Pour le coup d’envoi de la Copa América 2019, le Brésil accueillait la Bolivie au Morumbi avec comme principal objectif et source de pression de ne pas se rater. Il y est parvenu dans un climat particulier.

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Guide de la compétition

Cela fait déjà deux jours que nous avons posé nos valises à São Paulo et le constat est le même : si vous n’êtes pas un initié, difficile de savoir qu’une Copa América va se tenir dans la ville. De l’aéroport aux rues, aucune marque l’indiquant, aucun maillot brésilien (ou autre) ne se promenant dans les parages. Il faut dire que pour se croiser dans la mégalopole aux douze millions d’habitants, il faut un peu de chance. Alors, on se disait que le match approchant, le frisson allait enfin parcourir les échines locales.

Vibra o Continente

Après avoir passé une partie de la journée du côté de l’hôtel des joueurs boliviens, le temps d’apercevoir certains d’entre eux passer un peu de temps avec leurs familles avant le grand rendez-vous du soir, nous pouvions nous diriger vers le Morumbi. Le temps de discuter avec notre chauffeur uber, transport numéro 1 en ville, nous descendons à deux petits kilomètres de l’enceinte du SPFC et nous fondons dans la foule. Une foule qui croit à mesure que l’on s’approche du stade, une foule évidemment massivement jaune. Les vendeurs de maillots et de drapeaux ne doivent pas assurer de grandes ventes, la très grande majorité des spectateurs se rendant au Morumbi est déjà équipée. La foule converge, plutôt silencieuse, même si quelques chants viennent rompre le calme de la procession. L’heure est alors venue d’entrer dans le stade, après une fouille très sommaire (voire conceptuelle), nous pouvons nous installer au plus près du terrain alors que les deux équipes terminent leur échauffement.

Après une cérémonie d’ouverture qui démarre de manière assez abrupte et nous offre un joyeux bazar sur le terrain, le grand moment arrive, les joueurs entrent et s’alignent devant nous. L’hymne bolivien respecté, l’hymne brésilien est magnifiquement chanté par le stade qui termine même a cappella.

On se dit alors que cela va lancer l’ambiance en tribunes. Il n’en est rien. Le coup d’envoi donné, ce que l’on pense être de la tension, de la crispation devant ses maillots blancs (sic) qui cherchent à perforer la muraille verte, entraîne une extinction du stade. Le Brésil souffre de ne pas parvenir à faire céder la Bolivie, ses supporters semblent souffrir avec lui. Les maigres tentatives de ola ne parviennent à pousser les percées de Richarlison ou de David Neres. La Seleção parvient à se procurer quelques situations dangereuses sur les buts de Lampe mais le contenu est insuffisant. Le silence fait alors place aux sifflets, les joueurs de Tite rentrent aux vestiaires à 0-0 sous une bronca qui n’incite guère à l’optimisme. Les sifflets laissent ensuite place aux applaudissements lorsque le président Jair Bolsonaro apparait au pied de notre tribune. La mascotte Zizito peut ensuite chercher à se trémousser pour bouger les foules, elle déambule sur la piste d’athlétisme dans l’indifférence générale.

Sur le terrain, la Seleção assure l’essentiel

Heureusement pour le Brésil, un penalty accordé d’entrée de deuxième acte après nouvelle intervention du VAR viendra débloquer la marque. On se dit alors que l’on va oublier les sifflets pour faire place à une foule libérée. Il n’en est rien.

Qu’importe le doublé de Coutinho, qu’importe ensuite l’entrée ne jeu parfaite d’Everton, conclue d’une merveille de but, jamais le Morumbi ne s’est embrasé pour son Brésil. Un Brésil il est vrai peu convaincant, privé de maître à jouer, avec un Roberto Firmino totalement absent sur le terrain, et qui s’en remet aux percées individuelles de ses ailiers. Un Brésil qui certes ne rassure pas dans le jeu mais s’impose 3-0 pour son match d’ouverture et s’évite tout maux de tête. Le Morumbi peut alors se vider, la marée jaune brésilienne converge vers le métro sans effusions. Réputé pour son public plus spectateur qu’acteur, le Morumbi n’a pas failli à sa réputation. Si nombreux sont ceux qui lui auraient préféré un match d’ouverture à l’Arena Corinthians réputée plus chaude, les plus de vingt-deux millions de réals de recette constituent un nouveau record et permettront au comité d’organisation de parler de succès. Et tant pis si sur les près de 67 000 places du stade, seuls 46 342 étaient occupées.

Par Nicolas Cougot et Pierre Gerbeaud à São Paulo pour Lucarne Opposée

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.