Funeste date que le 4 janvier, jour où le football tunisien a perdu deux de ses enfants les plus studieux. Homme de base de l’Espérance de Tunis et de la sélection nationale au milieu des années quatre-vingt-dix, Hédi Berrekhissa a vu sa carrière fauchée par une crise cardiaque à la fin d’un match amical contre l’Olympique Lyonnais en 1997. Lassaad Ouertani a mené à terme sa carrière principalement au service du CA, avant de disparaître tragiquement dans un accident de voiture en 2013.

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Un drame pendant un match amical.  Huit jours avant un décisif TunisieÉgypte pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1998, l’Espérance de Tunis s’offre une affiche de prestige en accueillant l’Olympique Lyonnais. Hédi Berrekhissa dispute l’intégralité de la rencontre et s’effondre dans les arrêts de jeu, entre Cocard et Deflandre près de la surface Lyonnaise, alors qu’aucun des deux joueurs ne le touche. Même s’il reprend brièvement conscience, "Balha " comme il est surnommé succombe à une crise cardiaque peu après son arrivée à l’hôpital. Il avait 27 ans. Un choc qui bouleverse tout le pays. Le lendemain des milliers de personnes convergent vers le cimetière de Jellaz à Tunis pour les funérailles de l’un des joueurs tunisiens les plus populaires, aussi bien pour son ascension fulgurante que pour son humilité.

Au-delà de ça, Berrekhissa était avant tout un arrière latéral atypique qui s’est imposé à l’EST et en équipe nationale  en tirant le maximum de ses qualités : Costaud, rapide et une volonté de toujours aller de l’avant. Bien avant les performances scéniques du duo Casillas-Roberto Carlos, durant lesquelles le premier invitait le second à quand même revenir dans son camp de temps en temps, il y’eut la doublette El Ouaer-Berrekhissa.

Cette puissance et ce caractère offensif illustrent les grands moments de la trop courte carrière du natif de Kerkennah : Le coup de boule victorieux contre le Mozambique en quarts de finale de la CAN 1996, et le doublé en finale de la Ligue des Champions Africaine contre les Égyptiens du Zamalek. Toute sa générosité et sa hargne sont résumées dans sa chevauchée sur son deuxième but. À voir et à revoir. Portée par le souvenir de Berrekhissa, la Tunisie dominera l’Égypte dans ces éliminatoires et verra le Mondial 1998. Mais le destin a privé Balha d’une visibilité internationale, et de sacrées empoignades contre Scholes et Paul Ince qui auraient certainement valu le détour.

Lassaad "Zgaw" Ouertani a eu une histoire nettement plus tourmentée avec la sélection. Cadre de la génération des U21 qui remporte les Jeux Méditerranéens en 2001, il fait partie (avec Ben Chouikha) des joueurs testés lors du match de préparation pour la Coupe du Monde 2002. Il ne totalisera que six capes au final.

Malgré ses six ans en tant que milieu défensif de devoir, il aura privé le Club Africain de deux coupes de Tunisie, une en tant qu’adversaire (en 2003 avec le Stade Tunisien) et une en tant que tireur malheureux lors de la séance de tirs aux buts contre l’Espérance trois ans plus tard. Le titre de 2008 viendra tout effacer, la déception en coupe comme la longue période de vaches maigres dans les derbies : Grâce à son opiniâtreté et à d’autres ingrédients (en vrac, le management à fleur de peau du coach Ben Chikha, la gomina de Sellami, les buts de Mouihbi, la vista de Ben Yahia) le CA remporte le championnat.

Deux ans après sa dernière saison pro à Kairouan - là ou tout a commencé pour lui - il périt dans un accident de voiture. La encore, comme pour Berrekhissa, foule immense au Jellaz et émotion générale. Si Zgaw et Balha étaient encore de ce monde, peut-être se seraient-ils reconvertis en consultants et on imagine bien les deux moitiés rivales de Tunis s’étrangler de rire en les voyant s’écharper sur le plateau Télé en intro d’un énième CA-EST.

Maudit 4 Janvier.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee