Neuf ans après la dernière édition, la dixième Coupe Arabe a vu le sacre de l’Algérie. Elle a surtout été la grande répétition du Qatar pour sa Coupe du Monde. Bilan de l’épreuve.

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Le Qatar semble prêt pour son Mondial. Pour lui, la Coupe Arabe avait des airs de Coupe des Confédérations autrefois organisée par le futur pays hôte de la Coupe du Monde comme test grandeur nature. Bien que nombre des spectateurs accueillis pour l’événement soient des Arabes résidant dans le petit émirat, les capacités hôtelières semblent au diapason, six des huit stades qui accueilleront la Coupe du Monde ont été utilisés. En termes d’atmosphère, même les matchs moins intéressants et les moins suivis ont vibré au son des tambours et des chants. Tous les quarts de finale ont réuni au moins 20 000 personnes au stade, avec un pic à 63 439 pour la démolition des Émirats arabes unis par le Qatar.

Reste que sur le terrain, il est une constante, les Africains sont toujours deux crans au-dessus des Asiatiques, même avec leurs équipes A’-B. Si le Maroc s’était farci le Qatar et non le voisin algérien en quarts, nous aurions pu avoir des demi-finales 100% africaines. Encore une éclatante démonstration du gouffre qui sépare les deux continents quand il s’agit de football. Le Qatar aura eu un parcours assez facile, n’affrontant que ses voisins moins talentueux avant de buter contre l’Algérie en demies. Il confirme qu’il est clairement au niveau dans sa confédération, prenant place sur le podium et s’appuyant sur des joueurs que les lecteurs de Lucarne Opposée connaissent désormais parfaitement qui semblent véritablement prêts. Mais avec une limite, la même que ses voisins de la confédération. Face à l’Égypte, il a balbutié son football, nous poussant à nous demander si les Annabi pourront résister à l’impact physique de leurs adversaires dans un an.

Au rayon des belles surprises, citons Oman qui confirme sa progression dans les qualifs asiatiques et la Jordanie qui aura emmené l’Égypte jusqu’en prolongation. L’Égypte est probablement la seule déception africaine après avoir galéré la plupart du temps (à part contre le Soudan) malgré un effectif qualitatif, même si l’absence de ses légionnaires a forcément pesé sur le fond de jeu. Une déception à pondérer par le choix fait d’envoyer une équipe largement inexpérimentée à ce niveau, le groupe de Queiroz ayant moins de vingt-cinq ans de moyenne d’âge, avec à la clé une quatrième place pas si mauvaise à cet égard. Le choix de la jeunesse a été également fait par l’Arabie saoudite, qui a envoyé ses U23. Un choix critiqué à Riyadh, en période où la Saudi Pro League est suspendue, Hervé Renard aurait pu en profiter pour faire jouer ses A et continuer à travailler en vue des éliminatoires de janvier, l’élimination dès la phase de groupes avec un petit point prix ne devrait pas calmer ces critiques.

Du côté des deux finalistes, si la Tunisie peut nourrir quelques regrets sur sa finale, où tout s’est joué sur quelques détails, elle a tout de même trouvé quelques motifs d’espoir. On peut citer la solidité de Montassar Talbi, l’espoir que représente Hannibal Mejbri et les belles prestations durant l’épreuve de Mohamed Dräger derrière ou de Seifeddine Jaziri devant. Côté Algérie, on retiendra l’immense réservoir dont disposent les Fennecs. Madjid Bougherra a pu s’appuyer sur des valeurs sûres, Rais M’Bolhi impérial dans les cages, Yacine Brahimi qui respire toujours autant le football et le duo Youcef Belaïli – Baghdad Bounedjah, le premier restant toujours aussi déstabilisant quand le second est toujours un véritable poison pour les défenses adverses. Mention spéciale à Ilyes Chetti, auteur d’une très belle compétition et qui pourrait se révéler être la doublure parfaite à Ramy Bensebaïni chez les A.

Au classement des récompenses, Brahimi décroche le titre de meilleur joueur du tournoi, suivi par son compatriote Belaïli et du Qatarien Akram, un choix plus politique que réaliste. Le Tunisien Jaziri s’offre le titre de meilleur buteur du tournoi avec quatre buts tandis que l’Algérien M’bolhi reçoit la distinction de meilleur gardien.  

 

Avec Nicolas Cougot.

Photo : 2021 Getty Images

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.