Le football argentin a officiellement repris lors de la Supercopa Internacional remportée par Racing contre Boca, place désormais aux choses sérieuses : la Liga Profesional 2023.
Une fois n’est pas coutume, la saison argentine sera divisée en deux compétitions majeures. Le premier tournoi sera la Liga Profesional 2023 qui se déroulera entre le week-end du 27 janvier et celui du 5 août. Elle sera suivie de la Copa de la Liga (aka Binance Cup) 2023, qui débutera le week-end du 20 août. Nous aurons le temps de revenir cet été sur le format exact. En termes de spécificités, il y aura à nouveau deux clásicos lors de la saison 2023, les localités étant inversées entre la Liga et la Copa. Calendrier chargé donc, puisque les équipes disputeront au minimum 41 matches sur l’année civile. Nouveauté, il y aura (à priori, les règles en Argentine pouvant changer à tout moment, en fonction de qui elles peuvent arranger) trois relégations : les deux plus mauvaises équipes au promedios ainsi que l’équipe qui termine dernière de la table annuelle.
Les favoris
L’ère Gallardo ayant pris fin, place désormais à Martín Demichelis. L’ex-défenseur arrive en provenance de la réserve du Bayern et aura pour mission périlleuse de succéder à l’idole. Pour se faire, les dirigeants n’ont pas lésinés sur les moyens. Les Millonarios se sont renforcés comme personne d’autre dans le championnat. Premièrement, le retour de Nacho Fernández à la maison, après un passage en agridulce au Galo. Autre retour, celui de Matías Kranevitter, malheureusement blessé lors d’un amical (retour prévu fin mars). Enzo Díaz, ex latéral gauche de Talleres, arrive également pour renforcer l’effectif. Pour couronner le tout, River s’offre en toute fin de mercato Salomón Rondón, qui devrait officialiser sous peu son arrivée au club après avoir été laissé libre par Everton. Tout cela est fort prometteur, d’autant plus que Borja semble s’être mis au diapason. Du côté des départs, il y’a bien sûr la retraite de Pinola ainsi que le départ de Quintero qui ne devraient pas impacter énormément, ces derniers étant devenus des joueurs de rotations. Mercato XXL donc, qui n’est pas sans rappeler celui de l’an passé, à voir si les résultats seront cette fois-ci au rendez-vous. La présaison a laissé entrevoir de bonnes choses. Avec un effectif qualitatif et quantitatif, les résidents du Monumental sont donc les grands favoris du championnat, et un sérieux concurrent aux Brésiliens dans la course à la Copa Libertadores.
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Récent vainqueur de la Supercopa Internacional et du Trofeo de los Campeones, il est important de rappeler que Racing aurait dû être sacré champion l’année passée si La Academia avait inscrit son pénalty à la dernière minute de l’ultime journée. Auteur d’une grande année, Racing revient de nouveau avec l’objectif d’être champion. Le mercato a été assez mouvementé du côté d’Avellaneda, avec le départ de deux titulaires indiscutables : le buteur Enzo Copetti ainsi que la promesse Carlos Alcaraz. Pour compenser, Maximiliano Moralez fait son retour, Paolo Guerrero arrive et pourrait être (quid de son état de forme ?) la pièce manquante à la Gagoneta qui se procure tant d’occasions, mais peine parfois à les convertir. Le milieu de terrain Nardoni vient compléter l’effectif, en provenance d’Unión. Convaincants dans le jeu, les hommes de Gago joueront cette année la Copa Libertadores, et auront un calendrier nettement plus chargé que l’an passé. La Academia n’en reste pas moins l’une des équipes les plus intéressantes à suivre. Il faudra en revanche régler les problèmes internes entre Barras Brava, qui peuvent vite dégénérer et impacter le sportif.
On prend (presque) les mêmes et on recommence. Le champion en titre a prolongé son entraineur intérimaire, Hugo Ibarra. Et ce malgré l’élimination en demi-finale de Copa Argentina face au futur champion Patronato ainsi que la défaite en finale du Trofeo de los Campeones contre Racing. Le tout avec un fond de jeu inexistant. Toute ressemblance avec le cas Battaglia l’an passé n’étant absolument pas fortuite. Sauvé par Rossi et Langoni, el Negro devra cette année faire sans son portier. En effet, Rossi part sous forme prêt payant du côté d’Al-Nassr jusqu’en juin, puisque ce dernier a signé un précontrat et rejoindra Flamengo libre cet été. Zambrano a également été remercié suite à un énième problème extra-sportif. Du côté des arrivées, c’est très mince. Bruno Valdez, défenseur paraguayen de l’América arrive libre. Boca étant intéressé par deux défenseurs locaux, Sergio Barreto (Independiente), Lucas Merolla (Huracán) sans pour autant réussir à se mettre d’accord avec Independiente sur le prix de transfert ni avec Merolla sur le salaire. Le retour de blessure de Zeballos fera certainement du bien à des Xeneizes qui manquent terriblement d’idées. Equi Fernández, auteur d’une bonne saison en prêt du côté de Tigre, fera également du bien. Vous l’aurez compris, les bleu et or misent encore une fois sur les jeunes formés au club. Boca étant Boca, il est difficile de ne pas les mettre au rang de favoris, même si l’horizon n’est pas forcément tout bleu. Les stations-services argentines se tenant prêtes en cas de licenciement anticipé.
