Alors que le championnat devient de plus en plus passionnant, une fois encore, le week-end argentin aura viré à la catastrophe. Ce week-end en Argentine, un homme est mort d’avoir assisté à un match en tribune.

 

 

L’horreur

On aurait aimé se concentrer sur le football. Loin des affaires et petites magouilles de l’AFA, loin de tout l’imbroglio autour des sélections. Non, celui du championnat, passionnant qui voit Boca perdre du terrain et River revenir comme une fusée à un mois du Superclásico. On aurait aimé parler de ce football argentin que l’on aime tant. Mais une fois encore, il a dérapé. Une fois encore, le scandaleux, l’insoutenable, l’insupportable, l’inadmissible.

Pour le retour du clásico cordobés dans l’élite argentine, on s’attendait à un Kempes en fusion, à un grand spectacle comme seule l’Argentine sait les offrir. On aura eu l’horreur. Il y a d’abord eu cette violence devenue ordinaire, celle dont Diego Frydman, hincha Pirata, a été victime, touché par une balle tirée par les policiers escortant les joueurs de Talleres en avant-match, sans qu’aucune explication ne puisse être donnée à ce geste aussi gratuit qu’incompréhensible. Bilan, un œil touché, un séjour à l’hôpital et une opération avec l’espoir de ne pas complètement perdre la vue.

La vue, on aurait aimé la perdre sur les images des tribunes. Lorsque la mort a été filmée en direct, partagée par tous les grands médias argentins, ceux-là même qui s’insurgent de la violence qui gangrène leur sport mais alimentent leurs rubriques « vidéo » de scènes toutes plus scandaleuses les unes que les autres mais que finalement ils contribuent à banaliser en en faisant de simples objets de buzz. Un homme est mort ce week-end en Argentine. Tout le monde s’est indigné, tout le monde y est allé de son communiqué. Mais tous ont partagé les photos et vidéos de cet homme jeté de la tribune, gisant au bas des marches, sans jamais se demander si finalement, le sang de leurs images n’alimentait finalement pas ces cellules cancéreuses qui se multiplient dans et autour des stades argentins. Emanuel Balbo est mort ce week-end, il était hincha de Belgrano, il était venu assister au clásico cordobés, il avait 22 ans.

Au milieu du sang, le football

Comment parler football dans un tel contexte ? The show must go on parait-il, les temps modernes qui alignent les victimes et réduisent des vies à de simples statistiques feront probablement oublier le drame du Kempes. Il faut dire que ce football est cynique. Alors que l’Argentine est touchée par l’horreur, son championnat prend une dimension supplémentaire avec les résultats des leaders.

Car devant, Boca pensait tranquillement gérer la venue d’un Patronato encore sous le choc d’un 0-5 reçu à domicile la semaine passée. Et finalement, même si Benedetto a donné l’avantage aux siens juste avant de rentrer aux vestiaires, Boca a trouvé le moyen de ne pas gagner ce match. Si les Xeneizes n’ont pas livré leur meilleure prestation de 2017, on se demande tout de même encore comment il leur est possible d’avoir été contraint au nul face à Patronato. Car les occasions, Boca les a eues, à l’image de celle, incroyable de mauvais choix de Pavón à moins de 10 minutes de la fin du match qui aurait donc clos les débats. Mais Boca a gâché. Et Boca s’est fait reprendre sur une erreur de débutants, sur la seule frappe des visiteurs. Et Boca manque l’occasion de s’envoler. Car derrière, Newell’s a été accroché par Estudiantes et San Lorenzo est tombé face à Zampedri, le monsieur plus du Decano.

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Conséquences, les bonnes affaires sont faites par les poursuivants, à commencer par le plus grand : River. En déplacement sur le terrain d’un Tigre privé de fin de match face au Racing la semaine passée, River a passé une mi-temps à chercher à jouer dans le camp adverse, à se procurer des situations gâchées par manque de justesse, mais a réussi à s’en sortir, se sauvant parfois de justesse (les hinchas millonarios remercieront par exemple Casco et Batalla ou la décision d’invalider le but de Cachete Morales pour une faute peu évidente sur Moreira), grâce l’inévitable but de Driussi qui se l’est jouée opportuniste sur une mauvaise remise de Galmarini. Alors River a refermé son piège, Mora le revenant s’est offert un deuxième but et le Millo se retrouve désormais à hauteur d’Estudiantes, à un point de Newell’s, à six de Boca. Autre grand gagnant, le Racing qui restait donc sur un match inachevé contre Tigre (match interrompu par la pluie après 23 min et le score de 1-1). Comme à son habitude et depuis l'arrivée de Coca, le Racing aime tirer (La Academia possède le meilleur ratio du championnat) et aime mettre du rythme. Avec son 4-4-2 dans lequel l’association de la jeunesse de Lautaro Martínez et de l’expérience de Gustavo Bou (en attendant le retour de Licha) a mis du temps à se mettre en place face à Sarmiento et son bloc compact, le Racing a fait la différence notamment sur un mouvement de grande classe de sa pépite qui a éliminé deux adversaires avant d’ouvrir la marque peu avant l’heure de jeu. Comme pour River, le plus dur était fait et moins de dix minutes plus tard, servi par el Huevo Acuña, Martínez s’offrait un doublé.  Malgré la réduction du score tardive des Verdes et une barre transversale qui tremblait en fin de partie, le Racing se replace et pourrait bien profiter du match en retard mercredi contre Tigre pour se relancer définitivement pour les places en Libertadores. Dernier grand gagnant de la semaine, Colón qui, depuis l’arrivée d’Eduardo Domínguez empile les victoires et se prend à rêver de Libertadores à son tour (le Sabalero n’est finalement qu’à un pont d’Estudiantes et River).

Ailleurs, signalons la deuxième victoire de la saison pour Arsenal, qui coule un Huracán toujours englué en queue de classement, mais aussi la victoire mensuelle de Vélez face à Olimpo. Le Fortín a tout de même réussi une chose : s’imposer enfin à l’extérieur. Pendant ce temps, Defensa y Justicia sauce Beccacece grappille des points et recolle petit à petit au wagon de la Sudamericana (même s’il en reste encore six à remonter), un wagon duquel se rapproche encore plus Rosario Central, revenu de Temperley avec un précieux succès, le quatrième en cinq matchs.

Les buts 

Résultats

argj20r 

Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.