Après avoir perdu l’aller 4-0, les Pumas ont renversé la vapeur dans leur Estadio Universitario (4-0), se qualifiant grâce au classement général. En face, se dresse la meilleure équipe et favorite de cette édition du Guard1anes 2020, le Club León.

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Ce ne sera donc pas l’année de la COVID-19. Pourtant, tout indiquait que lors de l’une des pires années de l’époque moderne, l’année où Liverpool gagnait enfin un titre de champion d'Angleterre, où Alianza Lima descendait en deuxième division péruvienne, Cruz Azul, le club qui avait donné naissance à un verbe au vocabulaire mexcain - cruzazulear, signifiant « perdre tout de manière incongrue et inespérée alors que le succès te tendait les bras », allait inverser la tendance. Et pourtant, Cruz Azul a réussi à se faire renverser en demi-finale de Liguilla. Après avoir remporté le match aller 4-0 de manière spectaculaire, Cruz Azul a fini par s’effondrer, perdant face aux Pumas, autre club de la capitale 4-0.

Tout avait pourtant bien commencé lors de cette double confrontation ; cela fait déjà plusieurs mois que le terme cruzazulear avait disparu du paysage footballistique mexicain, tant la Máquina avait appris à gagner de manière solide, devenant un candidat sérieux au titre. Lors de l’aller, Cruz Azul était même parvenu à mener 3-0 dès la 12e minute, après un but de renard de Roberto Alvarado (2e), une frappe incroyable de Rafael Baca en lucarne des trente-cinq mètres (8e) et une belle frappe de Luis Romo (12e). Ce but était le plus symbolique : après avoir heurté le poteau, le ballon est entré dans les cages. En temps normal, pour Cruz Azul, ce genre d’action finissait toujours du mauvais côté pour la Máquina. En toute fin de match et sur un contre, Romo enfonçait le clou, 4-0 après un match où finalement, Pumas aura obtenu presque autant d'actions chaudes (95e). C’était sans compter sur la légende du Cruz Azul, habituée à se saborder lorsque le succès lui temps les mains. Sans compter aussi sur la rage, la « garra puma » des universitaires de la ville de Mexico, plus remontés par la volonté de se racheter que par un véritable jeu de passes.

Les félins ont abordé de manière adéquate le retour sur corner alors que Robert Siboldi laisse le gardien remplaçant, Jurado, engranger du temps de jeu en vue de la Ligue des Champions de la CONCACAF. Les Pumas ouvrent d’abord le score grâce à un but de filou de Juan Dinenno, peut-être le meilleur attaquant du tournoi (2e). Puis Cruz Azul a contrôlé, montrant la supériorité de son effectif. Mais avant la pause, Dinenno sur une belle action de Juan Inturbe (37e) puis Carlos González en contre, ont donné l'espoir à tout le peuple universitario. Avant que Juan Vigón, après une deuxième période marquée par l’antijeu de la Máquina et les errements de Pumas, sur un ballon tombé du ciel, ne vienne crucifier Cruz Azul, qui scellait ainsi sa cruzazuleada (89e). Après cette nouvelle déroute, Cruz Azul est probablement le club le plus maudit de l’histoire du football professionnel : ce club historique n’a pas gagné de titre depuis 1997. Une éternité à l’échelle du foot mexicain (une histoire à lire dans le neuvième numéro de notre magazine). De son côté, Pumas n’est pas le plus talentueux, mais cet effectif de gamins aura été le plus cohérent et le plus généreux. Le tournoi Guard1anes est déjà une réussite même si les hommes de Lillini ont leurs chances dans ce duel de félins.

León grand favori

En face, se dresse le leader du tournoi qui va finalement affronter son dauphin. Mais l’écart est plus important qu’on ne le croit. La Pandilla a fini le tournoi avec une seule défaite, comme Pumas, mais avec une avance confortable et quarante points. Surtout, le jeu offensif prôné par Ignacio Ambriz est le plus beau pratiqué en terres aztèques ; cette aisance technique et ses joueurs virevoltants comme l’attaquant Ángel Mena et le meneur Luis Chapito Montes place les Panzas verdes comme les grands favoris de cette finale, de la même manière qu’ils étaient les favoris du classement général au début du tournoi. Le billet pour la finale a été obtenu face aux Chivas de Guadalajara. Certes, le score est étriqué, avec un nul à l’extérieur 1-1 puis une courte victoire à domicile 1-0, grâce à un survivant, le Costaricien Joel Campbell. Mais León possède la maîtrise, un entraîneur d’expérience et joueur, ainsi que les joueurs nécessaires à l’obtention du titre de champion.

Depuis l’été 2018, aucune autre équipe mexicaine n’a remporté autant de points que la Fiera au classement général. D’ailleurs, les deux clubs ont sept titres à leur palmarès. Dimanche prochain, après le retour à León, l’une des deux équipes aura forcément obtenu sa huitième étoile. Le duel entre León et Pumas annonce donc une finale féline excitante et offensive. Les hommes d’Ignacio Ambriz sont largement favoris, mais la rage du puma pourrait bien empêcher León de lui passer devant.

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).