Cela faisait deux semaines que l’on n’avait pas vu un match de J.League. Et pour cause : le calendrier plaçait deux finales de coupes – la Coupe de l’Empereur et la Coupe Levain – avant les deux dernières journées de championnat. Ces deux semaines de battement ont été marqués par le décès de Masato Kudo à l’âge de trente-deux ans et l’annonce de la retraite de Shunsuke Nakamura.

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Masato Kudo s’en est allé

Terrible nouvelle pour le football nippon. Le 21 octobre 2022, Masato Kudo, trente-deux ans, est décédé des suites d’une opération du cerveau. Né à Tokyo le 6 mai 1990, l’avant-centre fait ses classes à Kashiwa Reysol et fait ses premières apparitions en pro sous les couleurs jaunes et noires en 2009. Dès 2010, alors que le club est relégué en J2, il apparait vingt-sept fois en équipe première et commence son travail de sape des défenses adverses en inscrivant dix buts pour six passes décisives. La saison suivante, après un titre de champion de J2, alors que son club revenait à peine de réintégrer la J1, il participe pleinement à son invraisemblable titre de champion de J1. Il restera dans le club du Roi Soleil jusqu’en 2015, totalisant deux cent soixante-deux matchs, quatre-vingt-douze buts et vingt-huit passes décisives toutes compétitions confondues, faisant de lui l’un des joueurs les plus prolifiques de l’histoire du club. En 2013, il représentait à quatre reprises le Japon, inscrivant deux réalisations au passage. En 2016, il décide de s’exiler outre-Pacifique et signe en MLS au Vancouver Whitecaps FC. Il y disputera dix-sept rencontres et aura sans doute ramené son problème cérébral qui l’a emporté. C’est lors d’un match contre Chicago Fire FC qu’il prenait un énorme tampon du gardien qui le laissait au sol, crachant du sang, durant de longues minutes. Quoi qu’il en soit, il retournait une première fois dans son pays natal à Sanfrecce Hiroshima puis à Renofa Yamaguchi en J2, et s’essayait à la A-League à Brisbane Roar au cours de la saison 2020/21 où il apparaissait seulement quatorze fois pour un but inscrit. En 2022, il occupait la pointe de l’attaque de Tegevajaro Miyazaki en J3. Il laisse derrière lui son épouse et leur fille de trois ans.

Le derby de Shizuoka sans vainqueur

Séance de rattrapage pour Shimizu S-Pulse et Jubilo Iwata qui s’affrontaient en match en retard pour le compte de la 31e journée. Un derby déterminant pour les deux équipes qui se battent pour le maintien. S-Pa, après une deuxième partie de saison qui l’a vu remonter à la onzième place du classement, est retombé dans ses standards de début de saison en végétant en zone de relégation, juste devant son adversaire du jour. Jubilo, lui, depuis son coup d’éclat contre Yokohama F-Marinos à la mi-octobre, est invaincu depuis trois matchs et se rapproche doucement mais sûrement de la place de barragiste. Autant dire que ce derby revêt une importance particulière pour les fans à deux journées du terme du championnat. Zé Ricardo alignait d’entrée l’ancien pensionnaire de Bundesliga autrichienne Koya Kitagawa et décider de ne pas titulariser ni Takashi Inui ni Yago Pikachu. Chez les bleus, l’ancien joueur de Karlsruhe Hiroki Yamada était à nouveau aligné pour le quatrième consécutif avec le brassard de capitaine après avoir passé la majeure partie de la saison à l’infirmerie. Se procurant les meilleures occasions de la première mi-temps, les locaux prenaient logiquement l’avantage après la demi-heure de jeu grâce à l’opportuniste Thiago Santana, bien heureux d’hériter d’un ballon échoué dans ses pieds bonifié à bout portant. Ce n’est ni plus ni moins que son treizième but de la saison, lui permettant de consolider sa place de meilleur buteur de J.League. Au bout d’une deuxième période sans relief, Ryo Germain est parvenu à égaliser d’un bel enchainement contrôle-frappe sur un débordement du rookie Yosuke Furukawa. Ce dernier aurait même pu donner l’avantage à son équipe, toujours dans les arrêts de jeu, mais sa frappe aux sept mètres s’envolait dans les nuages (1-1). Un match nul forcément malvenu pour les deux équipes : Shimizu S-Pulse grappille une place au classement à égalité de point avec Gamba Osaka, à qui il lègue sa place de relégable direct, tandis que Jubilo Iwata se trouve à quatre points de ces deux équipes.

