Sixième semaine de compétition et pendant que les Mexicains se promènent, les Argentins se replacent. Reste que tout est encore bien ouvert dans bien des groupes. Résumé de la semaine et inside bouillant à Rosario.

Le dénouement est proche dans la phase de groupe et certains d’entre eux ont déjà élus leurs qualifiés. C’est le cas des groupe 6 et 7 qui sont tous deux dominés par les Mexicains, Toluca étant quasi assuré de sortir premier du groupe de la mort devant Grêmio, San Lorenzo et la LDU quand les Pumas ont écrasé leur groupe 7, étant assurés de la qualification tout comme l’est la surprise de la semaine, le Deportivo Táchira qui a parfaitement géré ses matchs à domicile pour s’assurer au minimum la deuxième place. Autre qualifié, le Nacional qui s’offre un dernier point face au compatriote River Plate et prend quatre points d’avance sur Palmeiras. Pour le reste, tout est encore ouvert. Dans le groupe 1, les géants River Plate et São Paulo atomisent leurs rivaux sur des scores de tennis mais pourrait se retrouver dans une situation compliquée en fonction du résultat de leur affrontement direct lors de la prochaine journée. Dans le groupe 3, les deux argentins Racing et Boca prennent les commandes, La Academia pouvant s’assurer la qualification en cas de succès face aux Xeneizes au Cilindro lors de la prochaine journée. Un match que Bolívar et Cali suivront avec attention dans l’espoir de rester en vie. Dans le groupe 4, Huracán prend son destin en main en chipant la deuxième place à Cristal. Ailleurs, tout reste ouvert et on aura droit à des luttes à trois. Colo-Colo sauve les meubles en s’imposant au Pérou et reste au contact du duo MineiroIndependiente del Valle, Grêmio, San Lorenzo et la LDU joueront la deuxième place à distance, alors que Corinthians, Santa Fe et Cerro Porteño en feront de même dans le groupe 8, les paraguayens pouvant prendre la première place en cas de succès face à un Cobresal déjà éliminé. Reste enfin le dernier billet du groupe 2 qui devrait se jouer entre Central et Palmeiras, sujet de notre inside de la semaine.

 

cliquez sur le score pour accéder à la feuille de match et au résumé vidéo correspondants

Huracán 4 – 2 Sporting Cristal

Táchira 1 – 0 Emelec

São Paulo 6 – 0 Trujillanos

Deportivo Toluca 2 – 1 LDU Quito

River Plate 6 – 0 The Strongest

Rosario Central 3 – 3 Palmeiras

Independiente del Valle 3 – 2 Atlético Mineiro

Santa Fe 1 – 1 Corinthians

Pumas UNAM 4 – 1 Olimpia

River Plate (Uru) 2 – 2 Nacional

Boca Juniors 3 – 1 Bolívar

Racing 4 – 2 Deportivo Cali

Melgar 1 – 2  Colo Colo

par Bastien Poupat à Rosario pour Lucarne Opposée

Nous sommes en début d'après-midi dans la ville de Rosario dans la Province de Santa Fe. Match en semaine oblige, les rues de la ville bordée par le Rio Parana sont assez clairsemées contrairement à ce que nous avions pu constater lors du clasico Rosarino face aux Newell's Old Boys il y a quelques semaines (lire Inside Rosario Central - Newell's Old Boys : au coeur du plus chaud des clásicos). Nous profitons de l’avant match pour aller à la rencontre d’un Mauro Cetto, absent de la feuille de match (car toujours en convalescence) mais toujours aussi disponible. « Cela va être difficile ce soir, comme toujours face à une équipe brésilienne en Copa Libertadores. Mais j'ai l'espoir que nous allons assurer notre qualification devant nos supporters. Au match aller ce fut un attaque-défense, nous aurions dû l'emporter avec même un penalty manqué de Marco Ruben et au final nous avons ramené un seul petit point. C'est pour cela qu'il faudra se méfier, » nous explique-t-il avant de livrer son impression sur le football brésilien dans son ensemble « Le foot au Brésil est à l'image de ce que traverse actuellement le pays. Une situation chaotique. Économiquement c'est la crise et cela se ressent dans le football. Les stades sont vides, la formation a été laissée à l'abandon et les clubs n'ont plus d'argent. C'est dommageable pour ce pays qui est un pays avec une véritable culture football mais malgré cela, la plupart des équipes brésiliennes posent toujours de gros soucis à leurs adversaires et sont en course pour la qualification ».

 

Quelques heures plus tard, nous décidons de rejoindre l'Estadio Gigante de Arroyito situé aux angles des rues Avellaneda et Genova. Les supporters canallas commencent eux aussi à noircir les rues adjacentes et l'arrivée des fans de Palmeiras est tendue avec quelques échauffourées qui éclatent de part et d'autres néanmoins vite maitrisées par les forces de l'ordre présentes en nombre en ce mercredi soir. « C’est un peu chaud mais fallait s'y attendre. Si l'on gagne ce soir on se qualifie en huitième de finale de la Copa Libertadores. Surtout face à une équipe qui ne nous réussit pas même si nous les avons affrontés qu'à trois reprises dans toute l'histoire avec deux nuls et une défaite » nous explique Patricio, la cinquantaine, cheveux grisonnants et supporter de Central depuis son plus jeune âge.

