Chemins parallèles mais destins différents entre les deux géants de la CONCACAF Mexique et Etats-Unis. Tandis que ces derniers ne réussissaient pas à sauver l’honneur dans la petite finale, les premiers se réveillaient enfin et décrochaient leur septième Gold Cup.
Justice pour Panama
2015 marquait le grand retour de la finale pour la troisième place. Au PPL Park, antre des Zolos de Philadelphie, Team USA et Panama s’affrontaient donc pour un dernier match, le choc des traumatisés. Car tous deux avaient vécu une drôle de fin de semaine. Entre le favori américain qui avait vu le ciel lui tomber sur la tête et l’outsider panaméen aux rêves de finale volés par une décision arbitrale injuste (voir Gold Cup 2015 : sensation et scandale). La grande question allait donc être de savoir lequel des deux parviendrait à se relever.
La réponse fut rapidement donnée. Alors que les américains bafouillaient leur football, le groupe d’Hernán Darío ‘Bolillo’ Gómez restait fidèle à ses principes : bloc resserré, pression haute et surtout du jeu. Panama dominait la rencontre de la tête et des épaules, se procurant une multitude d’occasions face à une équipe américaine une fois encore trop brouillonne et surtout trop maladroite techniquement et collectivement pour espérer quoi que ce soit. Malheureusement pour eux, les Canaleros n’ont toujours pas réglé leurs soucis de finition. A l’image d’un Rolando Blackburn intéressant mais maladroite quand il n’était pas malchanceux, les panaméens gâchaient trop d’occasions et ne parvenaient pas à tuer le match après l’ouverture du score logique de Ricardo Nurse et le payaient cher lorsque Dempsey marquait en début de second acte sur une action initiée par DeAndré Yedlin. 1-1 score final, la prolongation n’y changeait rien, il fallait attendre la séance de tirs au but pour que justice soit faite. Panama s’impose et décroche une juste troisième place, modeste mais importante consolation après les évènements du milieu de semaine.
Le Mexique vrai
S’il n’était pas question de traumatisme à gérer, la question concernant le Mexique d’Herrera était identique à celle entourant les USA de Klinsmann. Indigeste en demie après un quart tout juste moyen, le Tri devait se racheter et enfin offrir le jeu que l’on attendait de lui face à une Jamaïque, belle révélation de la compétition qui rêvait d’écrire davantage l’histoire (première finale pour une nation caribéenne). Pour la finale, el Piojo avait donc décidé deux petites modifications : une forcée par la suspension de Vela, Tecatito Corona prenait place en attaque aux côtés d’Oribe Peralta, une plus forte de symbole, Jesus Dueñas prenait en charge le rôle de perforateur du milieu à la place d’un décevant Hector Herrera.
Après une entame de match au cours de laquelle les hommes de Schäffer cherchaient à appuyer sur le doute mexicain, se procurant les premières situations, les choix d’Herrera allaient se montrer payants. Le Mexique alignait les belles séquences collectives et allait trouver finalement juste récompense sur une merveille de plat du pied dans la lucarne signée de leur meilleur joueur Andrés Guaradado. El Tri basculait donc en tête à la pause, convainquait les observateurs, le duo Peralta – Corona se montrant plus dangereux que jamais. Ce duo allait frapper d’entrée de seconde période. Le premier talonnait pour le second qui s’avançait aux 20 mètres et d’une frappe croisée tuait le suspense. Car à 2-0, totalement libéré, le Mexique se lâchait enfin, enchaînait les mouvements collectifs, bref, se montrait au niveau auquel on l’attendait depuis le début de l’épreuve. Peralta profitait d’une erreur d’Hector pour inscrire son but de renard, Mattocks réduisait le score en toute fin de matchs mais le mal était fait. Le Mexique remporte sa septième Gold Cup, s’offre un barrage explosif face aux USA en octobre prochain pour une place en Coupe des Confédération et surtout donne la meilleure des réponses après les heures troubles de ces derniers jours. Côté Jamaïcain, si la déception est grande, l’équipe de Winfried Schäffer a montré qu’elle sera l’une des équipes à suivre lors de la prochaine phase de qualification à la Coupe du Monde.
Bilan : les révélations caribéennes
Le rideau s’est donc refermé sur une Gold Cup animée autant en coulisses que sur le terrain. Si les deux géants sortent de la compétition avec bien plus d’interrogations que de certitudes, si le mondialiste costaricain semble profondément ancré dans une crise de mauvaise digestion mondiale, l’édition 2015 restera celle des nations caribéennes. D’Haïti à Trinité et Tobago en passant par le porte-drapeau jamaïcain, les pays de la CFU restent les plus intéressantes en termes de contenu proposé pendant l’épreuve. Avec Panama, qui confirme qu’il est bien la troisième nation de la CONCACAF et semble avoir franchi un nouveau palier, elles seront les équipes à suivre lors de la prochaine campagne de qualification mondiale et pourraient, si elles conservent leur belle dynamique, venir bousculer la hiérarchie d’une zone.
Reste que toutes ces équipes sont les grandes absentes des cérémonies de remise de prix. Malgré un prix du fair-play remis à la Jamaïque, pourtant deuxième nation la plus sanctionnée de l’épreuve, on regrettera l’absence de joueurs révélations de ces nations dans les trophées individuels. Brad Guzan meilleur gardien quand tout un peuple lui reproche sa demi-finale totalement ratée et qu’un Johnny Placide n’a cessé de briller, Jesús Corona meilleur jeune quand il n’aura connu qu’une seule titularisation et moins de 170 minutes de jeu cumulé alors que des Michael Héctor, Kemar Lawrence, Duckens Nazon et autres Michael Camargo n’ont cessé de briller. La prochaine étape pour ces pays sera la plus difficile : arriver à se faire une place dans la zone CONCACAF.