Il s’en est fallu de très peu pour que cette édition du Championnat d’Asie du Sud ne couronne une équipe hors de la confédération et également de peu pour que les deux finalistes ne soient carrément pas d’Asie du Sud. Mais ce sont bien les hommes d’Igor Štimac qui conservent leur titre et assoient un peu plus leur domination sur la zone.

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Disputé en Inde à Bangalore, le tournoi voyait le Sri Lanka être exclu par la FIFA pour motifs d’interférence politique. Une poisse éclatante pour une équipe qui voulait voir rutiler ses joueurs de la diaspora et qui pourrait même être exclu des qualifications au Mondial 2026 si la situation n’est pas rétablie d’ici là. Pour contrer cette situation, la SAFF avait donc invité le Liban et le Koweït afin d’aligner deux groupes de quatre.

Le premier groupe voyait Inde, Pakistan, Koweït et Népal se tirer la bourre. Las, le match d’ouverture entre l’Inde et le Pakistan faillit ne jamais avoir lieu. Alors qu’ils disputaient un tournoi amical à l’île Maurice, les Pakistanais eurent la mauvaise surprise de se voir opposer un refus d’entrée sur le territoire indien (les relations entre les deux pays n’étant pas au beau fixe). Les fans des Shaheens ont beau hurler au complot, c’est bien leur gouvernement qui s’y est pris en dernière minute, compromettant leurs chances de faire bonne figure. Après des péripéties rocambolesques, l’équipe n’est arrivée que le matin du match, épuisée. La SAFF refusant de décaler le match, l’Inde s’est imposé facilement 4 à 0 mais sans les honneurs. Indiens et Koweïtiens sont sortis aisément vainqueurs du groupe, la confrontation finale souriant aux Koweïtis qui égalisaient à la dernière minute du temps additionnel et ravissaient la première place aux Indiens. Les Pakistanais finissent avec neuf buts dans la musette et aucun marqué, signe que le travail est immense dans un pays qui n’a plus goûté à une compétition internationale depuis trois ans. Dans l’autre groupe, le Liban s’est défait sans trop d’émotions du Bangladesh, des Maldives et du Bhoutan, retrouvant la confiance et la victoire, malgré un jeu brouillon et une équipe B. Les Bengalis les accompagnaient après avoir pris le dessus sur les Maldives, toujours aussi dépendantes d’un Ali Ashfaq en fin de carrière.

Les demi-finales ont finalement été plus équilibrées que prévu. Le Koweït ne trouvait le salut qu’en prolongation face à un Bangladesh accrocheur, tandis que l’Inde s’en remettait à Gurpreet Singh pour stopper les tirs au but de Maatouk et Darwich face au Liban après cent vingt minutes stériles.

La finale était tendue, électrique et engagée. Al-Khaldi concluait un beau travail de Ammar Abdullah pour mettre les Azrak aux commandes (1-0, 14e) mais Chhangte remettait tout le monde à niveau après un numéro de Sahal Abdul Samad (1-1, 38e). Les deux équipes se rendaient coup pour coup mais ne parviennaient pas à faire basculer la rencontre. Finalement, encore une fois, ce furent les tirs au but qui donnaient raison aux Indiens, Gurpreet stoppant la tentative de Khaled Hajiah et la foule de Bengalore pouvait exploser une nouvelle fois.

Il faut se rendre compte des progrès de l’Inde qui, en même pas un mois, n’a encaissé aucun but face au Liban en trois matchs et tenu la dragée haute au Koweït sans perdre en deux matchs. Rappelons qu’il y a encore quelques années, le Liban s’imposait facilement 5-2 en terres indiennes, alors que le Koweït infligeait un retentissant 9-1 aux Blue Tigers en amical. Ces Indiens qui étaient victimes de quolibets, la risée du monde du football, ces Indiens seraient-ils enfin sur la bonne voie ? Réponse dans quelques mois en Coupe d’Asie.

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.