Les enjeux de la 32e journée dans le bas du classement

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Sanfrecce Hiroshima pleure puis rit

Sanfrecce Hiroshima avait deux chances en deux weekends pour échapper à son destin : depuis que le club est professionnel en 1992, il n’a jamais gagné l’une de ses sept finales de Coupe de l’Empereur ou de Coupe de la Ligue (quel que soit le nom qu’elle ait pu avoir).

En premier lieu, place à la coupe de l’Empereur, dont un ticket pour la Ligue des Champions asiatique est distribué au vainqueur, face au challenger de J2 Venforet Kofu. Le club de la préfecture de Yamanashi, qui a bouclé une pénible saison à la 18e place du classement (sur vingt-deux clubs), s’était payé le scalp de quatre clubs de J1 pour se hisser en finale. Sans complexe, les challengers ont ouvert le score par l’intermédiaire de Kazushi Mitsuhira en première période. Malgré une frappe envoyée sur la barre par William Lira, les hommes de Skibbe sont parvenus à revenir dans le match en égalisant à six minutes du coup de sifflet final sur une mine de Takumu Kawamura, décidément très en vue en cette fin de saison. Durant la prolongation, Makoto Mitsuta, après avoir touché à son tour la barre sur un coup franc direct, provoquait un pénalty qu’il s’essayait lui-même à convertir à deux minutes du terme du match. Kohei Kawata détournait et enfilait déjà le costume d’homme du match. Durant la séance de pénalty qui s’ensuivait, il détournait à nouveau un pénalty – celui du seul buteur du match côté violet, Kawamura – qui permettait à son équipe de remporter le premier titre majeur de son histoire professionnelle.

Après une première désillusion en coupe nationale, place à la Coupe de la Ligue – la Coupe Levain – et une confrontation face au Cerezo Osaka pour leur quatrième confrontation de la saison – trois victoires violettes avant le coup d’envoi de cette finale. Après une première période terne, les sakura ouvraient le score par Mutsuki Kato, profitant parfaitement d’une passe en retrait complètement manquée de Sho Sasaki vers son gardien. En deuxième période, pas grand-chose à se mettre sous la dent non plus jusqu’à la 75e minute : à la lutte avec Nassim Ben Khalifa, Matej Jonjic laissait ses partenaires à dix après avoir asséné un combo ippon-direct du droit sur le Suisso-tunisien. Dans les arrêts de jeu, l’équipe aux trois flèches reprenait espoir en obtenant un pénalty sur une main de Koji Tomiuri. L’international chypriote Pieros Sotiriou ne manquait pas l’offrande et donnait aux supporters une prolongation. Fallait-il s’attendre à un scénario à la Kofu ? Le Chypriote n’était pas de cet avis et claquait son doublé dès la première période de la prolongation en reprenant victorieusement de la tête un corner de Mitsuta. Voilà enfin un premier trophée à savourer pour le club, les fans et Michael Skibbe, qui aura encore une troisième place à aller chercher en championnat pour sceller une incroyable et improbable première saison à la tête du club.

Shunsuke Nakamura tire sa révérence

À 44 ans, Shunsuke Nakamura a joué ses dernières minutes en professionnel. Titularisé pour le dernier match de la saison face à Roasso Kumamoto, il n’accompagnera pas Yokohama FC en J1 la saison prochaine. À Yokohama F-Marinos, où il a effectué ses débuts professionnels en 1997, à la Reggina en Serie A, au Celtic Glasgow où il marquera les esprits européens, à l’Espanyol Barcelone, au Jubilo Iwata et enfin à Yokohama FC, il aura fait trembler les gardiens sur coup franc et les défenses sur corner de sa patte gauche d’où les enroulés léchés ont créé sa légende. Moins présent sur les pelouses nippones depuis 2018, il a eu le temps cette saison de distribuer une passe décisive sur… corner au cours des cent cinq minutes qui lui ont été donnés de jouer en 2022. Toutes compétitions confondues, il aura disputé sept cent quarante-huit matchs pour cent trente-et-une réalisations et cent treize caviars. Au contraire du championnat d’Écosse qu’il a remporté à trois reprises, il n’aura jamais soulevé le trophée de champion du Japon. Il aura néanmoins remporté deux Coupes d’Asie avec la sélection nippone en 2000 et 2004 et participé aux Coupes du monde 2006 et 2010. Durant sa carrière internationale entre 2000 et 2010, il totalisera quatre-vingt-dix-huit sélections pour vingt-quatre buts.

 

Photo : Masahiro Ura/Getty Images for DAZN

Gaël Boya
Gaël Boya
Expatrié au pays du soleil levant durant plusieurs années, contaminé par la passion du foot nippon. Avec une petite préférence pour les clubs du Kansai !