Vingt-troisième week-end de football en Argentin au cours duquel la pression et la passion sont montées d’un cran. Car si la lutte pour les accessits est dense, celle pour le titre reste encore bouillante.

En se rendant à l’Estadio Único de La Plata, Boca se savait en danger, affrontant un Estudiantes qui bien que rentré dans le rang, reste toujours aussi compliqué à bouger. Pour ce choc au sommet entre amateurs de Libertadores (10 titres présents sur le terrain, 6 pour Boca), on aura été servi, comme un parfait avant-goût de ce qui nous attend le week-end prochain. Engagé (euphémisme), accroché (autre euphémisme), le duel a débuté par une forte pression exercée par le leader Xeneizes qui manquait cependant de précision pour se montrer véritablement dangereux. Alors Estudiantes équilibrait quelque peu les débats, cherchant à sortir rapidement en contres et à trouver Viatri mais finalement, les principales émotions du premier acte restaient les penalties réclamés par les deux camps, Boca pour une faute d’Ascacibar sur Darío Benedetto (faute commise sous les yeux de Silvio Trucco), Estudiantes pour une faute de Rossi sur Juan Cavallaro suivi du craquage d’un Nelson Vivas surchauffé qui faisait exploser sa chemise blanche lorsqu’exclu. Le scénario ne variait pas en seconde période, Estudiantes se repliait pour contrer, Boca manquait globalement d’idées pour faire sauter le verrou à l’exception de cette occasion de Benedetto qui piquait son ballon devant Andújar mais voyait Schunke sortir le ballon sur la ligne. Ce sera la plus belle occasion du match. Malgré quelques autres situations en fin de partie, Boca ne pouvait s’imposer et concédait ainsi un nul qui laissait l’opportunité à ses poursuivants de se rapprocher.

Et tous ou presque en ont profité. Car derrière Boca, Newell’s a cédé au terme d’un match énorme. Car en plein climat de fortes tensions entre joueurs et dirigeants, conséquence de problème économiques qui touchent le club, la Lepra accueillait Independiente au Marcelo Bielsa au cours d’un duel qui n’a pas mis bien longtemps à devenir fou. Dès la 26e seconde, Formica trouvait Amoroso dont le centre faisait passer le premier frisson au sein de l’arrière garde du Rojo. Malheureusement pour les hommes d’Osella, ils allaient subir deux coups durs. Le premier venait des pieds de Martín Benítez qui s’échappait côté gauche et servait à l’opposé Bustos dont la frappe déviée trompait Pocrnjic. On jouait alors la troisième minute. Deuxième coup dur, cinq minutes plus tard lorsque San Román se blessait et devait sortir. De quoi assommer les locaux qui pourtant réagissaient alors qu’Independiente semblait contrôler la partie. Maxi Rodríguez côté droit cherchait à centrer, Erviti coupait de la main, Nacho Scocco pouvait alors égaliser sur penalty. Le match restait enlevé, chaque formation cherchant à imposer un rythme effréné. Il allait basculer en début de seconde période. Martín Benítez restait cette machine à perforer les défenses adverses et offrait à Rigoni le but du 2-1 dès le retour des vestiaires. Les hommes de Holan pouvaient dérouler, montrant leur fluidité collective parfaitement complétée par les talents individuels. Parmi eux, celui de l’hommes des polémiques albicelestes, Ezequiel Barco, que le président du club et accessoirement vice-président de la fédération ne veut pas laisser partir en sélection u20. Le pibe du Rojo s’amusait côté gauche et déposait le but du 3-1 sur la tête de Gigliotti. Le Puma était resté muet lors des deux matchs précédents, il s’offrait un doublé qui scellait définitivement le sort du match et lui permettait de confirmer son retour en forme (4 buts en 5 matchs). Qu’importe la réduction du score en toute fin de match par l’immortel Maxi Rodríguez, malgré un peuple leproso qui n’aura eu de cesse de chanter, Newell’s s’incline chez lui et rate l’occasion de revenir talonner Boca.

