Les fêtes ne sont pas encore finies au Mexique que le championnat reprend déjà : le format du tournoi régulier et des play-offs font de la Liga MX l’un des championnats les plus chargés. Revue des forces en présence, à l'orée du Clausura 2019. Un tournoi décisif pour de nombreux Mexicains qui vont devoir faire leurs preuves avec l’arrivée de Gerardo Martino à la tête de la sélection.

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Les favoris

Monterrey

Sorti au stade des demi-finales début décembre, Monterrey semble armé pour que le Clausura 2019 soit enfin le sien. On parle là de l’équipe la plus régulière lors des tournois, et qui reste sur des demis ou des finales perdues. Diego Alonso est à la tête de l’équipe depuis six mois et il semble avoir pris la mesure de l’équipe. Au niveau offensif, Monterrey a recruté Ángel Zaldívar (Chivas). Ce n’est pas le meilleur buteur, mais peut-être l’un des meilleurs attaquants d’appoint, dans le style de Roberto Firmino. Le duo avec Rogelio Funes Mori peut faire mal. Surtout, l’arrivée de l’international argentin Maxi Meza (Independiente, 15 millions de dollars) et d’Adam Bareiro (Club Nacional, 3 millions de dollars) peuvent changer la donne. Ils font des Rayados un favori.

Tigres

Les Tigres ont peu recruté. Les rumeurs ont avant tout alimenté la case départ. Enner Valencia et Eduardo Vargas ne semblent pas satisfaits de leur statut et aimeraient partir. En défense, le départ du vieux capitaine Juninho risque de se faire sentir, même si El Tuca Ferretti va compter sur Fernando Meza pour le suppléer, et pourquoi pas Jorge Torres Nilo. Les Tigres restent une machine dangereuse, forte d’internationaux et de joueurs expérimentés. Mais la quête de la CONCAChampions va leur faire laisser des plumes. Les coéquipiers de Gignac auraient intérêt à rapidement boucler la qualification en Liguilla, contrairement au dernier tournoi, où ils ont finalement été sortis dès les quarts par les Pumas.

América

C’est simple, le champion n’a pas fait de mouvement lors de ce court mercato. Seul le départ probable de Diego Lainez (Ajax Amsterdam, on parle d’une dernière offre de 15 million d’euros) pourrait changer la donne. L’ailier paraguayen Cecilio Domínguez est donné partant, mais cela dépendra du futur de l’espoir mexicain. Avec le retour de Jérémy Ménez de blessure, les Águilas ont aussi de la réserve. L’ambition est la même chez les joueurs, le coach Miguel Herrera et le club le plus aimé et le plus détesté du pays : gagner, encore et toujours. Un doublé serait loin d’être une incongruité. 

Ils se sont renforcés

Chivas

C’est probablement l’équipe qui avait le plus besoin de se renforcer après une année 2018 à oublier. Même le titre de CONCAChampions 2018 acquis en avril, on ne sait vraiment comment, n’a pas égayé les chivahermanos puisque le voyage aux Émirats pour la Coupe du Monde des Clubs n’aura été qu’un purgatoire. L’équipe s’est solidifiée à plusieurs postes, après s’être rendue compte que compter sur le seul centre de formation n’était pas la meilleure idée. En défense, l’expérimenté Hiram Mier (Querétaro, ex-Monterrey) est arrivé. À la récupération, l’international Jesús Molina (Monterrey, 3 millions de dollars) vient renforcer un secteur délaissé depuis le départ du Gallito Vázquez il y a un an, et à la création, on compte sur Dieter Villalpando. Devant, la jeunesse d’Alexis Vega (Toluca, 9 millions de dollars) et la taille de Luis Madrigal viendront combler le vide créé par le départ de Zaldivar et le niveau d’Alan Pulido. Quoi espérer ? Lorsqu’on s’appelle Chivas, la Liguilla est le strict minimum. L’équipe est capable de bien mieux que cela.

Cruz Azul

Cruz Azul ne baisse pas les bras depuis sa nouvelle finale perdue face à l’América, après avoir fait la course en tête lors du tournoi Apertura 2018. La Máquina a décidé de se renforcer à chaque étage. Au milieu, pour épauler le meilleur récupérateur du Mexique, le Péruvien Yoshimar Yotún (Orlando, 4 millions de dollars), plaque tournante de sa sélection, par qui tous les ballons passent. Pour orchestrer le tout, Orbelín Pineda (Chivas, 12 millions de dollars), qui viendra compléter la création, déjà l’œuvre de Roberto Alvarado. Un ailier en plus est arrivé, en la personne de Jonathan Rodríguez (Santos Laguna, 4 millions de dollars). Bref, sans perdre ses meilleurs éléments, Cruz Azul renforce son XI et surtout ajoute de nouvelles cartouches à son banc, son défaut lors de la Liguilla. Assez pour enfin décrocher un titre ?

