Lors d'un match retour énorme entre les Rayados et les Tigres, le football mexicain aura offert ce qu'il peut proposer de mieux : un suspense époustouflant, des rebondissements, du jeu et des gestes dignes des plus grandes ligues. Les Tigres sont allés chercher un titre sur la pelouse de leur grand rival (1-2), synonyme de 6e étoile. Récit.

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Ils avaient tout pour réussir, pour gagner un premier titre de champion depuis 2010. Les Rayados avaient le jeu, l’attaque, le statut de Superlíder et un match aller bien négocié sur la pelouse de Tigres (1-1). Mais une finale sur deux matchs se gagne aussi au mental, à la gestion. Et les Tigres, abonnés aux finales dont celles d’Apertura pour la troisième fois consécutive, savent négocier ces rencontres charnières. Les hommes du Tuca Ferretti ont gagné plus qu’un titre dimanche soir. La gloire de l’état du Nuevo Léon, celle de tout un pays, mais aussi le plaisir de gagner un trophée dans le stade du grand rival.

L’ironie est là. Depuis qu’ils jouent dans leur nouvel écrin, les Rayados ont perdu deux finales. Le stade a beau être majestueux, au pied du Cerro de la Silla - la montagne à la Chaise -, cet antre fait moins peur que l’ancien Estadio Tecnologico. Pourtant, ce « Gigante de acero » dégoulinait de plus de 50 000 fans et un tifo rayé géant.

 

 

Et les Rayados ont parfaitement débuté ce match retour avec le but de Dorlan Pabón aux vingt mètres, bien servi par la poitrine de Rogelio Funes Mori (2’). Le match était lancé et la confiance à son paroxysme pour les joueurs de Monterrey. Mais il aura fallu cinq minutes d’égarements pour que les hommes d'Antonio Mohamed se fassent rejoindre. A la demi-heure de jeu, d'abord, lorsqu’Eduardo Vargas a frappé à l’entrée de la surface (30’). Puis par Francisco Meza, de la tête (35’). Une bénédiction pour le remplaçant d’Hugo Ayala, expulsé à l’aller, qui n’aurait peut-être pas été là pour doubler la mise.

Les Rayados craquent

Lors du deuxième acte, les coéquipiers de Funes Mori font le siège ; ce sont eux qui doivent attaquer pour égaliser. Ceux de Gignac se contentent de défendre. Et lorsque le Français – peu à l’aise lors de la double confrontation - commet l’irréparable dans sa surface de réparation, on pense que ce Clasico regiomontano va une nouvelle fois tourner. Et qu’il est parti pour durer jusqu'à la fin des prolongations. Mais encore une fois, la gestion de ce genre de matchs se déroule souvent dans la tête. Aviles Hurtado, meilleur buteur du championnat, manque complètement son penalty. Il ne reste que 10 minutes à jouer. C'est la fin pour les Rayados qui finissent à dix. Et s’écroulent de désespoir au coup de sifflet final.

Après la finale perdue à la dernière minute en 2016 face à Pachuca, Monterrey subit une humiliation face au grand rival dans son propre stade. Hurtado, Carlos Sánchez, Basanta ainsi que le coach Mohamed vivront pendant longtemps avec le souvenir de cette finale gâchée dans un Clasico regio alors que le trophée leur tendait les bras. Pour le club, c’est beaucoup d’argent investi pour finalement aucun trophée local en 7 ans. Pas assez pour un public qui a soif de reprendre les rênes de la ville.

Les Tigres, "nouvel historico" ?

Pour les Tigres, la hargne de la défense - notamment le vétéran Juninho et le portier Nahuel Guzmán – ainsi que la qualité des buteurs Valencia et Vargas auront été prépondérantes. Les grands médias français auront beau titrer « Gignac fait gagner la Liga MX aux Tigres », mais ce sont bien les deux sud-américains qui ont tenu à bout de bras l'attaque auriazul. Oui, le Français est un taulier et reste le joueur préféré du peuple du Volcán. Mais durant ce tournoi, il aura joué davantage en soutien et laissé son costume de buteur aux nouveaux arrivants, plus frais et plus tranchants. El Bomboro l’a compris ; sa grande humilité le fait jouer avant tout pour l’équipe. La force de l’ancien toulousain.

Pour lui, c’est un nouveau titre. Le 6e pour l'UANL. Les Tigres peuvent prétendre à appartenir aux clubs historiques et bousculer la hiérarchie trop sclérosée des "Cuatros historicos", formée par les Chivas, l'América, les Pumas et Cruz Azul. Club de la décennie, les Tigres ne veulent pas en rester là. Il y a un doublé à aller chercher lors du Clausura 2018. Mais surtout, le plus grand souhait de Gignac reste une Ligue des champions de la CONCACAF à accrocher au printemps. Afin de mener les siens au Mondial des clubs et de se mesurer aux champions d'Amérique du sud et d'Europe. Une tâche loin d’être irréalisable.

 

 

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).