independiente

Autre perdant du week-end, Colón. Depuis l’arrivée d’Eduardo Domínguez, le Sabalero est inarrêtable, enchaînant les succès, sept consécutifs, une première dans l’histoire du club en Primera División. De quoi donner une certaine confiance à l’heure d’accueillir un Atlético Tucumán qui réalise également un début d’année presque parfait, ayant l’assurance de poursuivre son aventure continentale. Alors d’entrée de match, Christian Bernardi lançait le premier avertissement en direction de Cristian Lucchetti, Colón démarrait pied au plancher avant de se faire piéger à la demi-heure, une fois encore par l’intenable Fernando Zampedri qui, seul plein axe, pouvait tranquillement ajuster sa tête pour donner l’avantage au Decano. Le buteur maison, qui avait ressenti une douleur au genou, allait sortir avant la pause, on ne savait pas encore que Tucumán venait de perdre son atout offensif numéro 1 pour deux mois. Entre temps, Ismael Blanco avait égalisé pour les locaux, le match restait disputé, serré, promis au nul. Pourtant, après avoir été sauvé par sa barre transversale, le Decano frappait de nouveau en toute fin de partie, David Barbona donnant alors l’avantage aux hommes de Pablo Lavallén alors qu’il restait moins de 10 minutes. Le coup était dur pour le Sabalero mais la confiance engrangée par la série de victoire allait aider. Colón dominait la fin de match, sans parvenir à trouver la faille jusqu’à une nouvelle frappe d’Iván Torres qui permettait d’offrir aux hommes de Domínguez un point mérité qui malheureusement ne leur permet pas de prendre place sur le podium.

ortigoza

Cette place est pour l’un des gagnants de la semaine, San Lorenzo. Après une période de doute, le Ciclón semble véritablement de retour. Totalement relancé en Libertadores, au point d’avoir désormais son destin entre ses mains, San Lorenzo accueillait une autre équipe en forme en ce moment, Rosario Central, qui arrivait privé de Marco Ruben suspendu et touché par le drame du décès de son grand-père, sauvagement agressé par des cambrioleurs une dizaine de jours auparavant. Le début de match était à l’avantage des pensionnaires du Nuevo Gasómetro qui se créaient les premières situations notamment grâce au duo Merlini – Belluschi mais el Ruso Rodríguez jusqu’au penalty accordé en faveur des locaux après une main de Leguizamón. El Gordo Ortigoza pouvait s’amuser d’une panenka, San Lorenzo virait justement en tête à la pause après avoir gâché deux autres belles situations, une frappe sur la barre signée Mussis et un face à face perdu par Blandi. Après un copier – coller en début de seconde période, San Lorenzo reprenait sa marche en avant et était récompensé peu avant l’heure de jeu par un but de Matías Caruzzo qui concluait un joli mouvement collectif. Le match était alors plié. Pensait-on. Car Central ne s’avouait pas vaincu. Profitant d’une erreur de Botta, les Canallas revenaient dans la partie grâce à Teo Gutiérrez et s’offraient un final à suspense, passant tout près d’une égalisation sans le sauvetage de Navarro devant la frappe de Carrizo. San Lorenzo s’impose de nouveau, signe une deuxième victoire consécutive après deux défaites et revient désormais à cinq points de Boca, prenant place sur le podium et résistant à la meute des équipes à 42 points.

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Cette meute est menée par River Plate qui accueillait Temperley au Monumental avec la ferme intention de capitaliser pour s’offrir un Superclásico décisif dans la course au titre. Alors, les Millonarios chercheront à oublier le premier acte assez insipide pour ne retenir que la seconde période, celle qui aura vu la bande à Gallardo maîtriser totalement son adversaire et proposer par moment de grandes séquences de football. Pourtant à la lutte pour sa survie, Temperley ne se présentait pas non plus en victime expiatoire, rasséréné par les victoires face à d’autres grands comme San Lorenzo ou le Racing. Revenus au score avant de rentrer aux vestiaires, les Gasoleros avaient cherché à jouer haut, à repousser le plus loin possible River et y étaient en partie parvenu pendant 45 minutes. Mais le chronomètre a fini par creuser les écarts. Lorsque River a accéléré en seconde période, Temperley n’a plus pu résister. Peu après l’heure de jeu, et un penalty transformé par Lucas Alario, River a posé sa patte sur le match et n’a plus desserré son étreinte. Emmené par un excellent Pity Martínez, le Millo a déroulé, Sebastián Driussi a mis son traditionnel but, Camilo Mayada s’est offert un golazo, River cartonne et revient donc à sept points de Boca, à quatre virtuellement s’il s’impose dans son match en retard face à l’Atlético Tucumán. Autrement dit, la bande à Gallardo est virtuellement second du championnat à quelques jours du Superclásico.

Reste que la réalité du moment fait de River un candidat au podium, leader du club des 42 points qu’il forme avec le Racing, vainqueur sur la plus petite des marges au Cilindro face au Gimnasia, sauvé par sa pépite Lautaro Martínez et Banfield qui de son côté, s’appuie sur l’idole Dario Cvitanich pour écarter Sarmiento. Derrière Boca, ils sont ainsi huit à se tenir en quatre points alors que la prochaine journée sera celle des Clásicos. Autant dire qu’on l’attend avec grande impatience.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.