Pachuca

Après avoir manqué sa fin de tournoi et donc la qualification, Pachuca va tenter une nouvelle fois de jouer les troubles fêtes. Et de miser sur la jeunesse, encore et toujours. Si le milieu Victor Guzmán, 23 ans, véritable révélation de l’année, reste un semestre de plus, il peut vraiment être l’homme providentiel pour un bon Clausura. Et Pachuca peut toujours compter sur ses autres jeunes, ainsi que sur sa recrue phare, Victor Dávila (Paraguayen de Necaxa pour 12,1 millions de dollars). Mais le club a aussi recruté des joueurs expérimentés comme l’ancien ailier des Pumas Ismaël Sosa (Tigres, 6 millions de dollars) et enregistre le retour au Mexique du Colombien Edwin Cardona, qui après avoir échoué à Monterrey, n’a pas convaincu à Boca Juniors. Une équipe bien plus redoutable.

Ils se sont affaiblis

Santos

Les Guerreros ont donc perdu Djaniny Tavares et Carlos Izquierdoz cet été, ils perdent Rodríguez cet hiver parti à Cruz Azul. Jesus Isijara et Osvaldo Martínez sont partis à l’Atlas sans être remplacés. Le peu utilisé Bryan Rabello est parti en prêt aux Lobos. Seule arrivée notable, celle du bon numéro 10 Diego Valdés (Morelia, 6,9 millions de dollars). Bref, une stratégie peu compréhensible pour le champion du dernier Clausura.

Querétaro

C’est simple, les Gallos blancos ont perdu leurs trois meilleurs joueurs. À commencer par Thiago Volpi, l’un des meilleurs gardiens du tournoi, parti on ne sait pas pourquoi en prêt à São Paulo (il veut tenter de rejoindre la sélection brésilienne plus facilement). Derrière, Hiram Mier est parti aux Chivas Guadalajara et devant, le goleador Camilo Sanvezzo, trentenaire, est parti pour l’Égypte. Pas de réel remplaçant pour ces joueurs. L’un des fers de lance du club risque d’être le très jeune Marcel Ruiz (18 ans, numéro 10). Encore du boulot donc pour Rafael Puente, le jeune coach, qui avait fait des miracles avec les Lobos et qui a réussi à qualifier son club pour la Liguilla en novembre. Une sacrée performance qui lui sera difficile de réitérer. Avant de bouger vers un grand club ?

La descente : Veracruz déjà presque condamné

Les Tiburones sont à la traîne. Querétaro a fait un bon Apertura 2018 et s’est éloigné de la descente, tandis que les Lobos, qui avaient dû payer en juillet dernier une forte somme à la Ligue le fait de rester en première division, sont repartis de zéro. Leur dernier tournoi a été correct et ils ont déjà pris de l’avance sur Veracruz. Les Tibuones devront donc réaliser un Clausura 2019 parfait, avec une qualification en Liguilla, pour éviter la descente (ou bien payer sa place en Liga MX). Ils en sont à 75 points sur les trois dernières années, loin des 95 de l’avant-dernier au classement du Descenso, Puebla. Ce sont donc vingt points de différence alors que cinquante-et-un points sont attribuables. Vu que les Lobos n’ont qu’un tournoi enregistré, leur Cociente est encore bas. S’ils engrangent 15 points, Veracruz en aurait besoin de 30, soit terminer leader ou dauphin. Une mission impossible. Mais il se murmure que le club préfère terminer dernier et payer la permanence en Liga MX, plutôt que d’investir sur le mercato dans des joueurs… Le Descenso fait décidément le charme du football mexicain.

Ailleurs

Le Clausura 2019 est aussi le reflet de l’inflation qui touche la Liga MX. Alors qu’un transfert coûtait en moyenne 1.7M$ il y a cinq ans, cette année, la moyenne est fixée à 7.5M$. Alors si certains comment les Pumas ou les Monarcas ne bougent pas véritablement, d’autres continuent de tout changer. C’est le cas de l’Atlas qui modifie toutes ses lignes après un Apertura totalement raté (seul Veracruz a réussi à faire pire). On suivra avec attention l’évolution d’Anderson Santamaría, l’arrivée de Jorge Segura et du trio Osvaldo Martínez, Jesús Isijara et Darío Burbano au milieu en espérant pour eux qu’ils ne tomberont pas dans la piège de la malédiction de l’Atlas. À suivre aussi León qui va devoir apprendre à vivre sans Mauro Boselli parti rejoindre le Corinthians, Toluca, qui s’offre deux renforts offensifs intéressants avec Felipe Pardo et Emmanuel Gigliotti ou encore les Lobos de Paco Palencia qui continue de redessiner son effectif essentiellement à base de prêts. Plus discret, Necaxa, Tijuana et Puebla semblent promis à un tournoi plutôt anonyme.

Programme J1

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Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).