Les clubs à suivre
La Lepra fait peau neuve, avec l’arrivée du Gringo Heinze aux commandes. Auteur d’un bon tournoi en 2022 qui signe le grand retour des rouges et noirs en Sudamericana, cette saison sera celle de la confirmation. Le mercato a en revanche été plutôt décevant avec peu d’arrivées importantes, si ce n’est Lucas Hoyos dans les buts, ou Jorge Recalde devant, et plusieurs départs, dont celui de l’ancien portier titulaire, Ramiro Macagno, sur qui Heinze ne comptait pas. Cela n’empêche pas de faire de Newell’s un candidat aux accessits, la jeune garde prometteuse symbolisée par les Ramiro Sordo et autre Brian Aguirre pouvant faire des étincelles sous les commandes du Gringo. Autre formation à suivre et qui mise souvent sur sa jeunesse dorée : Argentinos Juniors, le club de l’éternel recommencement. Gabriel Milito étant habitué à se faire piller à chaque mercato, el Bicho n’en reste pas moins performant, avec un jeu agréable, son entraîneur ayant même prolongé jusqu’en 2027 et vise encore les accessits malgré un effectif encore très bousculé. Attention également au calendrier chargé, puisqu’ils disputeront la Copa Libertadores.
Longtemps présent lors de la course au titre, stoppé par l’éternel rival lors du clásico, le Globo tentera de reproduire sa très bonne saison 2022. Qualifiés à la Copa Libertadores, ils devront toutefois faire sans leur facteur X, Franco Cristaldo, vendu au Grêmio et peut-être sans Merolla. Juanchón García est la seule recrue de poids du côté de Parque Patricios, le Huracán de Diego Dabove semble cependant affaibli au moment de se présenter sur la ligne de départ. Son ennemi héréditaire, San Lorenzo navigue entre deux eaux. Le Ciclón avait très mal commencé son année, Insua a parfaitement relevé la barre puisque San Lorenzo a terminé à la sixième place du championnat. Il faudra tout de même faire sans la légende Néstor Ortigoza, qui a pris sa retraite, c’était écrit, sur un but sur pénalty lors de la dernière minute de son ultime match, et sans une autre légende, Sebastián Torrico, qui a également rangé les gants à l’issue de la saison. Le club de Boedo tentera cette année de retrouver la place qui est sienne, à savoir décrocher une place continentale.
Reste enfin Tigre où Diego Martínez a prolongé, et c’est une excellente nouvelle. Finaliste de la Copa de la Liga 2022, le club de Victoria a su proposer un jeu léché et avec des résultats. Retegui, le meilleur buteur de l’année 2022 reste au club. Colidio également. Blondel, pourtant sur le départ, semble également être parti pour rester. De quoi nous offrir une belle saison, au moins jusqu’à cet été...
Ils doivent retrouver leur place
Les cas Independiente et Vélez sont très particuliers. Ces deux géants, tombés dans les abysses du classement, ne cessent de creuser. Les deux clubs souffrant de problèmes extra-sportifs, d’une commission directive douteuse (qui a changé du côté du Rojo, mais qui ne semble guère mieux). Les résidents du Fortín sont amputés de plusieurs pièces importantes : Máximo Perrone vendu à City, Luca Orellano vendu au Vasco et Emanuel Insúa s’en va libre. L’avenir de Santiago Cáseres semble également incertain. Le Cacique Medina, très discuté par les supporters du club, reste pour le moment à la tête du Titanic de Liniers et se retrouve à la tête d’un navire qui semble avoir surtout été abandonné par quelques-uns de ses meilleurs marins, s’en remettant désormais en grande partie sur le talent de ses jeunes. À Avellaneda, ce fut le grand ménage. Les diables rouges ayant recrutés douze joueurs et vu partir treize autres. Parmi les gros noms, on notera les départs de Sebastián Sosa, Lucas Romero, Juan Manuel Insaurralde, Leandro Fernández ou encore Leandro Benegas. Du côté des arrivées, le vétéran Martín Cauteruccio arrive accompagné de quelques coups intéressants tout de même sur le papier : Rodrigo Rey dans les buts, Mauricio Cuero en attaque par exemple. Reste que la mission reconquête est confiée à un novice, Leandro Stillitano, ancien adjoint d’Ariel Holan (à Independiente) et de Gustavo Quinteros.
Ailleurs...
Estudiantes a quand même obtenu une qualification en Sudamericana malgré une Liga 2023 désastreuse (sauvé par la Copa de la Liga) qui a vu el Ruso Zielinski s’en aller. Les Pinchas seront dirigés par un grand nom du football argentin, Abel Balbo, qui débarque au club après une expérience plus ou moins intéressante à Central Córdoba, et s’offrent deux retours : celui Santiago Ascacíbar, dont la carrière européenne n’a finalement jamais décollé, et Guido Carillo de retour d’une pige chinoise sans grand relief. La Plata toujours, Gimnasia a été dans la course au titre pendant longtemps mais -victime de soucis financiers – perd son entraineur, son dernier rempart et son meilleur joueur, Alemán, qui file à Banfield, ainsi que plusieurs autres joueurs clés. Autant dire que la mission confiée à Sebastián Romero s’annonce des plus compliquées.
