Opposés aux deux équipes présumées les plus faibles, Argentine et Chili n’avaient d’autre choix qu’une victoire pour s’installer aux commandes du groupe et se mettre en position idéale pour une place en quarts.

19 tirs contre 3, 80% de possession et pourtant le Chili n’a dû sa survie dans le groupe C qu’à un penalty totalement inexistant à la 100ème minute d’un match qui avait sombré dans l’irréel depuis bien longtemps. Au moment d’entrer sur le terrain d’un Gillette Stadium où les chaises vides étaient une fois encore bien plus nombreuses que les supporters venus assister à ce Clásico del Pacífico qui n’allaient donc pas connaître les envolées exceptionnelles de la version Copa América 2015 niveau ambiance (lire Le Prince est Roi sur ses terres). Sur le terrain, le 4-3-3 de Pizzi, avec un trio offensif Sánchez – Pinilla – Orellana, n’a fait donc qu’une bouchée d’une 5-4-1 en mode double caravane de Baldivieso. Une domination totale, un ballon confisqué d’entrée de partie mais pourtant, une seule véritable occasion à se mettre sous la dent pendant les 45 premières minutes, une frappe énorme d’Alexis Sánchez sortie sur la ligne par Edward Zenteno au prix d’un sacrifice corporel. La Roja allait pourtant enfin trouver juste récompense d’entrée de seconde période sur un nouveau ballon récupéré haut et une combinaison Pinilla – Vidal qui permettait au Rey de faire enfin trembler les filets.

On pensait alors que l’affaire était réglée, la Bolivie n’avait tenté qu’une fois sa chance dans le match, une frappe de Melean de près de 25 mètres qui avait failli tuer un des rares supporters présents dans les tribunes. Le Chili poursuivait sa domination stérile, manquant toujours autant de discernement et de justesse dans le dernier geste qu’il soit une passe ou un tir mais ne risquait alors rien. Puis l’irréel. Heure de jeu, un des rares ballons joués par la Bolivie dans le camp chilien. Jhasmany Campos de plus de 30 mètres enroulait, trajectoire exceptionnelle pour but exceptionnel. Sur sa première frappe cadrée, la Bolivie venait d’égaliser. Hold-up de l’année.

Alors le Chili reprenait sa domination, alors les occasions manquaient mais la pression redoublait. Alexis envoyait une merveille de coup-franc, Lampe se détendait pour signer l’une des parades de la compétition, l’Irréel, toujours l’irréel. Jusqu’au retourné désespéré d’Edu Vargas qui assommait totalement Eguino. Après un début de panique devant le choc impressionnant, puis les soins, des minutes interminables qui allaient s’avérer décisives. Eguino finissait par revenir sur le terrain, le match reprenait à la 94e minute avec en guise d’arrêts de jeu, 8 nouvelles minutes à disputer. L’irréel. Puis un dernier ballon, un débordement d’Alexis, un centre détourné par l’épaule de Gutiérrez et Jair Marrufo, l’arbitre américain de la rencontre, désignait le point de penalty. Pendant qu’Arturo s’offrait un doublé synonyme de victoire, la Bolivie pestait. Le mal était fait, le Chili s’impose sur le fil et dans la polémique au terme d’une rencontre qu’il aurait dû plier dès le premier acte.

Cette victoire permet aux hommes de Pizzi de revenir à hauteur de Panamá. A l’heure d’affronter l’Argentine, Hernán Darío Gómez ne bouleversait pas son organisation, se contentant de placer Gabriel  Gómez à la récupération pour densifier son milieu et éviter sans doute les espaces que l’Albiceleste avait si bien exploité en ouverture face à la Roja. Côté Tata Martino, aucun changement, Messi sur le banc, le même onze était reconduit. Tout débutait de la meilleure des manières pour l’Argentine, Otamendi exploitait parfaitement une offrande d’Ángel di María et ouvrait le score sur la première situation du match.

Scénario idéal pour les hommes de Martino pensait-on alors. Mais les Canaleros ne paniquaient pas, mieux, ils prenaient alors le contrôle du match, déroulaient leur football et peinaient seulement à se montrer véritablement dangereux, même si Romero devait se montrer vigilant sur un coup franc de Camargo. Puis le tournant du match. Déjà averti, Anibal Godoy raffutait Nico Gaitán, Joel Aguilar, l’arbitre de la rencontre, voyait rouge. A 11 contre 10, les Argentins allaient pouvoir dérouler. Ángel di María se blessait juste avant la pause (la crainte d’une déchirure est importante), cédait sa place à Erik Lamela. Au retour des vestiaires, si Higuaín manquait un face à face, faute d’une prise de décision trop lente, l’Argentine n’y arrivait finalement pas, restait sous la menace d’un contre panaméen. Mais l’Argentine a son Messi. Le Soldier Field pouvait s’embraser pour l’entrée de l’astre catalan à l’heure de jeu, 25 minutes plus tard, Leo avait tué le match. Un premier but profitant d’un ballon reçu en plein visage par Pipita, un coup franc platinien déposé dans la lucarne de Penedo puis un dernier plein axe pour la route, la Pulga s’offrait un triplé, donnait une ampleur à la victoire argentine.

Leo pouvait alors déposer un caviar dans la course de Rojo qui donnait le ballon du 5-0 au Kun, l’Argentine s’impose 5-0, profitant ainsi au maximum du retour de son sauveur. Côté Canaleros, rien n’est perdu, une victoire face au Chili offrira aux hommes de Bolillo Gómez une place en quart. Et cette fois-ci, il n’y aura pas Messi sur leur route.

 

Feuilles de match

 
Chili 2 – 1 Bolivie

Copa América Centenario – Groupe D – 2e journée

Gillette Stadium – 19 392 spectateurs

Buts : Arturo Vidal (48 et 100) pour le Chili, Jhasmani Campos (60) pour la Bolivie

Arbitre :Jair Marrufo

Avertissements : Pedro Pablo Hernández pour le Chili, Ronald Eguino, Jhasmani Campos et Walter Veizaga pour la Bolivie

Formations :

Chili : Claudio Bravo; Mauricio Isla (m.75, José Pedro Fuenzalida), Gary Medel, Gonzalo Jara, Jean Beausejour; Charles Aránguiz, Pedro Pablo Hernández, Arturo Vidal, Alexis Sánchez; Fabián Orellana (m.67, Edson Puch), Mauricio Pinilla (m.57, Eduardo Vargas). Entraîneur : Juan Antonio Pizzi.

Bolivie : Carlos Lampe; Erwin Saavedra, Ronald Eguino, Edward Zenteno, Luis Gutiérrez, Marvin Bejarano; Alejandro Meleán, Raúl Castro (m.57, Jhasmani Campos), Juan Carlos Arce (m.53, Rodrigo Ramallo), Martín Smedberg, Yasmani Duk (m.81, Walter Veizaga). Entraîneur : Julio César Baldivieso.

 

Argentine 5 – 0 Panamá

Copa América Centenario – Groupe D – 2e journée

Soldier Field – 53 855 spectateurs

Buts :Nicolás Otamendi (7), Lionel Messi (68, 78 et 87), Sergio Agüero (92)

Arbitre :Joel Aguilar

Avertissements :Felipe Baloy, Blas Pérez, Armando Cooper, Luis Henríquez pour Panamá, Augusto Fernández, Javier Mascherano et Nico Gaitán pour l’Argentine

Expulsion :Aníbal Godoy (30)

Formations :

Argentine : Sergio Romero; Gabriel Mercado, Nicolás Otamendi, Ramiro Funes Mori, Marcos Rojo; Augusto Fernández (m.61, Lionel Messi), Javier Mascherano, Éver Banega; Ángel Di María (Erik Lamela, m.41), Gonzalo Higuaín (Sergio Agüero, m.75), Nico Gaitán. Entraîneur : Gerardo 'Tata' Martino.

Panamá : Jaime Penedo; Adolfo Machado, Felipe Baloy, Roderick Miller, Luis Henríquez; Gabriel Gómez, Armando Cooper (Abdiel Arroyo, m.75), Aníbal Godoy, Alberto Quintero, Valentín Pimentel (Miguel Camargo, m.19), Blas Pérez (Luis Tejada, m.74). Entraîneur : Hernán Darío Gómez.

Photo : Jonathan Daniel/Getty Images

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.