Alors que la dixième journée se dispute ce week-end, la Superliga est aux mains du Racing. Mais derrière La Academia, géants et sensations de début de saison mènent la poursuite. Le point.

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Leadership et occasions manquées

S’il n’est clairement pas question d’affirmer la moindre passation de pouvoir entre le double champion Boca Juniors et l’actuel leader, le Racing, les hommes de Coudet ont cependant démontré qu’ils restaient l’une des meilleures équipes de Superliga, bousculant un demi-finaliste de Libertadores qui pour sa part a démontré un énorme caractère (on n’en doutait pas vraiment). Dans un choc au sommet des plus chauds et marqué par quelques belles polémiques à l’Argentine, entraînant ainsi des sanctions contre Barros Schelotto et Coudet (La force du Racing réside dans sa capacité à sentir le rythme, une capacité symbolisée par le rôle central joué par Marcelo Díaz, mais aussi à voir ses trois de devant se porter immédiatement dans la surface tout en restant assez proches les uns des autres, laissant ainsi le couloir aux montés des hommes placés derrière eux et ainsi générer rapidement du danger. À chaque récupération rapide, La Academia se projette aussi rapidement, les deux buts l’illustrant parfaitement : récupération de Solari percée dans le couloir pendant que les offensifs sont en un contre un avec l’arrière garde adverse sur le premier, récupération de Mena, passe immédiate vers les avant-postes, combinaison à trois entre Zaracho, Cristaldo et Licha plein axe sur le deuxième. Deux transitions rapides qui avaient tué le Racing en Libertadores face à River et qui désormais font que la bande à Coudet est presque imprenable en championnat. La preuve, on a longtemps cru que Boca allait être renversé et sans le caractère de son duo Wanchope – Pavón, les Xeneizes auraient sans doute quitté le Cilindro avec une défaite. Depuis la triste nuit du Monumental, Arias avait préservé ses cages inviolées, faisant tomber le record de Saja mais ratant de quarante minutes d’aller chercher celui de Cejas, record établi lors du titre de 1966. Boca a rappelé qu’il était le patron de la Superliga depuis deux saisons en mettant fin à ce record à la 626e minute et donc ainsi ramener un 2-2. Un résultat qui avait alors freiné le Racing.

D’autant que la Academia ne sait jamais faire les choses de manière simple, la souffrance est inscrite dans le sang de ses hinchas. Aussi, quand l’occasion de se donner de l’air en tête se présente après que l’Atlético Tucumán a concédé deux résultats nul, la bande à Coudet trouve le moyen de trébucher face à l’autre club de la ville, San Martín Tucumán qui n’avait jusqu’ici jamais connu le savoureux goût de la victoire. Conséquence, si le Racing reste leader, la menace de la concurrence est réelle, Unión, qui s’en est notamment allé humilier Central au Gigante de Arroyito, pointant à deux longueurs.

Géants en embuscade

Du côté des autres géants, si l’on n’est pas encore dans le top 5, on n’en est tout de même jamais bien loin. Engagés encore en Libertadores, Boca et River ont clairement défini leurs priorités mais n’en demeurent pas moins encore dans les temps, bien calés en embuscade. Le double tenant du titre n’est qu’à cinq points du Racing, son grand rival de Nuñez à sept mais compte un match de retard. Preuve que River est dans le coup, la première défaite est intervenue au cours de la neuvième journée au Cementerio de Los Elefantes face à Colón alors qu’el Muñeco Gallardo avait clairement fait le choix de l’impasse sur le match, alignant une équipe bis (ce qui sera encore le cas pour la réception d’Aldosivi au Monumental). Cette défaite a tout de même brisé une incroyable dynamique, celle de 32 matchs sans défaite, nouveau record au pays, ajoutant une ligne prestigieuse de plus à la page des records de Gallardo depuis son arrivée sur le banc du club il y a quatre ans.

Un temps concerné par la Libertadores, Independiente est dans les même temps de passage que celui qui l’en a sorti, River. Treize points en huit matchs disputés (un de retard donc sur le leader et une position virtuelle sur le podium de la Superliga), une machine lancée (trois victoires sur les cinq derniers matchs, la dernière face à Huracán), il n’est clairement pas question de s’affoler du côté de la bande à Ariel Holan, son Rojo est dans le coup.

Manque donc à l’appel le cinquième grand, San Lorenzo, ancrée à la dix-huitième, même si la bande au Pampa Biaggio dispose d’un match de retard pour revenir dans le bon wagon des accessits à la Sudamericana et, avec l’élimination en Sudamericana, peut désormais se concentrer sur la Superliga. Manquent aussi des outsiders habituels : Estudiantes traine dans la même zone et se retrouve dans la même situation que le Ciclón comme Central, qui n’a plus gagné le moindre match depuis la quatrième journée après avoir lancé sa saison par trois succès) et Newell’s, qui éprouve également bien des difficultés. Reste le cas du finaliste de la Libertadores 2017, Lanús. Le Granate initie un nouveau cycle et a enfin mis fin à six mois sans le moindre succès en s’imposant face à Patronato, la lanterne rouge. Mais avec sept maigres petits points pris en dix matchs disputés, Lanús se traîne en queue de classement et court le risque de vivre une saison bien difficile si Zubeldia ne trouve pas rapidement la bonne recette.

Courants philosophiques

Dans un pays qui aime encore souvent vivre dans une description manichéenne du football en opposant menottisme et bilardisme, il est toujours des exemples qui s’opposent et permettent aux deux camps de poursuivre leur lutte. Ainsi, on va trouver d’un côté des Atlético Tucumán et Unión qui misent sur le respect absolu de l’organisation. Celle du magicien Zielinski chez le Decano, ciselée au fil des années avec Belgrano, encore et toujours appliquée avec les Albicelestes du Nord. Celle aussi de Leonardo Madelón avec sa défense à trois centraux et son milieu dense très compliqué à bouger. Dans les deux cas, une efficacité qui porte les clubs dans le top 6.

On va trouver aussi deux clubs qui profitent de ce début de saison pour montrer que le jeu peut être la voie du salut. En 2015, l’Aldosivi de Teté Quiroz avait assuré son maintien et même frisé la Sudamericana en produisant un jeu séduisant, fait d’intensité et de philosophie offensive. Trois ans plus tard, le Tiburón est dirigé par Gustavo Álvarez mais suit le même principe avec son 4-3-3 offensif qui permet à son équipe d’être dans ce wagon en suivant la philosophie du gagner ou mourir (5 victoires, 4 défaites). L’héritage du jeu est aussi présent du côté de Defensa y Justicia et ce qu’importe le technicien qui prend place sur le banc. Après Cocca, Holan, Vivas et Vojvoda, Beccacece est revenu à Florencio Varela, les résultats qui s’ensuivent sont la démonstration du greffe qui a parfaitement prise. Pression rapide dès la perte de balle, transitions rapides avec notamment deux milieux excentrés qui ouvrent les espaces, el Halcón est séduisant et surtout porte le costume du leader virtuel, lui qui est désormais à cinq points du leader avec deux matchs de retard et surtout un statu d’invaincu qu’il porte seul avec Tucumán. De quoi continuer d’alimenter cet éternel lutte entre courants de pensée qui ne sont pourtant pas aussi éloignés qu’on veut bien nous le faire croire. De quoi surtout continuer de bousculer la hiérarchie et animer encore la Superliga.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.