Troisième semaine de compétition et déjà les premiers verdicts tombent pour certains. Alors que les argentins ratent leur semaine, les brésiliens dansent et les mexicains continuent de survoler; Le point du dimanche avec en prime un inside argentin.

Douze rencontres au menu de la semaine et déjà les premiers tournants pour certains. Dans le groupe 5, Melgar jouait déjà son avenir lors de la troisième journée et s’est vu, avec une nouvelle défaite concédée à domicile, déjà mis hors course par Independiente del Valle. Alors que Boca et Racing ont offert une parodie de match dans une Bombonera d’une tristesse sans égale suite au huis clos sanctionnant les incidents du Superclásico de la Libertadores 2015, Central rate son déplacement au Brésil, tombant face à Palmeiras. La semaine est bonne pour les brésiliens avec le précieux succès du Corinthians dans le choc du groupe 8 face à Santa Fe et le carton de Grêmio face à la LDU. Pendant ce temps, alors qu’aucun uruguayen ne parvient à marquer cette semaine, Peñarol se faisant même piéger par Huracán au Centenario, le Mexique n’en finit plus de montrer sa puissance avec des Pumas qui s’imposent au Paraguay face à un Olimpia en pleine crise et avec un Toluca qui accroche le vainqueur 2014, San Lorenzo. Mais de ce match, il en est question dans notre inside de la semaine.

 

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Melgar 0 – 1 Independiente del Valle

Olimpia 0 – 2 Pumas

Peñarol 0 – 1 Huracán

Atlético Nacional 3 – 0 Sporting Cristal

The Strongest 2 – 1 Trujillanos

Nacional 0 – 0 The Strongest

Grêmio 4 – 0 LDU Quito

Corinthians 1 – 0 Santa Fe

San Lorenzo 1 – 1 Deportivo Toluca

Boca Juniors 0 – 0 Racing

Palmeiras 2 – 0 Rosario Central

Bolivar 5 – 0 Deportivo Cali

par Bastien Poupat à Buenos Aires pour Lucarne Opposée

Après avoir remporté l'édition 2014 et être sorti par la petite porte en 2015, San Lorenzo retrouvait la Copa Libertadores ce mercredi dans son stade Pedro Bidegain dans une rencontre les opposants aux mexicains de Toluca. L'occasion de reprendre les bonnes habitudes pour LO et vous offrir comme chaque dimanche un Inside dans la plus importante des compétitions continentale en Amérique du Sud.

Dans notre véhicule arpentant les rues de Boedo, nous pouvons déjà apercevoir une multitude de maillot de San Lorenzo, les bus scolaires servent à acheminer les Peñas locales et on sent que ce rendez-vous à une saveur particulière. « Nous n’avons déjà pratiquement plus le choix. Aujourd'hui il faut gagner après la défaite à Quito face à la LDU. Nous savions d'entrée que ce groupe était compliqué, cela ne fait que se confirmer » nous explique Matias, 26 ans avant de poursuivre« Nous jouons vraiment bien depuis l'arrivée de Pablo Guede. A Quito nous n'avons pas reconnu l'équipe, l'altitude ne nous a certainement pas aidés mais il faut faire avec. Surtout que le déplacement au Mexique à Toluca sera aussi à plus de 2.000 mètres d'altitude. C'est pour cela qu'il faut prendre le maximum de point à domicile ». Effectivement, dans un groupe que l'on peut surnommer le groupe de la mort, tous les points vaudront leur pesant d'or et San Lorenzo, avec aucun point au compteur, serait bien inspiré de gagner ce soir face à des mexicains qui en comptent trois après leur victoire 2-0 face au Grêmio lors de la première journée. L'heure du match commence à approcher, nous passons désormais sur l'Avenida La Plata où se trouvait à l'époque le Viejo Gasometro et où se trouve actuellement un supermarché Carrefour, après un passage devant la Sede du club où de nombreux dessins appelant les hinchas à se mobiliser pour acheter leur mètre carré pour le retour à Boedo recouvrent les murs, nous arrivons dans la villa de Bajo Flores pour rejoindre le Nuevo Gasometro.

La Ciudad Deportiva est déjà bien remplie. Les supporters de San Lorenzo préparent le match à leur manière, Fernet-Coca pour certains, bières pour d'autres et les premiers chants résonnent déjà. Tickets déjà en main, nous pénétrons dans la popular San Lorenzo une demi-heure avant le coup d'envoi. Pendant que le Nuevo Gasometro se remplit tranquillement, les joueurs mexicains entrent à l'échauffement alors que de son côté, Torrico, San Torrico comme il l'est surnommé ici, entre sous une superbe ovation avant que le groupe de Pablo Guede soit accueilli de la même manière. Quelques minutes avant la rencontre la Butteler, Barra-Brava de San Lorenzo, fait son entrée accompagnée comme à l'accoutumé de drapeaux, parapluie aux couleurs du club et tambours alors que toute la popular reprend « Queremos la Copa » (Nous voulons la Coupe) dans une énorme ambiance. Le match peut démarrer.

Un San Lorenzo sans inspiration face à un mur mexicain

Dès le coup d'envoi, les ambitions du Ciclón sont claires. Les 10 joueurs de champs se placent très haut sur le terrain pour presser les visiteurs. Et on peut dire que cela fonctionne. San Lorenzo a la possession du ballon, les transmissions se succèdent avec succès et Toluca est inexistant pour le moment. A la 12ème minute de jeu cela va finir par payer quand Flores vient déséquilibrer Cauterruccio dans la surface, penalty. La popular explose et les « olé olé olé olé Gordo Gordo » résonnent désormais. Oui car à San Lorenzo qui dit penalty dit Nestor Ortigoza surnommé Gordo (Le gros) qui dans sa carrière a loupé seulement un seul penalty en 31 tentatives lui qui petit remportait déjà des concours de penalty dans la favela où il a grandi pour ramener un peu d'argent à la famille. Pour la petite anecdote, le gardien « bourreau » de l'époque se nommait Nelson Ibanez. La 32ème tentative sera elle aussi couronnée de succès, 1-0 pour San Lorenzo dans un stade en liesse. Pas pour longtemps. A peine quelques secondes en réalité, puisque dans l'action suivant le coup d'envoi les Mexicains viendront égaliser après un bon mouvement collectif que conclura Carlos Esquivel d'une frappe surpuissante laissant impuissant Sebastián Torrico. Un partout mais l'ambiance ne retombe pas et les chants redoublent même de puissance ! Les visiteurs seront même tout près de profiter une nouvelle fois du désordre dans la défense du Ciclón quand Darío Botinelli perdra son face à face avec Torrico. Après ces 20 minutes vertigineuses, le match retombe en intensité, en précision mais aussi en émotion. L'équipe de Boedo retrouve la possession, mais ne trouve pas la profondeur pour perforer la défense surpeuplée de la formation dirigée par le paraguayen José Saturnino Cardozo. 1-1 à la pause.

Emmanuel Mas pour Ezequiel Cerutti, un changement surprenant qui sera le seul à la pause. San Lorenzo repasse à quatre défenseurs après avoir démarré la rencontre avec trois et le plan de Guede semble assez clair : passer sur les côtés pour mettre à mal la défense mexicaine qui se dresse comme un mur face aux attaques répétées mais stérile des locaux. Mais à force de butter sur la défense de Toluca, San Lorenzo perd patience et s'expose de plus en plus ce qui a failli profiter à Antonio Ríos qui voit sa frappe passer à quelques centimètres du poteau de Torrico. De leurs côtés, les supporters de San Lorenzo ne lâchent rien et continuent leur spectacle en tribune, c'est désormais le « Vengo del barrio de Boedo », qui a accompagné en 2011 l’équipe qui luttait pour ne pas descendre en seconde division, qui est entonné par tout le stade dans une ambiance assourdissante et une magnifique gestuelle. Ce chant est devenu mythique un soir d’été 2011 à Buenos Aires, où la hinchada est restée plus d’une heure à chanter malgré la défaite face à Independiente « Même dans les mauvais moments, je t’accompagnerai toujours ». Vous l’avez sûrement reconnu, ce chant a aussi inspiré le tube de l’été par les fans de l’Albiceleste lors du Mondial « Brasil decime que se siente » et est aussi énormément repris dans les stades du pays comme à Quilmes, Nuevo Chicago ou encore Boca Juniors quand il s’agit de rappeler au plus grand rival River Plate qu’il est un jour descendu en Primera B Nacional. Cet air s’est aussi propagé aux stades du monde entier jusqu’à Gerland (lire Brasil, decime que se siente). Plus les minutes s'écoulent et plus Toluca semble être tombé amoureux du ballottage favorable que ce match nul lui apporte cédant le ballon et se réfugiant dans son camp. Malgré une frappe de Mussis qui vient fracasser la barre transversale, San Lorenzo ne trouve pas la clef et doit se contenter d'un point et de la dernière place du groupe 6 après deux journées, dans lequel les Mexicains sont aux commandes avec quatre points. Malgré la superbe ambiance assurée, les hinchas de San Lorenzo ne décolèrent pas et la frustration est de mise après la prestation des leurs et surtout celle de Toluca. Mais deux ans plus tôt personne n'oublie que San Lorenzo a remporté la première Copa Libertadores de son histoire avec aux commandes el Paton Bauza de la même manière dont ont joué les mexicains ce mercredi.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.