Alors que nous entrons dans notre tribune, la Barra-Brava locale, Los Guerreros, que le journal Clarin avait classé parmi les plus violentes du pays peaufinent leur tribune en installant les bandes jaune et bleu ainsi que le tifo prévu pour l'occasion. A quelques minutes de la rencontre, l'ambiance monte d'un cran, le traditionnel «brasileiro brasileiro que amargado se te ve, Maradona es mas grande que Pele » est entonné et se passe de traduction même pour les hispanophones. Les 22 acteurs peuvent faire leur apparition sur le terrain.

Palmeiras gâche la fête

Comme à l'accoutumée au Gigante de Arroyito, le recibimiento est impressionnant et en ferait frissonner plus d'un ! Du côté de la popular où se trouve la Barra-Brava, un voile sans équivoque est de sorti avec la phrase « Matamos por estos colores » (Nous tuons pour ces couleurs) alors que le virage d'en face opte pour un drapeau argentin avec l'inscription « Somos Rosario » (Nous sommes Rosario) lançant un nouveau message à leurs plus grands rivaux que sont les Newell's Old Boys. Le stade est en fusion et le match peut démarrer. Après une première incursion dangereuse des brésiliens dans les toutes premières secondes de jeu, Palmeiras, beaucoup plus agressif, est très vite récompensé par Gabriel Jesus à la 5ème minute de jeu, son troisième but de la compétition. Premier coup de froid dans le stade mais la réponse des fans de Central est claire, les chants redoublent de puissance pour pousser les leurs à revenir au score. Central reprend au fur et à mesure la possession du ballon mais de manière stérile et ne met que très peu en danger les brésiliens dans ce premier acte. « Ponga huevos Central que ganamos » (Pose tes couilles Central que nous gagnions) s’époumone désormais la hinchada avant que Lo Celso, la pépite rosarina, ne voit son coup franc très bien repoussé par Prass. L'ambiance devient complètement folle et les Canallas semblent se réveiller après 30 minutes, Donatti égalise sur coup-franc. L'Arroyito explose et tremble sous nos pieds ! 1-1 à la 32ème minute ! Alors que l'on se dirige vers ce score nul à la pause, un coup-franc est sifflé pour les brésiliens et Gabriel Jesus place sa tête au fond des filets de Sosa. 1-2 à la pause, la deuxième douche froide est plus douloureuse pour les fans Canallas, il reste désormais 45 minutes à Central pour retourner la situation alors qu'un début de bagarre éclate sur le terrain avant le retour aux vestiaires. La deuxième période promet.

Dès le retour des vestiaires les brésiliens reprennent comme ils avaient démarré la première. Gabriel Jesus trouve le montant avant que Robinho ne bute sur Sosa. Une double occasion énorme, mais le miracle fait que Central reste en vie pour le moment. « Central te acelera el pulso » (Central t’accélère le pouls) peut-on lire sur une banderole dans la platea… On ne peut que lui donner raison quand sur le coup-franc qui suit Donatti combine avec Cervi qui pique sa balle devant Prass, deux partout. C'est à nouveau du délire dans le stade, si près du 1-3, Palmeiras concède l'égalisation à la 50ème minute. Le match devient alors complètement fou et suite à un nouveau corner et une faute sur Musto l'arbitre de la rencontre indique le point de penalty. Les fans de Central savent que la qualification et peut être au bout du pied de Marco Ruben, certains ne préfère ne pas regarder mais contrairement au match aller, l'ancien joueur d'Evian Thonon Gaillard ne tremble pas et envoie au paradis la hinchada canalla ! 3-2 à la 67ème minute.

Mais Central aime se faire peur et quelques minutes plus tard c'est Edu Dracena qui vient catapulter de la tête le ballon sur la barre. L'atmosphère est irrespirable et les nerfs de Gabriel Jesus, premier buteur de la rencontre, ne le supportent pas. L'attaquant voit rouge après un mauvais geste et mettra du temps à se calmer avant de retourner aux vestiaires. A 11 contre 10, on pense alors que Central va tenir cet avantage qui l'envoie en huitième de finale de la Copa Libertadores mais sur un nouveau coup de pied arrêté Palmeiras égalise par l'intermédiaire de Lucas Barrios. 3-3 à la 75ème, tout est à nouveau à refaire pour les joueurs de Rosario qui se heurtent désormais à un bus devant le but brésilien dans un match plein de rebondissements. Malgré les tentatives de Marco Ruben, puis de Donatti et la plus franche pour Fernandez, Central devra se contenter du partage des points après avoir évolué plus de 20 minutes en supériorité numérique. Sur le plan comptable, les Canallas ont toujours leur destin entre leurs mains comptant toujours 3 points d'avance sur leurs rivaux du soir avant la dernière journée de ce Groupe 2 qui s'annonce palpitante.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.