coup, et quand arriva la fin du match de la finale, il était à l'infirmerie. Donc il a su que l'América était champion après avoir reçu un coup sur la tête, de l'infirmerie. En tout cas il l'a vécu oui.

Cette finale de 2002 s'est d'ailleurs joué contre un grand rival local, car Necaxa était alors une équipe de Mexico DF ?

Oui, oui en effet, il y a d'ailleurs eu une grande polémique, car les voix contre l'América ont commencé à dire qu'il y avait un conflit d'intérêt, qu'à faire partie du même groupe un camp aiderait l'autre à gagner, car Necaxa appartenait également au groupe Televisa. Ils en sont sortis quelques années plus tard. Enfin ce que je peux te dire, c'est que ce fut vraiment une finale dramatique, que Necaxa était en train de gagner, où notre gardien a réussi à sortir un but qui leur aurait valu le titre. A propos de ces légendes qui se tissent, certains continuent à les croire encore aujourd'hui, mais ce fut bel et bien une finale dramatique et régulière, qu'a gagnée l'América de manière juste.

Arrive donc ensuite le titre de 2005…

Oui, après un réaménagement comme cela arrive souvent [après un titre], des chemins vers le titre sont allés et venus jusqu'en 2005. Mario Carillo, qui dirige alors l'équipe, mène l'América en finale contre los Tecos de Guadalajara. Il y avait alors des joueurs comme Claudio El Piojo López, que vous connaissez pour sa grande carrière en Italie et en Espagne. Il y avait donc lui comme grand leader, et cette fois-ci, il y avait également Cuauthemoc Blanco, dont c'est le seul titre, actif, sur le terrain, avec l'América. Ce jour-là, dans cette finale au résultat impressionnant [6-3] contre los Tecos, Cuauthemoc était là et a marqué. C'était la folie… Cette finale n'a pas été si facile, je me souviens qu'à l'aller nous avions beaucoup souffert et n'en avions obtenus qu'un nul. Les joueurs étaient rentrés dans le bus la tête basse, avant que ne monte le propriétaire de l'équipe. Il leur a livré un discours très fort qui a fait comprendre à tous les joueurs ce qu'ils étaient en train de jouer. Le voyage retour, de Guadalajara à DF, fut tout de même très pesant, au petit matin, personne ne parlait. Tous étaient certains que le match retour allaient être compliqué, mais également convaincus qu'il fallait absolument sortir un bon résultat d'une manière ou d'une autre. Heureusement, arriva le dimanche et, comme on le dit au Mexique, l'équipe s'est mise à jouer de manière propre, pimpante, correcte. Il en est sorti un résultat assez… ample.

Comment gérait-on un caractère aussi fort que celui de Cuauhtémoc Blanco ?

Si Cuauthemoc est, sur le terrain, un homme avec un fort tempérament, en dehors de celui-ci, et cela tout le monde, surtout les employés, pourront te le confirmer, il est quelqu'un de très généreux, très proche des gens "que l'on ne voit pas" : les employés, les administratifs, les jardiniers etc… Il s'en rapprochait pour savoir si tout allait bien, si quelqu'un avait besoin de quelque chose. Et les gens qui l'ont vu arriver ici, qui l'on vu s'exalter ainsi, l'ont beaucoup aimé pendant le temps où il était en ce lieu.

A cette époque l'América attirait des joueurs d'envergure internationale, comme Zamorano ou López, au contraire des autres clubs mexicains, vous sauriez expliquer pourquoi ?

Cela vient d'un mythe né lorsque l'América a commencé à faire partie du groupe Televisa. Le propriétaire d'alors, Emilio Azcarraga Milmo, entre les années 50 et 60, a clarifié les choses : cette équipe devait s'habituer à tout gagner et dans cette équipe, il devait y avoir les meilleurs joueurs mexicains et les meilleurs joueurs étrangers possibles. Conformément à cette politique, l'América a commencé à chercher les meilleurs des meilleurs là où ils étaient. Le président désigné, Guillermo Cañedo, soutenu par Panchito Hernández, directeur sportif, se sont mis à chercher partout dans le monde où on leur indiquait un talent. Il n'y avait alors pas de vidéo, pas d'internet, et il fallait donc superviser le joueur de manière personnelle, voyager loin pour pouvoir ramener les joueurs les plus précieux.

