Retour du quotidien du championnat au Mexique. Alors que les clubs se montrent pour la plupart bien calmes, les coulisses nous offrent un pur moment de folklore aztèque. Mais pas vraiment celui que l’on aime.  

banlomag

Cette nuit, la Liga MX reprend ses droits. En mai, l’Atlético San Luis s’est adjugé le seul billet pour la première division, où Veracruz a terminé bon dernier perdant ainsi sa place en Liga MX. Mais il en est autrement : le système mexicain est ainsi fait que Veracruz a pu racheter sa place dans l’élite, qui hébergera donc dix-neuf clubs avec San Luis. Mais ce serait trop simple… un autre nouveau, Juarez, remplace la franchise des Lobos de la BUAP. Un beau bordel comme le Mexique sait le faire.

Petits arrangements entre amis

C’est pourtant simple. Le champion de Liga de Ascenso – en l’occurrence l’Atlético San Luis – monte en Liga MX, et le dernier du classement au pourcentage, qui décide de la descente en prenant en compte les résultats sur six tournois (trois ans) – en l’occurrence Veracruz – descend. Mais au Mexique, dans la société comme dans le foot, on peut s’arranger. Même si on a fini avec le pire score de l’histoire du championnat mexicain, soit 0 points à la fin d’un tournoi.

Sur le terrain, Veracruz a bien gagné quatre point, mais ils lui ont été retiré pour ne pas avoir payé les droits de formation d’un joueur à un club uruguayen, en 2017. Depuis plusieurs saisons, la gestion calamiteuse de Fidel Kuri – insultes envers le corps arbitral, non-paiement des salaires – augurait d’une descente promise aux Tiburones rojos. Mais avant même l’officialisation de la rétrogradation du club, Kuri avait prévenu : il n’aurait aucun problème à payer « l’amende » de 6 millions d’euros réclamée par la Liga de fútbol profesional (LFP), stratagème qui n'apparaît pourtant pas dans ses statuts. Veracruz a donc gagné le droit de défendre une nouvelle fois ses couleurs en Liga MX, après une espèce de pot-de-vin officiel et un mercato où encore une fois, la moitié de l’effectif a été renouvelé.

18-1+0+1+1=19

Evidemment, le billet gagné par l’Atlético San Luis au terme de la Liga de Ascenso n’allait pas lui être retiré. D’autant que le club rojiblanco appartient à hauteur de 51% à son homonyme de la capitale espagnole : l’Atlético de Madrid. Le club colchonero a racheté il y a quelques années la franchise du San Luis FC tombé dans les abysses, pour en faire une succursale aux mêmes couleurs rouge et blanche et au même nom : l’Atlético. Il aurait été dangereux pour la Liga MX de vexer le puissant club espagnol venu investir en terres aztèques, comme l’an dernier avec le modeste club de Tapachula, vainqueur surprise de l’Ascenso 2018. Tant pis, le championnat se jouera donc à dix-neuf clubs.

Mais cette année, un autre pensionnaire de deuxième division a pu monter : il s’agit du FC Juárez, club fondé en 2015 sur les cendres des Indios, l’ancien club de la ville frontalière de celle d’El Paso, aux États-Unis. Ce n’est donc pas un club si neuf puisqu’il peut s’appuyer sur le soutien des supporters des Indios. Mais comment Juárez a-t-il pu gagner son billet en Liga MX ? Tout simplement par l’achat de franchise, très courant dans le football mexicain, où l’argent fait clairement le bonheur. Mi-juin, la LFP a annoncé que l’Assemblée général des clubs avait accepté la substitution du certificat d’affiliation des Lobos de Puebla par celui de Juárez. Plus clairement, le club du Nord a pu acheter sa place, contrairement aux Lobos.

América, Monterrey et Tigres favoris

Un club de Liga MX disparu, un autre finalement maintenu, deux clubs d’Ascenso promus. C’est la magie du football mexicain. Dans ce joyeux bordel où seul l’argent compte, les gros clubs ont, eux, fait preuve de stabilité et les mouvements sont finalement assez peu nombreux chez les géants : l’América a bradé aux Chivas Oribe Peralta, son buteur des dernières années dont on doute de la capacité à rebondir chez l’ennemi juré. Et les Águilas ont remplacé les partants, embauchant Leonel López de Toluca pour remplacer Edson Álvarez (on l’annonce à l’Ajax pour 17 millions d’euros) et attirant Giovani dos Santos comme seule folie. Monterrey et les Tigres, n’ont pas bougé leur effectif (aucune arrivée, un départ chacun). Derrière, on suivra avec attention le deuxième tournoi complet de Nacho Ambriz, prolongé de deux ans à la tête de León, beau finaliste du Clausura, les Diablos Rojos de Toluca sauce La Volpe, les Pumas de Michel ou encore le Pachuca de Palermo. Autant de candidats à la Liguilla mais qui ne semble pas s’être suffisamment armés pour empêcher les trois ogres que son América, Tigres et Rayados d’être les seuls candidats au titre d’un Apertura 2019 qui commence dès cette nuit.

Le programme

mxj1

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).