Principal poursuivant de l’Espérance de Tunis aux dernières encablures de la phase aller du championnat, le CS Sfaxien vient défier les Sang et Or au stade de Radès ce samedi. Au-delà de cette confrontation directe, qui pourrait leur permettre de recoller aux basques des gars du Parc B, les « Noir et Blanc » disposent d’arguments et de circonstances favorables qui pourraient leur permettre d’aller chercher le graal de la saison 2017-2018. Voici les raisons d’y croire.

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Le mélange classe biberon/cadres/vieux briscards a porté ses fruits

Interdit de recrutement par la FIFA début 2017, avec impossibilité d’utiliser les joueurs achetés l’été suivant avant 2018 (pour cause de multiples affaires de salaires impayés) le CSS a dû intensifier sa pratique d’une activité dans laquelle il avait déjà brillé dans le passé : le développement de jeunes pousses du centre de formation, pour aguerrir ces dernières et les lancer dans le grand bain. Cela a abouti à l’éclosion d’une bande ambitieuse qui s’est fait les dents en jouant la C3 Africaine 2017 et a mordu dans le temps de jeu offert dans la foulée lors de la nouvelle saison : les défenseurs Hani Amamou et Houssem Dagdoug (respectivement 20 ans et 19 ans), le milieu Houssem Ben Ali (21 ans) et la nouvelle pépite offensive Firas Chaouat (21 ans) dont les qualités-prise de profondeur, vivacité et finition en constants progrès- commencent à faire sensation.

Aux promesses locales s’ajoute un nouveau succès sfaxien dans la post-formation d’un jeune nigérian après Junior Ajayi (parti depuis en Egypte à Al Ahly) : le milieu Kingsley Sokari (22 ans) qui règne dans l’entrejeu et a surclassé tous ses vis-à-vis lors de la phase aller. Rajoutez deux pincées de cadres qui s’approchent de la maturité (le polyvalent Yassine Meriah et le latéral Hamza Mathlouthi). Ensuite saupoudrez des routiers expérimentés (Aouadhi et le trop sous-estimé défenseur/centreur/percutant Maher Hannechi, qui à 33 ans déploie toujours ses ailes) plongez un ingrédient inattendu (voir ci-dessous) et voilà, la recette est bonne. Avec ce dosage, le CSS a ramassé 27 points en 12 matchs, si la cuisson reste maîtrisée la phase retour sera tout aussi efficace.

Alaeddine Marzouki est toujours en surchauffe

Si la montée en puissance du jeune Chaouat est rapidement devenue une évidence, personne n’attendait la percée de l’ex-espoir du Club Africain Marzouki (27 ans) qui n’avait pas réussi à s’imposer au Parc A et totalisait jusque-là un record sur une saison de 5 buts (en 2014-2015). Actuel co-meilleur buteur de la LP1 (avec Khenissi et Ounalli) avec 6 buts en 12 matchs, Marzouki a trouvé un rôle qui lui convenait : Celui qui se fait oublier, et bénéficie du fait que les yeux adverses sont rivés sur Sokari, Hannechi et Chaouat. Dans un rôle de 9 et demi assez libre, il surgit brusquement soit pour finir les actions soit pour remiser vers Chaouat dans la profondeur. Il a aussi montré qu’il savait partir de plus loin, comme sur cette merveille de but contre l’ES Sahel à Sousse (1-2) où son raid se conclut sur un extérieur du pied malicieux. En pleine confiance et si les adversaires continuent à le négliger, qui sait jusqu’où Marzouki portera cette équipe ?

L’interdiction de recruter est terminée, encore une bonne pioche en vue ?

La sanction est levée pour 2018, mais les sudistes ont anticipé en recrutant en Août trois joueurs étrangers, avec une attention particulière pour l’international zimbabwéen Chitiyo qui a éliminé le TP Mazembe de Ligue des Champions Africaine avec CAPS United et atteint les phases de poules (4 buts inscrits à la clé). Alors que le club-phare de Sfax a enfin la possibilité de renforcer son effectif et se délester d’éléments non-satisfaisants (comme Ndoye) la perspective d’améliorer le secteur offensif est possible, notamment avec Chitiyo. Si son intégration est réussie, ça peut faire mal.

Le CA et l’ESS, décevants et inconstants, sont sensiblement décrochés

Le CSS est deuxième avec neuf points d’avance sur le Club Africain, sixième. L’équipe de Bab-Jedid a perdu des points tôt en début de saison, du fait des tâtonnements tactiques de Marco Simone, puis continué de sombrer durant les matchs qui ont suivi l’élimination en demi-finale de C3 Africaine, puis le changement de président. Viré depuis, l’ancien coach de Monaco a donné un éclairage différent de son court bail à Tunis en répétant la même chose aux médias français (J+1 sur Canal+) et italiens (Tuttomercato) : « Les joueurs n’avaient pas perçu de salaire depuis 5 mois, j’ai plus joué au psychologue qu’à l’entraîneur ». Relégable avant ses matchs en retard, le CA s’est replacé dans le milieu de tableau depuis, pourra viser la troisième place, mais il semble difficile d’imaginer les clubistes remonter se mêler à la course au titre.

Situation similaire pour l’Etoile du Sahel, dont la stabilité a volé en éclats après la débâcle (6-2) face à Al Ahly en demi-finale de Ligue des Champions. Démission du président Ridha Charfeddine, le coach Hubert Velud démis de ses fonctions, des défaites lors des matchs en retard et cinq titulaires suspendus suite aux bastons post-Clasico face à l’Espérance (0-0). Au-delà de ça, le sentiment que le groupe étoilé champion de Tunisie en 2016 et vainqueur de la C3 en 2015 s’est essoufflé et s’approche de la fin de cycle est palpable. L’entraîneur algérien Kheireddine Madoui, vainqueur de la Ligue des Champions avec l’ES Sétif en 2014, a été intronisé cette semaine et va devoir reconstruire une nouvelle dynamique et une autre approche tactique, voire renouveler les titulaires. Mais avec sept points de retard sur le CSS (douze sur l’EST) et un laps de temps pour la reconstruction, la lutte pour remporter le championnat semble également inaccessible pour le moment.

L’EST peut perdre des plumes, le CSS aura plus de fraîcheur

Dix victoires et deux matchs nuls en douze rencontres : Les Sang et Or ont choisi de ne rien changer après la déception en C1, et laissé Benzarti à la barre. Sans briller, l’EST a un bilan flatteur, dû en partie à la faiblesse de l’opposition, pour preuve le CS Sfaxien est la seule équipe à s’être accrochée. Mais le même sentiment d’essoufflement guette les espérantistes, visible à travers les nombreuses séquences ou leur jeu piétine, et les performances en dents de scie des cadres. Ces derniers ne sont pas prêts de respirer : stage de préparation au Mondial 2018 à la fin de l’hiver, deux tours de Ligue des Champions (février et mars) pour batailler et se qualifier pour la phase de poules. Pour rappel, l’Espérance a au minimum sept joueurs de champ potentiellement concernés par une place pour la Russie.

Le CSS n’en a que trois (Meriah, Mathlouthi et Aouadhi) et surtout le CSS ne jouera pas de Coupe d’Afrique des clubs en 2018. Là où le leader peut perdre des plumes avec la multiplicité des échéances, le dauphin n’aura que quatorze matchs (en comptant celui de samedi) sur lesquels se focaliser. Une différence qui pèsera lourd au moment du décompte final.

Classement

tunisie

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee