Dans la chaleur du Kempes, Lanús, qui partait favori sur le plan de l’expérience, est tombé face aux vagues blanches d’un Defensa y Justicia, magnifique machine à jouer et d’une redoutable intelligence tactique. El Halcón décroche le premier titre de son histoire en même temps que la philosophie Hernán Crespo triomphe.
On s’attendait à un match ouvert au Kempes de Córdoba, une sorte de remake de la demi-finale ayant opposé l’habitué des compétitions continentales, Lanús, à Vélez. Car comme au tour précédent, le Granate faisait face à un adversaire habitué à imposer son jeu, à ne faire qu’attaquer. Qu’importe que son expérience à ce niveau soit nulle, Defensa y Justicia disputait sa première finale continentale pour son vingt-neuvième match de compétitions de la CONMEBOL, la bande à Crespo sait s’appuyer sur une identité de jeu, la devise de son coach. Une identité qui lui donne une confiance et une sérénité à l’heure d’aborder les grands rendez-vous qui lui confère un avantage certain.
Et si le Granate s’est procuré la première incursion, le premier acte est rapidement passé sous contrôle des blancs de Florencio Varela. La défense à trois installée, un milieu de terrain qui sait occuper les espaces et s’adapter à l’adversaire, il n’a pas fallu bien longtemps pour que les 4-4-2 de Zubeldía, avec De la Vega et Vera dans les couloirs, se retrouve piégé à son propre jeu, Defensa trouvant alors, notamment par Enzo Fernández, des lignes de passes au cœur du jeu. La première occasion réelle venait d’ailleurs d’une passe du pibe formé à et prêté par River pour la machine à scorer, mais aussi à prendre les bons espaces, Braian Romero. Mais la frappe du goleador fuyait le cadre. Les minutes défilaient et la domination de Defensa y Justicia contraignait le Granate à devoir se battre pour essayer de poser le pied sur le ballon. À dix minutes de la pause, après un corner un temps repoussé, el Halcón posait une nouvelle offensive, Romero combinait avec Pizzini, qui délivrait un amour de talonnade, le centre de l’avant-centre était récupéré d’un tacle par son compère de l’attaque, Walter Bou, qui pouvait servir Adonis Frías, resté en pointe alors que l’un des trois défenseurs du club. Defensa y Justicia virait ainsi logiquement en tête à la pause.
Débordé, Luis Zubeldía changeait son fusil d’épaule à la pause. Oublié le 4-4-2, place à un 4-3-3 décalant Orsini dans le couloir droit, De la Vega à gauche et Vera en meneur de jeu. Cela fonctionnait un temps, la prise en individuelle de Vera sur Fernández contribuant notamment à priver DyJ de possibilité de poser son jeu. Mais au plus haut du temps fort de Lanús, le Granate se tirait une balle dans le pied lorsqu’Alexis Pérez envoyait une horrible passe en retrait vers Lautaro Morales, n’ayant pas vu Romero. La machine à but pouvait frapper, plaçait son ballon au-dessus du portier adverse et l’accompagnait au fond des filets pour le 2-0 qui tuait le match à l’heure de jeu. La suite n’était que contrôle des blancs de Crespo. Celui-ci allait même jusqu’à faire entrer Washington Camacho, attaquant, à la place de Frías, défenseur, Camacho allait sceller définitivement le score du match en marquant dans les arrêts de jeu le but d’un 3-0 net et sans bavure, démonstration logique de la magnifique leçon tactique passée par les hommes de Crespo à ceux de Zubeldía. Qu’importe les renouvellements systématiques d’un effectif constitué en majorité de joueurs prêtés, Hernán Crespo démontre qu’en s’appuyant sur l’ADN d’un club et en instillant une véritable identité de jeu, un petit club d’un quartier du Sud de Buenos Aires peut renverser des montagnes.
Photos : CONMEBOL