Nous arrivons ensuite au fameux titre de 2013, qui pour le coup est sacrément dramatique…

Maintenant que tu m'en parles, nous avons parlé du titre de 2002 avec le but en or, que Necaxa aurait aussi pu marquer, qui a eu un scénario très dramatique… mais ce que l'on a vécu en 2013 ! Avec tout qui semblait être contre nous, avec le rival [Cruz Azul] qui célébrait déjà la victoire, lors d'une nuit pluvieuse, cauchemardesque pour certains… quand est arrivé ce corner à la toute fin du match, et que notre gardien Moy Munõz a marqué… ce fut merveilleux… Ce fut… Si quelqu'un avait voulu l'écrire, il n'aurait pas pu mettre autant de drame dans le script, tout le monde l'aurait rejeté car cela ne collait à aucune logique. Enfin, on l'a vécu, ça a été comme ça. Après ce but de notre gardien, l'équipe s'est motivée et a réussi à atteindre la séance de tirs au but. Pour plus de drame encore, ils ratent les leurs : l'un est arrêté par notre gardien, l'autre s'envole au-dessus à cause d'une glissade. Comme on le dit au Mexique, l'América a sorti ce titre avec "les reins et le coeur".

Comment a été la fête après un titre plein d'émotion comme celui-ci ?

Le jour d'après… En fait, ceux qui cherchent le moins la fête sont les joueurs, car ils finissent "vide", mentalement et physiquement. La majeure partie préfèrent rester avec leur famille. Il y a généralement une réunion assez institutionnelle, "el abrazo" [l'accolade], lors de laquelle chacun raconte ses anecdotes, comment chacun a vécu le titre, où l'on retrouve les épouses, les enfants…

Juste après le match ?

Oui, on a très peu de temps pour profiter de ce moment ensemble, avant que tout le monde regagne son foyer pour se détendre… Au final c'est ça qui nous donne la force, c'est la famille. C'est très familial. On prépare un diner, on invite les épouses, les employés, les joueurs, dans un salon privé, il y a également des représentants des sponsors, des parents, des amis, des proches. En fait, on voudrait partager ce moment de bonheur avec tout le monde, mais ça serait très difficile de faire entrer les centaines de milliers de supporters, les joueurs, les employés, les familles, les sponsors dans un même endroit ! Alors, on essaie de faire ce que l'on peut pour que tout le monde en profite.

Après 2013 arrive le dernier titre en date, celui de 2014 contre Tigres…

Déjà, avant Tigres, on joue une autre finale contre León, l'équipe championne titre d'alors, qui cherchait à faire le doublé. Choses qu'ils ont réussi. Une mauvaise soirée pour nous… une équipe qui n'est pas de la capitale est sacrée à l'Azteca… Et cela a injecté dans l'équipe une force de volonté pour prendre sa revanche. Avec Antonio Mohamed comme entraineur, nous réalisons un tournoi quasi parfait, avec beaucoup de points, du début à la fin, c'est une équipe très bien conditionnée qui est arrivée en Liguilla et pour la grande finale. En fin de compte, est arrivé un triomphe qui paraissait plutôt compliqué, mais qui l'a finalement plus été pour eux. Cette nuit-là… cette nuit-là je crois qu'il faut noter le fait que le public s'est comporté d'une manière magnifique. Avant même que l'équipe arrive, le stade était plein. Quand ils sont arrivés, c'était chant sur chant, "Vamos al América, esta noche, tenemos que ganar", et le public n'a cesser de soutenir l'équipe un seul instant. Ce fut une nuit magnifique, un rêve.

Vous avez également des titres en CONCAChampions. Est-ce que l'on en tire la même émotion que pour un titre national ?

La CONCAChampions en tant que telle, pendant des années au Mexique, était vu comme un tournoi auquel on se devait de participer pour des questions de statuts, de règlement, mais avec la participation d'équipe populaire comme l'América, le niveau a augmenté. Avant, les stades étaient peu remplis pour cette compétition, mais il se trouve que le public de l'Azteca a bien répondu présent pour l'América. Le niveau a donc augmenté en terme d'effervescence et d'émotion, les gens ont donné pour l'équipe. Ces deux titres, qui nous ont envoyé à la Coupe du Monde au Japon, ont été validé dans un stade plein, donc maintenant oui : c'est la même charge émotionnelle.

Estadio Azteca, 50 ans de légendes

Quelle est la plus grande ambiance que vous avez vu avec l'América dans l'Estadio Azteca ?

Si on parle de l'Azteca, je vais faire une petite pause : ma famille vit vraiment près de l'Azteca, j'ai donc pu voir comment il a été érigé. Avec mon regard d'enfant, j'ai vu une partie de la construction du stade, c'était majestueux… Avec le temps, c'est donc devenu un lieu très spécial pour moi. En tant que supporter, j'ai pu y voir l'América des années 70, et voir comment le concept "Un grand stade pour une grande équipe" est devenu une réalité. Je me rappelle aussi y avoir commenté la finale rêvée contre notre plus grand rival, Guadalajara.  C'était la saison 83/84, lors de laquelle l'América a remporté un titre incroyable. Des fleuves de personnes en train de chanter, de célébrer ce triomphe très important, surtout après que notre gardien Zelada est arrêté un pénalty. Plein de situations comme celle-ci. Et voir l'Américanismo grandir dans ce lieu aussi, des supporters très fiers de leur stade, de leur équipe et qui s'approprient les histoires [du club]. Ici, on a vécu des moments formidables, de grands succès, mais aussi des moments très dramatiques, des éliminations, des défaites… Mais je pense qu'il y a plus de bons moments, que d'amertume.

Quel est votre plus grand souvenir dans l'Estadio Azteca avec l’América ?

Je crois… il y en a tant… L'arrêt de Hector Miguel Zelada contre les Chivas, la tête de Moy et le titre de 2013, le but en or de Hugo Norberto Castillo en 2002… Et voir les gens heureux, avoir été là quand est né le chant "Vamos América, esta noche tenemos que ganar", ça avait commencé dans une "porra" [ultras] et ça a été repris par tout le stade, ça aussi ça a été un moment plein d'émotions.

L’Azteca, c’est aussi la maison de la sélection.  Quels sont vos plus grands souvenirs avec la sélection ?

Je crois que passion pour le football est née dans ce stade. En 1970, mon père m’a amené voir Mexique – El Salvador. Le Mexique s’est imposé 4-0 et je suis resté impressionné par la ferveur des gens pour la sélection. C’est alors que le football est entré dans mes veines. Le Mundial de 1970 fut merveilleux. Pour celui de 1986, je faisais partie des commentateurs et je me souviens du but de Manuel Negrete contre la Bulgarie, une chilena impressionnante. Et comme spectateurs, je me souviens du but de la main de Maradona.

Vous l’avez vu ?

Oui, de derrière le but. Quand est venu le centre…je me souviens aussi du deuxième but, quand il arrivait face à nous et qu’il a marqué ce but qui était un poème.

Comment le stade a vécu ces deux buts ? Par exemple, les gens ont vu la main ?

Non. J’étais derrière le but, un peu sur la gauche et il nous avait tous semblé qu’il avait mis la tête devant Peter Shilton. Voir Diego Maradona que vous diriez « petit » [en français dans le texte], contre un Shilton connu pour sa force et pour sa capacité à dégager quand il sortait. C’était incroyable, comment avait-il pu le battre ? Le lendemain – il n’y avait pas de réseaux sociaux, sinon on aurait su –, un journal de l’époque, El Heraldo de Mexico, publie sur sa une que le but était de la main. La photo a gagné un prix international car elle montre clairement le moment où Maradona touche la balle du poing. Et là, tout le monde a réalisé. C’était un mensonge, il a mis la main ! ça a alors été un scandale. Mais je me souviens aussi de ce but qu’il marque en partant dans son camp. Ouah ! Le stade a explosé. C’était un midi, il s’est mis à pleuvoir de la bière mais aussi des fleurs, il pleuvait des pétales de fleurs car ce but était un poème. C’était une chose merveilleuse. La technique dont il faisait preuve, la façon de conduire le ballon, de le garder et comment il a conclu. C’était incroyable.

Comment se vit un Clásico contre le rival américain à l’Azteca ?

C’est comme un América – Guadalajara. Le football a tant d’importance au pays que ce match se vit avec une extrême passion. Aujourd’hui, sur le terrain, c’est plus serré. Autrefois, il y avait une vraie domination du Mexique et aller voir un Mexique – USA était presque la garantie de voir le Mexique triompher. Aujourd’hui, c’est différent, tout peut arriver mais cela se vit toujours avec une grande passion, une grande ferveur.

D’autant plus après les déclarations de Trump ? (NDLR : au moment de l’entretien, Donald Trump n’avait pas encore été élu Président des Etats-Unis)

Bien sûr. Si aujourd’hui se présentait un match entre les deux, la situation me laisse penser qu’on courrait le risque de vivre des situations qui dépassent le football.

Cela pourrait devenir violent ?

Non. Je pense tout de même que les gens connaissent les limites et savent où commence le sport. Historiquement, il y a un vrai contexte, le territoire, le social et politique…plusieurs choses. Mais il y a aussi beaucoup de respect.

L’Azteca est aussi le théâtre des Clásicos du pays. Ceux-ci peuvent conduire à des débordements ?

Le public mexicain sait où commence le sport et où s’arrête la politique, le social…il y a une éducation pour voir un match de football quelle que soit les circonstances. Au Mexique, l'América joue un Clásico contre tout le monde. A l'Azteca contre les Pumas, Guadalajara, Cruz Azul… presque tous les matchs deviennent des Clásicos, car les autres équipe grandissent contre l'América, ils donnent tout et font le match de la saison contre l'América. Donc ce que dégage l'América en terme d'image, en sa faveur ou contre lui, est totalement polarisé. Que l'on soit pour ou contre, l'environnement de l'América est quelque chose de très passionnel.

Il n’y a jamais eu de débordements autour de ces Clásicos à l'Azteca ?

Et bien… je me souviens… les Clásicos en général sont plein de frictions entre les uns et les autres, pour des désaccords… Mais il y a toujours énormément de sécurité, aujourd'hui il y a un gros service de sécurité. Avant, il y avait d'autres circonstances, une autre ambiance, et même si la sécurité a toujours été une priorité, les éléments étaient différents. Aujourd'hui ça seraient plus compliqué… Voyez dernièrement a donc eu lieu le Clásico contre les Pumas, avec qui les relations sont froides, et tout le monde s'est bien comporté, sans jamais cessé de supporter leur équipe avec passion. La réception par le service de sécurité a été bien contrôlée et la situation a été bien gérée. Il n'y a pas eu de débordements.

América – Pumas : le Clásico capitalino de l’intérieur

Un épisode malheureux fut un match de Libertadores, contre l'équipe brésilienne de São Caetano, ce fut lamentable… les passions ont débordé et en plus le résultat n'a pas été bon.

Ce sont les mexicains ou les brésiliens qui avaient commencé ?

Bon… je suis Américanista, je pourrais te dire que ce sont eux, mais il faudrait voir les vidéos. Ce fut une nuit de frustrations, de violences, où on a vu voler une brouette dans une tribune. Cela s'est transmis jusque sur le terrain avec pour conséquence de grosses sanctions pour les joueurs et le stade, qui a pris un match de huis-clos par la CONMEBOL. Alors comme je te le dis, qu'il y ait des bons ou des mauvais : cela a eu lieu, ça s'est passé.

On aborde ce thème parce que ce qui nous a surpris lors du match face au Pumas, c’est de voir les supporters des deux camps ensemble, de voir des familles avec des supporters des deux camps…. Ce sont des choses inimaginables par exemple en Amérique du Sud.

C’est l’essence même du Mexique. J’espère que votre séjour au Mexique vous a permis de l’entrevoir. Le Mexicain par nature est aimable, cordial. Malgré les situations qu’il vit au jour le jour, c’est son idiosyncrasie. Ce phénomène se retrouve dans le football. Dans une famille, la mère pour supporter une équipe, le fils une autre, le père une troisième. Tous auront le maillot de leur équipe. J’ai un ami uruguayen qui me disait que pour un Peñarol – Nacional, il ne pouvait le voir avec son épouse et partait de la maison un jour ou deux. Ici, la ligue et les clubs ont fait beaucoup, avec succès, pour défendre la structure du football familial.

Et que ce passe-t-il quand l'América voyage au Mexique ?

Cela peut être hostile. L’environnement, surtout quand les équipes avancent dans le classement peut être pesant. En général, ça arrive peu fréquement. De moins en moins. Tout est fait pour préserver le football familial. Mais si tu me demandes si ça arrive avec toute le monde, ça arrive surtout avec l'América. Quand nous arrivons en province, c'est un jour spécial pour l'autre équipe. Le stade est garanti d'être plein. Les gens de la ville qui ne supporte pas l'équipe local, viennent tout de même pour voir perdre l'América. Et les Américanistas, qui sont présents dans tout le pays, nous sommes "la moitié, plus un", viennent voir leur équipe, c'est une bonne opportunité de les avoir proche de nous. Je crois que, sans être parti-prenant, que cette situation arrive plus souvent à l'América qu'aux autres, voilà pourquoi on dit que nous sommes l'équipe la plus polémique de tout le football mexicain.

BONUS LO : Francisco Reyes vous fait revivre le but du miracle inscrit par Moisés Munoz face à Cruz Azul (pour en savoir plus : Au cœur de l’América, épisode 4 : les miracles de Moisés)

 

 

Photos et propos recueillis par Simon Balacheff, Nicolas Cougot et Pierre-Marie Gosselin à Mexico.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.