Quatre points engrangés en deux confrontations face à la Tanzanie (1-0, 1-1) vendredi soir et mardi soir, ont entériné la qualification de la Tunisie à la CAN 2022, 15ème présence consécutive des Aigles de Carthage en phase finale continentale. Mission accomplie sur le plan comptable, mais dans la manière pas mal d’aspects devront être améliorés en vue des éliminatoires pour le Mondial 2022 au printemps prochain.

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Commençons par le positif. Mathématiquement tout d’abord, les hommes de Kebaier se sont offert deux ultimes matchs en mars (face à la Libye et la Guinée Équatoriale) sans enjeu qui feront office de préparation aux premières rencontres qualificatives au Mondial prévues fin mai. Assurée de jouer la prochaine CAN, la Tunisie n’a donc raté aucune phase finale depuis 1994, série en cours. Face à une Tanzanie décevante dans l’ensemble (inexistante à l’aller vendredi à Radès, impuissante dans la première demi-heure mardi à Dar Es Salam) la Tunisie a assuré l’essentiel, et montré sur des séquences plus ou moins longues une belle capacité à tenir la possession, à proposer une circulation de balle avec peu de déchet et sanctionner le moindre décalage ou défaut de couverture dans la profondeur. En mal de temps de jeu à Marseille, Seifeddine Khaoui a ajouté un but à ses récentes prestations positives (contre la Libye et le Soudan) et a marqué des points. Défensivement, la charnière Bronn-Meriah et la sentinelle Skhiri restent des valeurs sûres. À l’aller, dans ses mouvements, Hamza Rafiaa a démontré qu’il pouvait être une alternative intéressante. Les efforts de Khazri sur l’ensemble des deux matchs auraient mérité d’être récompensés, à un poste qui ne lui convient que dans des situations précises.

Intensité et efficacité en dents de scie

Le moins bon, il y en a eu. Vendredi, la Tunisie a pêché dans la finition, multipliant les frappes de loin dans des zones ou la conclusion d’une action a peu de chances de faire mouche. Mardi, alors que l’écart à la demi-heure de jeu entre les deux équipes aurait dû se concrétiser par bien plus qu’un but au tableau d’affichage, une hausse dans l’imprécision dans le jeu s’est conjuguée à un fléchissement physique important, à l’image de Msakni et Sassi. Le premier nommé a certes délivré une passe décisive, mais il a également beaucoup raté et son rendement a été globalement décevant. Le second, qui a peut-être avec Maaloul déjà la tête à la finale de la Ligue des Champions, a semblé un ton en-dessous de ses deux compères du milieu de terrain. L’intensité sur le plan individuel (explicable pour certains par un manque de temps de jeu et de fraîcheur conséquents) a accompagné la chute d’intensité et d’efficacité sur le plan collectif après moins d’une heure de jeu. Pour ceux qui ont suivi le très intense Zimbabwe-Algérie de lundi après-midi, le Tanzanie-Tunisie du mardi soir a dû leur sembler bien plus lent et bien moins animé. Dans ce contexte, il aurait été souhaitable que certains joueurs du banc (Bguir, Jelassi, Makni entre autres) frais et enthousiastes aient l’occasion de montrer ce qu’ils peuvent apporter.

Le débat à droite n’est pas soldé, le problème du 9

Deux rencontres jouées en 4-3-3. A droite, ni Drager ni Kechrida ne semblent avoir pris un avantage définitif pour le spot de latéral. Le jeune Ben Slimane peut entrer dans la réflexion de la constitution au milieu de terrain, mais sauf cataclysme on voit mal un autre milieu à trois que celui de mardi soir débuter. À condition que le physique suive, une attaque à trois sans vraie pointe peut être efficace en contre ou dans des situations de transition rapide. Vendredi soir, au match aller (1-0) le manque d’efficacité incarné par ces innombrables tirs lointains dans une phase de domination territoriale dénote d’un déficit en point d’ancrage dans la surface quand la Tunisie joue sans véritable 9 en attaque placée. Une absence de point d’ancrage revue mardi au match retour (1-1) via le refus des latéraux de centrer vers une surface de réparation désertée. Seulement voilà, dans un championnat où les chasseurs de buts les plus solides pour le haut niveau sont étrangers, et peu d’options actuellement, la lacune à ce poste en sélection est majeure. Une solution, autre que laisser systématiquement Khazri s’évertuer à ce poste, devra être identifiée.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee