Dernière journée à haute tension dans le groupe B avec pour l’Equateur l’obligation d’un résultat face à un Haïti déjà éliminé, pour le Brésil, l’interdiction d’une contre-performance face à un Pérou qui n’avait plus rien à perdre.

Après deux résultats nuls, l’Equateur avait son destin en main et devait s’imposer face à Haïti pour quasiment s’assurer une place dans le grand huit final. Privé de Miller Bolaños, blessé et de Gabriel Achilier, suspendu, Gustavo Quinteros ne modifiait pas son schéma général et, après avoir laissé planer l’éventualité de lancer Juan Cazares, préférait associer Jaime Ayoví à Enner Valencia. Côté Grenadiers, après le 1-7 face au Brésil, l’heure était à sauver l’honneur et Patrice Neveu donnait du temps de jeu à des joueurs en manque de terrain comme les deux « parisiens » Jean-Eudes Maurice et Stéphane Lambese.

D’entrée de partie, le scénario du match s’annonçait clairement. Devant la vitesse et l’intensité de la Tri, Haïti allait une fois encore s’apprêter à subir et s’exposait en laissant de trop nombreux espaces dans un bloc pourtant mis en place pour les limiter. Que ce soit Montero côté gauche ou Valencia côté droit, les hommes de Quinteros assiégeaient les cages de Johny Placide qui, s’il s’employait tant bien que mal à écoper, se retrouvait avec deux buts dans la musette après 20 minutes de jeu. On craignait alors une nouvelle débâcle pour les Grenadiers.

Pourtant, à la différence du match face au Brésil, les hommes de Neveu ont alors quelque peu réagi, probablement aidé par une baisse de rythme côté équatorien, commençant enfin à enchainer quelques passes, se procurant quelques situations, la plus belle restant la tête de Jérôme Mechack qui venait s’écraser sur la barre, mais finalement allait de nouveau subir. La vitesse et la verticalité des offensifs équatorien débordaient et ouvraient l’arrière garde haïtienne, le score allait inévitablement continuer d’enfler en seconde période, Noboa et Antonio Valencia ajoutant leur nom au tableau d’affichage, ce dernier profitant d’une passe de son homonyme de l’attaque pour un copier-coller du second but. L’Equateur s’impose finalement sans jamais trembler et prenait ainsi la première place du groupe avant la finale Brésil – Pérou, venant alors ajouter un zeste de pression supplémentaire sur Canarinha et Blanquirroja. Haïti quant à lui quitte une compétition dans laquelle les Grenadiers ont montré de belles choses lorsqu’ils ont décidé de jouer leur chance mais qu’ils ont plombé par manque d’ambition dans les rencontres les opposant aux deux équipes annoncées favorites ensuite.

L’heure était donc venue pour Brésil et Pérou de s’affronter pour prendre le deuxième ticket du groupe. Pour la jeune Blanquirroja de Gareca, la mission s’annonçait des plus délicates, la victoire de l’Equateur obligeait le Pérou à s’imposer face au Brésil, chose qui n’était plus arrivée depuis 1985 ! Laissant Renato Tapia, longtemps incertain, sur le banc et faisant confiance à Andy Polo à la place de Hohberg, Ricardo Gareca ne modifiait pas son plan de jeu pendant que Dunga sortait Casemiro et donnait toute sa confiance au duo de Santos Lucas Lima – Gabriel, poussant ainsi Jonas à prendre place sur le banc.

Le premier acte ne restera pas dans les annales, le Brésil montrant un semblant de jeu pendant 20 minutes avant de s’éteindre petit à petit. Mais même lors de ces 20 minutes, les occasions n’auront pas été légion, la Seleção perdant plus d’énergie à réclamer deux penalties (un duel à l’épaule sur Alves, une faute sur Lucas Lima) et se procurant finalement une seule véritable occasion, une belle frappe en pivot de Gabigol, sortie du bout des doigts par Gallese. Côté péruvien, peu de choses à se mettre sous la dent, Flores réclament à son tour un penalty sans plus de succès. Ainsi, le triste 0-0 renvoyant les deux formations aux vestiaires s’avérait des plus logiques.

En seconde période, la Blanquirroja allait montrer plus d’envie et l’entrée de Yoshimar Yotún permettait surtout à l’équipe de Gareca de trouver un équilibre qu’elle n’avait pas en première. Cueva chauffait Alisson sur coup franc mais finalement les occasions n’étaient pas légions. Jusqu’à la polémique de la soirée. Sur un débordement de Polo, Raúl Ruidíaz poussait le ballon dans les filets de la main, Andrés Cunha, l’arbitre de la rencontre, n’avait rien vu. Après la célébration péruvienne et plusieurs minutes de palabres entre arbitres, joueurs et par oreillette interposée, le but, parfaitement non valable, était accordé. Ce sera le seul but du match.

Car derrière, le Brésil se montrait incapable de réagir, ne se procurant finalement qu’une seule occasion dans le dernier quart d’heure restant par Elias dans les ultimes instants. Dunga pouvait pester, accuser la technologie et l’arbitrage de n’avoir fait son travail, la tristesse de son Brésil lui vaut finalement une élimination méritée. Une première dans l’histoire de la Seleção depuis l’introduction des quarts de finale en 1993.

Résultats

Classement

Feuilles de match

 
Equateur 4 – 0 Haïti

Copa América Centenario – Groupe B – 3e journée

MetLife Stadium – 49 438 spectateurs

Buts : Enner Valencia (11), Jaime Ayoví (20), Christian Noboa (56) et Antonio Valencia (78)

Arbitre : Gery Vargas

Avertissements : Kevin Lafrance et Roman Genevois

Formations :

Equateur :Alexander Domínguez, Juan Carlos Paredes, Arturo Mina, Frickson Erazo, Walter Ayoví, Antonio Valencia, Carlos Gruezo (Fernando Gaibor, m. 78), Christian Noboa, Jaime Ayoví (Juan Cazares, m.46), Enner Valencia (Fidel Martínez, m. 84), Jefferson Montero. Entraîneur : Gustavo Quinteros

Haïti ; Johny Placide, Stephane Lambese, Romain Genovois, Jerome Mechack, Kim Jaggy, Sony Norde, Jean Eudes Maurice, James Marcelin (Jean Alexandre, m.78), Duckens Nazón, Kevin Lafrance (Max Hilaire, m.70), Keervens Belfort (Jeff Louis, m.70). Entraîneur : Patrice Neveu.

Brésil 0 – 1 Pérou

Copa América Centenario – Groupe B – 3e journée

Gilette Stadium – 36 197 spectateurs

But : Raúl Ruidíaz (74)

Arbitre : Andrés Cunha

Avertissements : Lucas Lima et Renato Augusto

Formations :

Brésil : Alisson; Daniel Alves, Miranda, Gil, Filipe Luis; Elías, Renato Augusto, Lucas Lima; Coutinho, Willian, Gabriel (m.71, Hulk). Entraîneur : Dunga.

Pérou : Pedro Gallese; Aldo Corzo, Christian Ramos, Alberto Rodríguez, Miguel Trauco; Andy Polo, Adán Balbín (m.45, Yoshimar Yotún), Óscar Vílchez, Christian Cueva (m.90, Renato Tapia); Edison Flores (m.63, Raúl Ruidíaz), Paolo Guerrero. Entraîneur : Ricardo Gareca.

Photo : TIMOTHY A. CLARY/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.