Pour débuter l'année 2020, Lucarne Opposée vous propose de suivre l'AFC Championship U23 qui se déroule en Thaïlande. Toutes les équipes n’ont qu’une seule idée en tête : se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo cet été. Pour cela, il faudra être sur le podium.

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Groupe A : festival thaïlandais

Premiers de cordée, Lions et Kangarous s’affrontent dans un stade clairsemé. Comme prévu, les Australiens vont imposer un défi physique important auquel répondront des Irakiens au pressing agressif. Se rendant coup pour coup, les deux équipes offriront finalement une première mi-temps terne, à peine entrecoupé d’un but annulé de Touré pour une faute au préalable. La deuxième mi-temps commence sur les mêmes bases et on peine à avoir quelque chose à se mettre sous la dent, jusqu’à ce sublime coup-franc de Piscopo qui nettoie la lucarne d’un Kadhim impuissant. On se dit alors que les Australiens vont enfoncer le clou mais il n’en est rien, et c’est même Qasem qui égalise d’un tir tendu hors de portée de Glover (77e). Bonne opération pour l’Irak, mauvaise pour l’Australie, surtout que les Olyroos devront se coltiner le pays-hôte déjà en très grande forme lors du prochain match.

Soutenus par une foule fervente, les Thaïlandais de Nishino n'ont quant à eux pas tardé à se mettre en évidence en asphyxiant la défense bahreïnie. Et ce qui devait arriver arriva : bien lancé dans sa course par Sarachat, le wonderkid de 17 ans, Mueanta, crucifie aisément Ammar Ahmad (11e). La première mi-temps est rythmée, marquée par quelques percées de part et d’autres mais Bahreïn ne parvient pas à porter le danger sur les cages de Nareechan et sa superbe coiffure digne de Godefroid de Montmirail. Et en deuxième mi-temps, les Thaïlandais portent l’estocade : suite à un festival côté droit, Supachok et son nom de sucette humilient Karani et battent un Ahmad trop passif (47e). Les Bahreïnis s’enhardissent et tentent quelques combinaisons mais aucune ne portent ses fruits. Et avec tant d’espace derrière, ils se font vite punir par des Thaïlandais gourmands. Lancé côté droit par Thawornsak, Mueanta achève les rouges et tue le suspense à la 79e. Nareechan garde ses cages vierges et, même lorsqu’il est battu, le goal de Hashim est annulé pour hors-jeu. Ecœurés, les Bahreïnis encaissent deux nouveaux buts de Wonggorn à la réception d’un superbe centre de Panthong (87e) puis à la suite d’une balle en profondeur de Kanitsribampen (92e). Les Thaïs envoient un gros signal aux futurs adversaires, ils sont tout feu tout flamme !

Groupe B : le Japon surpris d'entrée

Pour son entrée en lice dans la compétition, le Japon d’Hajime Moriyasu devait faire face à son adversaire numéro un dans la course à la première place du groupe en la personne de l’Arabie saoudite. Déjà qualifiés pour les Jeux Olympiques en tant que pays hôte, ce tournoi n’a donc qu’une importance relative pour les jeunes Nippons par rapport aux autres équipes engagées. Et ce premier match ne leur laissera pas de grands souvenirs. Tout s’est joué en deuxième période après un premier acte sans but et marqué par une grosse parade de Keisuke Osako. Abdulrahman Ghareeb profite de l’attentisme de la défense pour servir parfaitement Al-Khulaif qui peut ouvrir la marque dès la 48e. Le Japon réagit vite et prend le contrôle du match. L’égalisation de Ryotaro Meshino, seul « européen » du groupe japonais, arrive logiquement dans la foulée. Les Saoudiens subissent mais restent solides. C’est finalement un gros cadeau de Taiyo Koga qui leur offre les trois points. Sa passe en retrait complétement loupée amène à un penalty transformé par Ghareeb, le héros du jour. L’Arabie saoudite prend donc déjà une vraie option sur la première place alors que le Japon ne devra plus faire de faux-pas sous peine d’une possible grosse déconvenue. Réaction attendue dimanche après-midi face à la Syrie qui a bataillé jusqu'au bout face au Qatar.

Entre la génération Aspire et la génération ayant grandi dans la guerre, on ne donnait pourtant pas cher de la peau des jeunes Syriens. Et pourtant. Tout commence extrêmement mal, avec une ouverture du score signée Abdurisag après une horrible erreur d’Al-Bakri sur un centre de Hannan, le tout après même pas une minute de jeu. Mis sous pression par un bon centre d’Ahmad, Yosief Mohammad dévie le ballon dans son propre but et double l’avantage qatari (21e). Mais les Syriens ont de la ressource : dix minutes plus tard, le coup-franc de Koaeh est bien repris de la tête par Barakat qui redonne espoir aux siens. Les Syriens poussent et se procurent quelques belles occasions mais rien ne rentre. Jusqu’à la 92e : on se dirige vers une victoire du Qatar lorsque Adi fait une faute sur Abdurisag. Le Qatar balance la balle n’importe comment, celle-ci est récupérée et remontée tout en haut par les Syriens, la défense qatarie panique, Al-Hallak s’arrache pour piquer le ballon à Bayati et servir idéalement Dali esseulé au point de penalty. Très belle opération des Syriens tandis que les Qataris vont regretter amèrement leur désinvolture des dernières minutes.

Groupe C : la Corée du Sud s'en sort bien, l'Iran cale

En mission pour leur avenir, les jeunes sud-coréens se doivent de se qualifier pour les Jeux Olympiques pour caresser du bout des doigts l'espoir d'éviter le service militaire. Mais pour cela le chemin est long. Il passait d'abord par un match compliqué face à une équipe chinoise bien regroupée et dangereuse en contre. Notamment grâce à Zhang Yuning, qui doit malheureusement sortir sur blessure peu avant la mi-temps. Compétition terminée pour le jeune avant-centre de Beijing Guoan. Toujours en difficulté pour se créer des occasions franches, si ce n'est une frappe de Kim Dae-won beaucoup trop centrée sur le portier chinois, la Corée du Sud a fini par trouver la faille en toute fin de rencontre grâce au duo de Busan I'Park, Lee Dong-jun – Kim Jin-gyu. Le second trouvait le premier d'une superbe ouverture permettant au MVP de K League 2 d'offrir la victoire aux Guerriers Taeguk (1-0, 93e). Si les Chinois peuvent nourrir quelques regrets, les Sud-coréens réalisent une bonne opération dans ce groupe C malgré leur prestation plus que moyenne.

Dans l'autre match, à priori intéressant entre le dernier vainqueur, l'Ouzbékistan, et l’un des challengers potentiel, l'Iran, pas de vainqueur. La première mi-temps est totalement à l’avantage des Iraniens qui, s’ils ont du mal à s’offrir des occasions franches, squattent la balle et le camp ouzbek. À la 23e pourtant, Sayyadmanesh déborde et centre pour un Shojaei complètement esseulé qui n’a plus qu’à pousser la balle au fond. Las, l’ailier du Nassaji Mazandaran parvient à renvoyer la balle à l’envoyeur… Ce loupé enhardit les Ouzbeks qui parviennent dans la surface iranienne pour la première fois en trente minutes. Et il ne leur faut que sept minutes de plus pour ouvrir le score, alors que Abdukhalikov est crocheté dans les seize mètres par Najjarian. Kodirkulov transforme et met les Loups blancs aux commandes d’un sacré hold-up. Au retour des vestiaires, les Iraniens passent la seconde et sur l’engagement, Gahedi est tout proche de remettre les pendules à l’heure au bout d’un festival technique mais échoue sur Nematov à qui il fait également goûter sa semelle. Et finalement, Dehghani parvient à égaliser au bout d’une abnégation totale (deux tirs repoussés, le troisième est le bon) à la 58e. Cinq minutes plus tard, Sayyadmanesh, encore lui, décale Mohebi mais celui-ci envoie son tir dans les nuages. Plus rien ne sera marqué, l’Iran peut regretter sa maladresse, lui qui avait dominé cette partie en long et en large (1-1).

Groupe D : la Jordanie prend les devants

Dans le groupe des outsiders, le Vietnam et les Émirats arabes unis ne sont pas parvenus à se départager (0-0). Dans une rencontre globalement dominé par les Émiratis qui ne sont pas parvenus à inquiéter comme il se doit Bùi Tiến Dũng, le Vietnam aurait pu réaliser le hold-up parfait en toute fin de rencontre. Après un petit numéro de Nguyễn Quang Hải dans la défense adverse, Nguyễn Tiến Linh récupérait chanceusement le ballon mais sa frappe en pivot trouvait Mohammed Al Shamsi sur son chemin (85e). Puis Bùi Hoàng Việt Anh ne parvenait pas à cadrer sa tête alors qu'il était totalement démarqué sur corner (87e). Ce match nul permet donc à la Jordanie de prendre les devants suite à sa victoire sur la Corée du Nord. D'entrée de match, la défense des Nord-coréens était prise de vitesse par Yazan Alnaimat mais la main ferme de Kang Ju-hyok retardait l'échéance (11e). Dominés, les Nord-coréens se sont mis à la faute juste avant la pause. Sur un nouveau débordement d’Alnaimat sur le côté gauche, Jong Kum-song tentait de l'arrêté mais de manière irrégulière. Mohammad Bani Atieh ne se faisait pas prier pour ouvrir le score sur pénalty (1-0, 46e). Au retour des vestiaires, Alnaimat, encore lui, profitait d'une nouvelle erreur adverse pour se présenter face à Kang Ju-hyok qui remportait de nouveau son duel face à l'attaquant jordanien et maintenant la Corée du Nord dans le match. Pas pour longtemps puisqu'à la 74e, Omar Al Zebdieh doublait la mise suite à une tête de Alnaimat repoussée par la transversale (2-0). La réduction de l’écart de Ryang Hyon-ju en toute fin de match (2-1, 91e) ne change rien, la Jordanie s'impose et s'installe en tête du groupe.

 
Par Boris Ghanem, Baptiste Mourigal et Nicolas Treuscor
Baptiste Mourigal
Baptiste Mourigal
Rédacteur Asie, spécialisé Corée du Sud (K League, KFA) à suivre sur @KleagueFR