Lors d'une double confrontation âpre et moins spectaculaire que cette Liguilla, l'expérience et sa capacité à géré les moments forts a permis à l'América de logiquement battre une équipe de Cruz Azul (0-0 ; 0-2), qui a refusé ce qui faisait sa force : le jeu.

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L'occasion d'en finir définitivement avec une réputation de loser, de vaincre enfin ses démons et de renverser vingt-et-un ans à perdre et à se faire humilier sur les pelouses aztèques, est rare pour Cruz Azul. Tellement rare, que cette belle occasion s'est muée en pression. Après un tournoi Apertura 2018 quasi parfait, conclu en tant que Superlider, Cruz Azul était parvenu jusqu'en finale de Liga MX. Mais face à la Máquina, se dressait l'ogre americanista. Une autre raison d'avoir peur. Lors de cette double confrontation disputée à l'Azteca, Cruz Azul s'est renié. Soit par peur, soit par calcul. Habitué à faire le spectacle, l'équipe a été totalement bridée. Logiquement, elle s'est incliné ; et l'espoir de vaincre une série sans titre depuis 1997 envolé.

À l'aller, l'América et Cruz Azul se retrouvent à l'Azteca. Si les groupes de supporters ont trouvé leur secteur, la majorité du stade ressemble à une enseigne Ikea, parsemée de bleu et en majorité des jaunes. Les deux équipes proposent le match le plus ennuyeux de ces play-offs. Les golazos et les belles séquences de jeu entrevues en quarts et demies ont disparus au profit d'un ennui tactique lié à la pression du résultat. Notamment côté Cruz Azul, qui se sait attendu. La pression du Superlider, la pression d'un club historique qui se cherche et qui sait que les railleries vont tomber en cas de défaite. En première période, sur coup de pied arrêté, les Cementeros parviennent à trouver des solutions, mais sur une tête de Domínguez, le portier de l'América Agustín Marchesín réalise une superbe parade (10'). L'Argentin se retrouve à nouveau face à un attaquant celeste, mais Méndez ne parvient pas à piquer son ballon (21'). En seconde période, les Águilas répondent. Mais la frappe de Mateus Uribe, sur un centre de son compatriote colombien Roger Martinez, fini dans les mains de Jesus Corona, le gardien cementero. En fin de match, sur une balle anodine relancée on ne sait comment, Cauteruccio réussi à transmettre à Edgar Méndez. Sa frappe heurte le poteau gauche, avant de mourir à l'extérieur (92'). La chance de Cruz Azul, qui joue ce match comme visiteur, est passée (0-0). De son côté, ce nul arrange l'América. Car plus le temps avance et plus les joueurs de Miguel Herrera sont à même de gérer ces moments tendus.

Le retour trois jours plus tard, toujours à l'Azteca est tout aussi serré, bien que plus animé. L'América domine, tandis que Cruz Azul attend. Les deux équipes se jaugent et Caixinha, le coach portugais de la Máquina ne sait pas par quel bout prendre cette rencontre. De son côté, le Piojo Herrera joue la montre. Sur une touche longue, Edson Álvarez se retrouve seul et frappe dans le petit filet extérieur (39'). Comme un signe pour ce qu'il va arriver. C'est peut-être le meilleur joueur du tournoi qui va commettre l'erreur fatal. Sur une relance de son gardien Corona, Ivan Marcone contrôle mal le ballon. Peralta récupère, transmet à Álvarez, encore lui, resté aux avants postes après une action. Du pied gauche, le milieu défensif enroule et trouve le petit filet (0-1, 51'). C'est la folie dans l'Azteca parsemé de bleu et de jaune. La tension monte d'un cran. Caixinha ne peut pas rester les bras croisés et se doit de réagir. Mais ses changements ne sont pas assez risqués. Renato Ibarra est à deux doigts de mater le match, mais Corona veille parfaitement (65'). Mais le coup de grâce arrive. Sur un long dégagement de Marchesin, Cecilio Domínguez se retrouve sur le côté droit. Sa frappe déviée par Corona arrive dans les pieds d'Álvarez. C'est la nuit d'El Machin. Le jeune espoir crucifie Cruz Azul, et éteint la moitié du stade. Le treizième titre de l'América est scellé. Les azulcremas redeviennent l'équipe la plus titrée du pays devant les Chivas. Une bonne raison de se faire haïr davantage, comme ils aiment bien le proclamer. Cruz Azul n'a que ses yeux pour pleurer. Et pour observer derrière soi ce qu'il faut garder, car le tournoi a été bon. Et pour regarder loin devant : le prochain trophée semble loin, très loin.

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).