Il aura fallu attendre plus d’une décennie pour que les Chivas retrouvent le goût sucré des célébrations d’un titre. Et Lucarne Opposée était présent sur le terrain. Inside dans la chaleur mexicaine.

Onze ans. Onze ons que le peuple de Guadalajara attendait de pouvoir fêter un titre à la Minerva. Hier soir, ils étaient près de 150 000 mille à fêter le douzième titre des Chivas. La victoire d'une équipe 100% mexicaine sur une escouade d'internationaux, aiment se vanter ceux du Rebaño sagrado (le Troupeau sacré). Après le match aller maitrisé mais qui a accouché d'un nul 2-2 avec les buts de Gignac en fin de recontre, le match retour a été d'une intensité rare et d'un niveau technique bien au-dessus de la moyenne.

 

La partie débute sur un rythme faible, les Tigres attendant leur adversaire et les Chivas avec la pression d’un peuple tout entier qui attend sa première finale depuis 2006. La première action est à mettre au profit de Damm. Lancé par un retourné de Sosa, le jeune mexicain se retrouve face au gardien tapatío et perd son duel face à Cota, impeccable dans sa sortie. Suite à cette action, les Chivas tentent de calmer le jeu et font tourner le ballon, comme le souhaite le coach Matias Almeyda. Dans le rond central, Oswaldo Alanis temporise et voit l’appel d’Alan Pulido. La transversale du sosie de Mats Hummels est parfaite, l’attaquant ouvre et son pied, puis le score. Après le match aller, le joueur formé aux Tigres vient crucifier son ancien club pour la seconde fois (1-0, 17’).

Les Chivas, tout en contrôle

Vexés, les Tigres repartent à l’attaque. Dos au but dans la surface, Gignac ne peut rien face à Pereira. Le Français remise sur Aquino mais sa frappe, trop appuyée, n’est pas cadrée. Ce n’est pas avant la 34ème minute que l’ancien marseillais obtient sa première occasion, mais sa frappe des 25 mètres, trop cadrée, fini dans les bras de Cota. En confiance, le gardien prend de nombreux risques dans la relance. Après une passe de Salcido, Cota rate son crochet et manque d’offrir l’égalisation à Gignac. Grâce à un quadrillage parfait du terrain, les Chivas repartent au vestiaire avec un avantage mérité.

Pour le second acte de cette finale, les Tigres reviennent avec de meilleures intentions et prennent le contrôle du ballon. Sur une belle passe de Gignac, Sosa se retrouve face à Cota après avoir effacé un défenseur. Comme face à Damm en première période, le gardien est impeccable et gagne son duel face au felino. Mais plus le match avance, et plus les Chivas reprennent le dessus, faisant tourner le ballon de manière parfaitement organisée ; Almeyda est en train de gagner sa bataille tactique face au Tuca. Malgré cela, les Tigres trouvent des brèches à l’image d’Aquino qui parvient à trouver un décalage et se retrouve en position de centre. Trop puissant, son centre parvient dans les pieds de Gignac, au point de pénalty, qui ne peut cadrer correctement.

Tuca procède à plusieurs changements passant à trois défenseurs. Almeyda, lui, fait sorti Calderon pour Fierro. Le petit allier tente plusieurs fois de passer côté droit. A la 69ème, il met la misère à Dueñas et entre dans la surface. Son centre, dégagé par un défenseur, atterrit devant le Gallito Vazquez qui déclenche une frappe surpuissante. Contrée, elle heurte le poteau avant d’entrer (2-0, 69’). L’Estadio Chivas peut exulter. Des gobelets de bière aspergent l’anneau inférieur. Vingt minutes séparent le peuple de Guadalajara d’un douzième titre tant attendu.

Polémiques et cartons jaunes

A partir de ce moment-là, les coéquipiers de Gignac prennent le jeu à leur compte et font le siège des buts de Cota. Le Rebaño sagrado, lui, tente des contres mais Pineda et Pizarro semblent exténués. Gignac obtient deux occasions coup sur coup mais ne parvient pas à cadrer : le Français n’est pas dans un bon soir et semble énervé. Son gardien aussi, puisqu’une dispute éclate. L’Argentin s’en prend à Rodolfo Pizarro et plusieurs joueurs se bousculent. L’arbitre distribue plusieurs cartons jaunes. La fin risque d’être tendue. Sur l’action suivante, les Tigres parviennent finalement à réduire l’écart. Sur un ballon mal dégagé, Sosa reçoit la sphère et déclenche une belle frappe aux vingt mètres. Le rebond est trompeur et Cota ne peut rien faire (21, 88’). Le scénario du match aller semble se reproduire, d’autant que Sosa, dans le temps additionnel, entre dans la surface et se fait crocheter par Pereira. L’arbitre siffle … un hors-jeu d’Alvarez, après la passe de Sosa. Les Tigres perdent leur nerf et s’en prennent à l’arbitre.

Mexicains vs internationaux

Après cinq minutes de temps supplémentaire, ce dernier libère finalement les tapatíos. Les joueurs exultent, les larmes coulent, autant que les bières balancées depuis l’anneau supérieur. Certains supporters connaissent pour la première fois la saveur d’un titre de champion. Les Chivas retrouvent enfin les sommets du football mexicain. Avec ce succès, ils rejoignent leur ennemi honni avec douze championnats à leur palmarès. Il fallait bien onze ans d’attente pour que le peuple de Guadalajara se retrouve à la place de la Minerva pour célébrer ses héros. Quelques centaines de milliers de personnes se sont réunies pour faire la tête toute la nuit.

Ce succès des Chivas, acquis grandement grâce à Almeyda, est un formidable succès pour le football mexicain en général. Certes, le club est très riche et peut se permettre des folies sur le marché. Mais il a prouvé qu’en ne jouant qu’avec des mexicains, il était possible de battre les meilleures équipes formées d’internationaux sud-américains comme les Tigres ou les Rayados. Alors que le nombre d'étrangers est important dans le championnat mexicain, à l'image de la Premier League, la règle du 10+8 va bientôt être remplacée par celle du 9+9 (le nombre d'étrangers maximum inscrits dans un effectif passant de 10 à 9). Fier de ce statut de jouer avec 100% de mexicains, les Chivas aiment à dire que c'est le Mexique qui a gagné avant tout. A la fin du match, ce ne sont pas des chants à la gloire de Guadalajara que l'on entendant. Non, l'Estadio Chivas entonnait le Cielito Lindo, chant typiquement mexicain à la gloire du pays. Ce dimanche, c'est avant tout la formation et la jeunesse mexicaine qui ont gagné.

 

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).