Du côté de la Zona Sur justement, Lanús pourra difficilement faire pire que l’an passé, Banfield également. Tous deux devront cependant faire à attention à ne pas sombrer sous peine de voir poindre le danger de la B. Le premier voit Kudelka maintenu à son poste après un tournoi désastreux et sujet à bien des critiques des hinchas granates et fait le grand ménage avec une bonne douzaine de départs (sans compter les fins de prêt) et quelques arrivées sans grand relief. Le second est aussi sujet à des grands mouvements mais réussi aussi quelques coups très intéressants comme Brahian Alemán donc mais aussi Eric Remedi ou encore Emanuel Insúa. À suivre également le Defensa y Justicia, club toujours intéressant à suivre pour sa philosophie de jeu malgré son habitude à n’être qu’une transition dans la carrière des joueurs, les jeunes venant s’aguerrir, les plus « anciens » relancer leur carrière. On y suivra tout de même Agustín Sant’Anna, vainqueur du Sudamericano 2017 avec l’Uruguay. Arsenal est passé proche de l’abysse, il sera encore plus difficile d’y échapper cette année avec une saison qui débute à la 26e place de la table des promedios. Carlos Ruiz sera chargé de sauver ce qui peut l’être alors que son adjoint, Luca Marcgiuseppe est parti à quelques jours du début du tournoi. Enfin, au nord de Buenos Aires, Platense jouera également le maintien, mais le Calamar peut être une belle attraction avec notamment l’arrivée de Martín Palermo sur le banc et plusieurs coups intéressants sur le terrain comme Franco Díaz, prêté par Vélez, Ramiro Macagno (prêté par Ñuls) et Ignacio Arce.
À Rosario, Central change d’entraineur, Carlos Tévez ayant claqué la porte pour laisser place à un Miguel Ángel Russo qui ne rêve que d’un retour du Fideo mais qui aborde l’année de manière pas très serein, devant fuir les places dangereuses au promedio sans réelles arrivées de poids (même si Alan Rodríguez, venu du Cerro Porteño, pouvant être intéressant) et sans la promesse du club, Facundo Buonanotte, déjà envoyé en Premier League. Avec la promotion de Belgrano (Champion de la B, auteur d’une excellente saison) et d’Instituto, Córdoba s’offre cette année les trois gros clubs de la ville en première division, de quoi nous assurer de beaux clásicos. Les Piratas dirigés par une légende locale, Guillermo Farré, plus de trois cents matchs avec le club, ajoutent de l’expérience à leur effectif avec les arrivées de deux joueurs de MLS, Erik Godoy et Franco Jara, et un de Liga MX, Matías García. Instituto pioche pour sa part au Paraguay et attire un attaquant aguerri à la Primera, Lucas Albertengo. Enfin, Talleres voit Javier Gandolfi refuser le poste d’adjoint de Demichelis à River et pouvoir s’appuyer sur de jolis coups sur le marché des transferts, comme Nahuel Bustos, David Salazar, Valentín Depietri ou Ramón Sosa, autre départ important du Gimnasia.
À Santa Fe, on suivra l’évolution de l’Unión de Gustavo Munúa, le retour au pays de Luciano Aued et l’évolution de Thiago Vecino, prêté par Liverpool alors que côté Colón, Marcelo Saralegui poursuit l’aventure et doit faire face à plusieurs départs. À Mendoza, Godoy Cruz perd son joueur clé, Martín Ojeda. Horrible à voir jouer, mais très efficace, el Tomba s’est toutefois écroulé en fin de championnat et on n’en attendra pas grand-chose cette année. Tout au nord, l’Atlético Tucumán avait longtemps en position de gagner la Liga, emmené par les performances folles d’un Carlos Lampe désormais parti avec toute une cohorte de joueurs ayant animé le dernier championnat qui a vu le Decano s’écrouler en toute fin au point de se retrouver sans compétition internationale. À voir si Lucas Pusineri continuera sur ce rythme. À Junín, Israel Damonte a prolongé son contrat après avoir dirigé Sarmiento la saison dernière et convaincu ses dirigeants. Il renforce son groupe avec l’expérience d’un Juan Manuel Insaurralde et s’offre deux dernières arrivées intéressantes, Lucas Melano et José Devecchi, mais la question de savoir si cela sera suffisant pour se maintenir reste ouverte. Enfin, du côté de Santiago del Estero, Central Córdoba nomme Leonardo Madelón pour tenter également de survivre mais signe sans aucun doute LE recrutement coup de cœur du début d’année avec el Pulga Rodríguez. Reste enfin le cas Barracas Central, dont le recrutement est constitué à 95% de prêts, mais pour qui la seule question sera de savoir si le VAR lui est toujours aussi favorable…
Programme de la première journée
Avec Nicolas Cougot