24h après avoir découvert le Nuevo Gasometro, l’heure était venue de rencontrer le Cilindro et se rendre compte par nous même si la hinchada de La Academia méritait son titre auto-décerné de meilleure hinchada du monde.

Se rendre à Avellaneda demande du temps. Petite ville située à près de 10 kilomètres du centre de Buenos Aires à laquelle on n’accède qu’après avoir franchi l’un des ponts sur le Rio de la Matanza, connu aussi sous le nom de Riachuelo. Nous sommes à une trentaine de minutes du début du match lorsque notre chauffeur nous dépose aux abords du Cilindro que nous n’apercevons pas encore. Le temps de remonter quelques rues où vendeurs de maillots succèdent aux vendeurs de boissons et autres nourritures, la foule monte dans le calme vers le stade.

Lorsque vous suivez le football argentin à la télévision, vous savez à quel point le Cilindro est un stade à part tant par son architecture que par son atmosphère. Lorsque vous y allez, la première sensation confirme ce que vous pensiez : ce stade est une merveille. A peine en tribune, vous vous retrouvez tellement près de la pelouse que la sensation de chaudron est immédiate. Pas d’hésitation, vous êtes dans un vrai stade de foot. Au pied de la platea, les enfants jouent sur de petits terrains dessinés à la peinture pendant que leurs parents suivent le match. Le football est partout. L’ambiance monte avec l’entrée de la Guardia Imperial qui précède celle des joueurs emmenés par le capitaine Milito, l’iconique gardien Saja et la star du moment Bou que le peuple albiceleste tente de faire rester aux sons des « Bou no se va », ils retentiront à plusieurs reprises pendant le match.

Face à un Vélez qui n’avait finalement rien d’autre à proposer que son impact physique, le Racing a alors rapidement pris le contrôle du match. Patient, prenant le temps de construire ses offensives et servir l’intenable duo Bou – Milito qui fait peser un danger permanent sur les lignes arrières adverses, le Racing allait obtenir un penalty pour une main de Pellerano. El Principe Milito s’avançait alors, le stade retenait son souffle pour mieux exploser mais Alan Aguerre sortait la frappe du capitaine albiceleste. Ce n’était que partie remise.

Car la domination tranquille du Racing allait lui permettre d’obtenir un second penalty quelques minutes plus tard lorsque Bou était fauché par Emiliano Amor. Le meilleur buteur de la Libertadores décidait alors de se faire justice lui-même, le Cilindro pouvait exploser. A la différence du Nuevo Gasometro qui bien que bruyant reste un stade ouvert, le Cilindro est pour sa part totalement fermé et le son ne s’échappe pas. Conséquence, si le volume moyen de la hinchada albiceleste est peut être un ton en dessous de celui de celle de San Lorenzo, lorsqu’elle décide de monter le son, le bruit est impressionnant, sans aucune équivalence et vous saisit.

Porté par son stade, le Racing écrase un Vélez sans imagination qui s’en remet au jeu en pivot de Mariano Pavone pour espérer inquiéter les hommes de Cocca, ce que le Fortin fera à quelques occasions en fin de première période, réclamant à juste titre un penalty pour une main d’un joueur du Racing sur un centre de l’ancien Millonario, provoquant un joli échange d’amabilités entre notre platea et la tribune réservée aux dirigeants et proches du Fortin, et notamment Raúl Gámez, président de Vélez. 1-0 à la pause, le Cilindro attend la libération. Elle intervient en début de seconde mi-temps sur corner lorsque Washington Camacho vient couper au premier poteau.

Libérés la Guardia Imperial et tout un stade n’en finissent alors plus de chanter à la gloire des leurs, de les remercier pour la campagne de Libertadores mais aussi d’en profiter pour faire quelques clins d’œil à leur meilleur ennemi vêtu de rouge. Reste que sur le terrain, La Academia, qui contrôlait parfaitement la rencontre, attend de se retrouver en supériorité numérique pour se faire peur. Corner côté droit, Grillo surgit au poteau, Vélez revient à un but sur un quasi copier-coller du but de Camacho. Habitué à faire peur à ses hinchas, le Racing ne va cependant pas craquer. Il reprend le contrôle de la partie et offre un instant magique : Bou perfore l’axe de Vélez, frappe sur Aguerre mais Milito récupère le ballon et offre une merveille de but pour faire définitivement exploser le Cilindro aux sons des « Milito, Milito ! ».

Le reste n’est qu’allégresse. Les Olé succèdent aux chants, le Cilindro fête les siens, le bruit est immense, son intensité vous prend, vous submerge. Les frissons comme jamais vous n’avez pu en avoir auparavant dans un stade. Ne cherchez pas, il n'y a aucun équivalent en France, rien ne peut servir de point de référence pour une comparaison. Grillo pète une durite, Vélez termine à neuf, la fête est totale dans les tribunes qui en profitent pour saluer (une dernière fois ?) un Gustavo Bou une fois encore exceptionnel. Au coup de sifflet final, personne ne quitte le stade, les chants se poursuivent, les joueurs saluent la Guardia Imperial, l’intensité de la joie est telle qu’elle déborde de partout. Le Racing s’impose 3-1 dans une ambiance unique, laissant des souvenirs plein les yeux et surtout plein les oreilles lorsque, après avoir marché au milieu du peuple albiceleste et traversé la Plaza Adolfo Alsina où trône la statue de Nicolás Avellaneda à qui la ville doit son nom, nous regagnerons le centre de Buenos Aires. 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.